Rolande Kammogne / Directrice de Voxafrica : ‘’ the voice en Afrique francophone c’est tout juste phénoménal’’

Madame Rolande Kammogne est la directrice fondatrice de la chaine panafricaine VoxAfrica. En 2004 elle obtient son diplôme d`ingénieur en mathématiques, statistiques et systèmes de gestion de l`Université de Columbia aux Etats Unis. Elle a écrit cette année une thèse pour un cours de "civilisation contemporaine" sur la nécessité de la création d`un média qui connecterait toutes les diasporas noires du monde.

Cette thèse sera publiée dans le journal de l'Université. En janvier 2008, la première chaine de télévision panafricaine, bilingue et indépendante, VoxAfrica fait ses premiers pas sur internet lors de la coupe d'Afrique des Nations au Ghana. Et dans le mois de mai de cette même année,  la chaine émet son premier signal désormais visible en Afrique via le satellite. Aujourd’hui l’actu de voxAfrica c'est ''The Voice'', l'émission TV qui déniche La plus belle voix. Madame Rolande Kammogne nous donne les détails de cette émission qui aura dans 17 pays d'Afrique francophone.

J’ai lu votre parcours et je vois que vous avez un diplôme en mathématiques. Comment est ce que vous vous retrouvez dans les médias?

J’ai un BAC scientifique aussi, il faut le dire. C’est ce qu’on appelle la série C avec mention. J’avais opté pour les mathématiques et la science. Mais en même temps j’avais une tendance naturelle dans la communication et les médias. Donc quand je suis allée à l’université, je voulais faire production cinéma. Mais je viens quand même d’une famille africaine type. Donc, c’est quand même difficile de faire passer la pilule, à 17-18 ans de dire à ses parents, « je veux faire du cinéma ». Mais j’ai choisi l’université Comlobia, parce qu’ils ont l’une des meilleures écoles de télévision et de film aux USA. Donc quand je suis allée à l’université, déjà, je suivais des cours de télévision.  Même si je faisais un cursus eningénierie. Le jour de la remise des diplômes, certains de mes amis à l’école de télévision ont été surpris parce que j’ai fait les deux cursus et j’ai eu un diplôme d’ingénieur en mathématiques scientifique. Après mon diplôme, je suis rentrée en banque ou j’ai travaillé dans une prestigieuse banque, qui a malheureusement fermé ses portes. Trois mois après, je savais que je n’allais pas être une banquière. Je suis allée dans une maison de production indépendante aux USA.

Aujourd’hui l’actu de Voxafrica c’est quoi … ?

Notre actu, c’est ce rêve que nous sommes entrain de matérialiser, qui est d’emmener la plus grosse production du monde en Afrique francophone qui est l’émission the voice. Ils voulaient nous vendre un pays, mais nous on leur a prouvé que le modèle panafricain était beaucoup plus intéressant pour eux. Et on a réussi à faire ça et je pense que la diversité africaine va pouvoir se révéler à travers ce format.

17 pays, comment cela va-t-il se passer?

On a déjà fait le lancement. Maintenant, on a eu les castings du 1er au 30 juin, online. Donc il faut aller sur le site www.voxafrica.com/thevoice. On aura 2 casting : un casting Afrique de l’Ouest à Abidjan et un casting en Afrique Centrale à Douala, les 23 et 24 juillet 2016. Donc si vous êtes dans l’un des 17 pays, que vous ne pouvez pas vous rendre à ces deux castings-là et que vous avez du talent et une belle voix, il faut aller en ligne maintenant, entre le 1er et le 30 juin, remplir le formulaire et envoyez votre vidéo. La production va vous contacter et vous dire quoi faire, parce qu’on veut que tous les pays soient représentés. On va sélectionner les gens online parce qu’avec le digital, on peut tout faire.

Il y’a des critères de participation?

Oui, déjà il faut avoir 18 ans, être résident de l’un des 17 pays, de toute façon comme la production se fera dans un pays, donc on va faire voyager tout le monde. Donc on dit aux gens d’avoir leur passeport, parce que le temps qu’on vous sélectionne, si on n’a pas beaucoup de temps pour faire votre passeport, vous serez obligé d’attendre la saison prochaine. Donc si tu crois en toi et en ton talent, va faire ton passeport. Il y a beaucoup de candidats qu’on va sélectionner.

Le gagnant, qu’est-ce qu’il gagne?

Le gagnant a le contrat de l’une des plus prestigieuses maisons de production du monde qui est Universal.Il y aura d’autres prix  des partenaires et des sponsors de l’émission.

The Voice est un challenge pour voxafrica ?

The Voice est un challenge pour tout le monde, pour les participants, même les coachs paniquent. Un challenge pour tout le monde parce que c’est juste phénoménal. Pour nous c’est aussi une opportunité de fédérer des énergies. Parce que nous l’Afrique, c’est notre cœur de métier. Donc voir fédérer les énergies de toute l’Afrique francophone sur un projet, c’est un rêve. Et je crois que par la grâce de Dieu comme on le dit, on va y arriver.

