Andrianina /Clàudia : ‘’le pagne est pour nous un tissu qui a une âme’’

MeyNö est une marque de maroquinerie et de bijoux, contemporaine, moderne et élégante, créée par 2 complices et amies de longue date : Cláudia et Andrianina. Nous avons fait une incursion dans l’univers  de ces deux femmes passionnées  de maroquinerie. Interview.

 Bonjour  Andrianina et Clàudia? Vous pouvez vous présenter à nos internautes?

Andrianina : Je suis née à Tananarive, à Madagascar, et j’ai vécu en Afrique jusqu’à l’âge de 18 ans. Je suis ensuite venue en France, en région Parisienne pour poursuivre mes études ; puis j’ai travaillé une dizaine d’années dans le domaine de la communication, dans secteur de la cosmétique.

Cláudia : Je suis née à Luanda, en Angola, et y ai vécu jusqu’à l’âge de 2 ans. J’ai ensuite vécu dans plusieurs pays africains, tels que la Guinée Bissau, la Côte d’Ivoire, Madagascar ou encore le Niger où j’ai connu Andrianina lorsque nous avions 11 ans. Après le Bac, j’ai suivi des études de Communication à Montréal et ensuite à Bruxelles. Tout comme Andrianina, j’ai travaillé une dizaine d’années dans le domaine de la communication, dans le secteur de la cosmétique et en agences de communication et évènementiel. Et je vis actuellement à Kinshasa. 

A travers nos articles, nous souhaitons mettre en valeur notre culture africaine, notre savoir-faire, notre richesse, tout en y apportant exigence et qualité. Nos pochettes, bracelets et colliers portent également l’empreinte de notre métissage, car bien qu’Africaines ayant grandi en Afrique, nous avons également vécu et voyagé plusieurs années à travers le monde, parcourant le continent Américain aussi bien qu’Européen, Asiatique…

Comment êtes-vous devenues créatrices de maroquinerie et de bijoux ?

Passionnées par la mode depuis notre enfance, nous avons, comme beaucoup, grandi en admirant nos mamans et les femmes de notre famille, arborant leurs plus belles robes et bijoux, non seulement les jours de cérémonies, mais également au quotidien. Nous gardons toujours ces images en tête. 

Après avoir travaillé près de 10 années dans le secteur de la Communication, l’idée de créer notre marque est venue assez naturellement car elle symbolise l’alliance de nos deux passions : la mode et l’Afrique. Ont ensuite suivi 2 années de profond travail de recherches de prestataires, d’artisans, de fournisseurs qui répondent aux exigences de notre cahier des charges. C’est finalement courant 2015 que nous avons lancé notre plateforme de vente en ligne : meyno.com.

Pourquoi  le nom MeyNö?

MeyNö est née de la contraction de Niamey - la capitale du Niger où nous nous sommes connues - et Noah - le fils d’Andrianina qui est également le filleul de Cláudia

Quelle est la particularité de votre marque?

Tout d’abord, nous sommes 2 personnes extrêmement passionnées. Passionnées par les voyages, par la mode, par les tissus, la photo, la vidéo…. Ensuite, nous ne proposons pas uniquement des pochettes et des bijoux, nous proposons à nos clients un univers ... notre univers riche de nos différents voyages et de notre culture métissée. 

Notre objectif est de développer et d’asseoir une marque, sur un plan international, qui exprime un univers auquel nos clients auraient envie d’appartenirEn plus d’avoir pour but de mettre en valeur la culture et le savoir-faire africain, nous plaçons l’humain au cœur de nos préoccupations. Nous travaillons avec des artisans au sein d’ateliers de qualité, au Maroc et au Congo, avec des tanneurs qui, depuis plusieurs générations privilégient le tannage végétal.  Et  aussi avec un centre qui se trouve au Burkina Faso, dans lequel des femmes recyclent les plastiques qui sont ramassés afin de nettoyer les rues. Par ailleurs, nous encourageons nos artisans et couturiers à persévérer dans leurs domaines et à développer leurs techniques de travail.  Enfin, et ce dernier point nous tient particulièrement à cœur, nous encourageons l’accès au travail des femmes africaines.