Que préférez-vous dans votre travail?

Qu’est-ce que je préfère? C’est le fait d’être entrepreneur, c’est la liberté. La liberté dans la mesure où on est dans les médias. Et dans les médias, on est créatif. Le fait d’être patron de média, je suis un peu libre. Quand tu as une idée, tu peux trouver les moyens de la réaliser ou de la mettre en application.

Quels sont les aspects que vous aimez le moins?

Je dirais que comme je fais ce que j’aime, il y a des choses que j’aime moins que d’autres. Mais en général, je suis quand même épanouie. Le seul truc que je dirais c’est qu’en tant qu’entrepreneur, c’est beaucoup plus difficile. Parce que moi, aujourd’hui, j’ai eu des offres pour intégrer de grands groupes. Et je sais que quand tu es dans un grand groupe, tu as la crédibilité et la légitimité du groupe.

Un créateur de mode préféré ?

Créateur de mode préféré? Je ne crois pas que j’en ai un. Parce que je regarde la mode de très loin. J’aime tous les classiques, que ce soit occidental ou africain. J’aime juste ce qui me fait être bien dans mon corps. Honnêtement je ne suis pas de près la mode.

Quels sont les pires et meilleurs moments de votre carrière ?

Je pense que les meilleurs moments, c’est le 1er mai 2008, jour où on a vu VoxAfrica arrivée à l’antenne. Quand vous passez des mois et des mois à travailler sur un projet et que vous voyez cette chose se matérialiser en quelque chose de palpable, de réèl, c’est grandiose; même si ces premières images n’étaient pas les meilleures émissions qu’on est fait à présent. Mais le fait de juste voir des images à l’antenne pour la première fois on n’avait tous les larmes aux yeux au bureau. C’était un moment vraiment grandiose dans mon cœur. Je pense qu’un ce moment on est entrain de vivre un deuxième meilleur moment. Avec The Voice, c’était d’abord quelque chose qui était dans notre tête, dans notre cœur, dans notre ventre, dans nos tripes et là, on est entrain de le matérialiser. Je pense que le jour où on verra The Voice et puis le gagnant de la première saison, je dirai voilà un autre moment unique. Les pires moments, je dirai, c’est juste les moments d’incertitudes, les moments où vous n’avez pas quelque chose qui vous motive, parlant de carrière. C’est-à-dire un grand projet. C’est juste un moment de flottement entre les deux. Mais après quand vous trouvez, voici le prochain projet, ça c’est bien.

Pensez vous qu'il y a assez de femmes dans les instances de décisions en Afrique ?

Non et oui. Je vous dis non pourquoi? Parce que il n’y a pas réellement assez de femmes dans les instances. Ça se voit, il y a beaucoup plus d’hommes.

Non, parce que les femmes sont les épouses des hommes. Et je pense sincèrement que comme le disent les hommes d’influences, une femme ou épouse d’un président, d’un ministre, d’un directeur général influence dans la gestion de tous les organes de leur mari. Donc, si les femmes s’appropriaient leur rôle, ce n’est pas toujours facile, elles auraient des zones d’influences rien qu’en étant auprès des hommes qui sont influents. Il faut le dire, une femme ou une épouse a réellement le pouvoir d’influencer son mari, son environnement et son travail. Donc non et oui.

Avez vous des conseils à donner aux jeunes femmes qui rêvent d’en arriver là où vous êtes aujourd’hui?

Quand on est jeune, quand on est une femme, on a beaucoup de sollicitations, donc il y a beaucoup de gens qui peuvent nous vendre des rêves et des raccourcis dans la vie. De se dire que je n’ai pas besoin d’éducation parce que si je rencontre quelqu’un il va me le permettre. Je n’ai pas besoin de ci, je n’ai pas besoin de ça parce que je suis belle, je suis jeune. Mais la vérité, c’est qu’il n’y a pas de raccourci.

Sincèrement, le conseil que je peux donner, c’est qu’il faut prendre au séreux son éducation, sa vie et ce qu’on veut en faire. Parce que personne, même la personne que tu aimes le plus au monde, ton mari, ton conjoint, à part Dieu, ne pourra pas t’aider dans les choix de ta vie. Donc, si je peux  donner un conseil, c’est de vraiment prendre au sérieux son éducation et aller au plus profond de soin pour découvrir qui on est vraiment, sa vocation, ce qu’on veut faire de sa vie. Et avec ces réponses-là, s’y consacrer.

Quelles sont les perspectives pour voxafrica ?

Les perspectives, c’est de consolider notre positionnement en Afrique francophone et de renforcer l’Afrique anglophone, notamment avec la création d’un bureau au Nigeria, en Afrique du sud et au Kenya. Après The Voice, il y aura un autre grand format qui va arriver sur la chaine, avoir des émissions qui touchent les femmes, ça aussi ce sont des surprises qu’on réserve à nos téléspectateurs.

 

Florence Bayala