Vous utilisez beaucoup le pagne. D'où vous vient cet amour pour ce textile  ?

Andrianina : Nous croyons que nos tissus et imprimés sont une des richesses que nous avons en commun, au sein de notre continent. Chaque pays ou région a son tissu (wax, bogolan, bazin, kente…) et nous voulions mettre en valeur cette partie de notre culture. Pour le moment nous travaillons beaucoup avec le pagne, mais nous souhaitons travailler avec d’autres tissus dans un avenir  proche. 

Cláudia : Le pagne est pour nous un tissu qui a une âme, qui nous permet de raconter une histoire à travers ses imprimés et ses nombreuses couleurs. Nous avons grandi entourées de femmes très coquettes et élégantes … entre boutiques et marchés de pagnes, conception d’un patron de robe, achat de beaux tissus, création de vêtements pour les grandes occasions, … le textile est tout simplement une passion d’enfance. Alors que ce textile sert beaucoup d’inspiration à l’étranger pour des collections de mode, nous voulions créer notre propre marque qui mettrait en avant le pagne mélangé à d’autres matériaux provenant principalement de différents pays africains et, surtout, confectionnés entièrement en Afrique. 

Vous faites un métier qui nécessite un renouveau constant, d'ou trouvez-vous l'inspiration pour vos modèles?

C’est, en effet, une quête permanente de renouveau, une recherche permanente d’excellence. Nos inspirations sont très variées. C’est un mélange entre notre héritage métissé, nos goûts personnels et toutes les références apportées de nos voyages, de ce qu’on observe. Notre première source d’inspiration est bien entendu la Femme, les Femmes avec un F majuscule. Nous les observons, les admirons. Il n’y a pas plus grande source d’inspiration. Nous souhaitons créer une mode qui les mette en valeur, qui les magnifie.  Nous nous inspirons aussi beaucoup de nos voyages, de nos rencontres, des gens dans la rue. L’aquarelle de couleurs qu’offre le marché de Cocody à Abidjan ou le coucher de soleil sur une plage de Majunga à Madagascar suffit à nous insuffler une idée pour notre collection ! Nous regardons bien évidemment beaucoup la mode occidentale, nous aimons l’énergie et la créativité qui s’en dégage. Nous nous concentrons sur les grosses tendances d’une saison, puis apportons notre touche personnelle.

Un petit mot de votre univers, vos créateurs préférés, vos coups de cœur récents ?

Fières de nos origines et de notre culture, nous avons toujours voulu montrer au monde entier les beautés du continent africain et les adapter à notre culture métissée, à nos inspirations et à notre vision de la  mode. 

Andrianina : J’admire de grands créateurs qui savent sublimer la femme tout en lui proposant des pièces élégantes et fonctionnelles, comme Yves Saint Laurent, Phoebe Philo (de la marque Chloé puis Céline) pour ses coupes parfaites, très justes et contemporaines, ou encore Olivier Rousteing (de Balmain) qui est un vrai génie de créativité. Mon coup de cœur récent a justement été pour cette campagne de Balmain avec les tops models des années 90 comme égéries (Claudia S, Naomi C et Cindy C)

Cláudia : Pour commencer : Ted Lapidus, bien sûr. Puis, Oscar de la Renta (mon éternel coup de cœur pour ses robes romantiques), Simone Rocha, Carven, Céline, Dries Van Noten, Alexander Wang, Alexander McQueen, Elie Saab, Alphadi, Maje. Mes coups de cœur récents reviennent à Stella McCartney, Marianne Fassler et Victoria Beckham (qui a l’intelligence de s’entourer de personnes brillantes).

 

Florence Bayala