Souraya De Jaham ( présidente de l'AIFCI) : " L’éducation est le moteur le plus important contre la pauvreté "

L'Association Internationale des Femmes en Côte d'Ivoire (AIFCI) présidée depuis plus d'un an par Madame Souraya De Jaham, est une association caritative qui oeuvre depuis 50 ans pour le bien être, le développement de la femme et de l'enfant en Côte d'Ivoire. Cette association organisée en bureau par membres de 5 à 10 personnes, prépare en ce moment un événement de grande envergure. En effet, le 28 mars 2015, à l'Hotel Sofitel, L'AIFCI organisera un diner Gala de bienfaisance, pour la construction d'un nouveau centre d'alphabétisation. La présidente Souraya, cette économiste reconvertie en humanitaire, s'ouvre à nous.

Depuis combien de temps êtes-vous à la tête de l'association?

Cela fait un an et demi que je suis à la tête de l'association. Donc pas très longtemps, et j'avais déjà collaboré avec une ONG en Espagne pendant 5 ans.

On peut connaitre votre parcours?

J'ai une licence en économie. Je suis économiste de formation et j'ai un MBA en finance internationale. Donc je n'ai pas vraiment un profil humanitaire, j'ai plutôt un profil financier. Mais je crois que pour travailler dans une association, tous les profils sont acceptés, utiles, nécessaires. Dans notre association, nous avons des infirmières qui se rendent dans les centres, nous avons simplement des mamans, nous avons des profils très différents et variés, et chacun contribue à sa façon par rapport à sa fonction et à sa disponibilité aussi puisque nous sommes une associations de bénévoles à 100% nous n'avons pas de salariés. Donc 100% des dons récoltés vont sur le terrain.

L'AIFCI a 50 ans d'existence, quel est le bilan de vos activités?

Concernant le bilan, ce sont nos centres qui en parlent. Nous avons aujourd'hui un centre d'alphabétisation pour 75 femmes et jeunes filles qui viennent trois fois par semaine pour apprendre à lire et à écrire. Nous avons participer au financement d'une école. Nous aidons un centre de vie pour handicapés lourds, nous aidons aussi un centre pour jeunes mamans qui vont peser leurs enfants, avoir des conseils sur la nutrition. Donc moi, je dirai que c'est un bilan très positif d'aide, de présence à la population en genre et aux femmes en particulier.

Comment se fait le repérage de ces femmes et enfants? Est-ce qu'elles viennent de façon spontanée ou ce sont les équipes de l'AIFCI qui sillonnent les quartiers pour pouvoir faire le repérage?

Alors, nous ne faisons pas d'aide à des cas particuliers, même si certains cas sont très difficiles, l'AIFCI étant une association, on ne peut pas faire de repérage sur des cas particuliers. L'AIFCI va fonctionner à travers d'autres associations par exemple un orphelinat qui est déjà constitué, nous allons faire des dons à cet orphelinat en matériel et en apportant des fonds et des visites de nos bénévoles. Le centre d’Anoumabo est un centre où les femmes vont s'inscrire et on leur donne ces cours. Nous faisons aussi des distributions une fois par mois de colis alimentaires à des malades du sida. Et bien ces malades du sida sont déjà répertoriés par une association qui s'occupe d'eux sur le plan médical. Donc au fait, ce sont des associations qui entendent parler de nous et qui font des demandes. C'est comme cela que la relation s'établit.

Généralement ces genres d'actions sont menées à Abidjan et banlieues. Est ce qu'il y a des actions menées par l'AIFCI à l'intérieur du pays?

Alors, je dirais qu'à l'époque l'AIFCI était vraiment présente sur toute la Côte d'Ivoire mais aujourd’hui nous avons restreint notre champ d'action à Abidjan et la banlieue. Notre plus loin centre est à Bonoua. Je dirais quand nous nous engageons dans un centre on ne donne pas seulement des fonds, mais nous avons nos bénévoles qui vont sur le terrain aussi pour apporter leur soutien, pour participer à la vie de ce centre là. Et aujourd'hui, je dirais avec la situation encore, nous ne sommes pas en mesure d'ouvrir l'intérieur du pays. Donc pour l'instant nous sommes vraiment dans la région d'Abidjan et ses alentours.

Cela devrait-il sous entendre que l'AIFCI rencontre beaucoup de difficultés quant à la collecte de dons, de sponsoring, de financements pour mener à bien ses actions?

Non, au contraire. Je dirai que nous avons eu un accueil très chaleureux. je dois dire que les dernières années on n'a pas fait beaucoup de publicité puisque l'association était entrain de se reconstruire. Et je dois dire que cette fois-ci, avec notre premier gala, nous avons énormément de chance de contacter des personnes qui nous disent "mais nous avons connu l'association il y a très longtemps, bienvenue…" "nous sommes contents de vous voir renaitre". Nous avons eu plutôt de très bonnes surprises de sponsors qui nous connaissaient avant. Nous avons récupéré des membres qui étaient actifs avant et qui ont dit alors " Akwaba" Nous sommes contents de voir l'AIFCI de retour. Je dirai au contraire que l'accueil qu'on a, est plutôt un accueil favorable. la première dame a accepté d'être la marraine de notre soirée. Cependant elle ne pourra pas être là, et elle envoie la ministre de la femme, de l'enfant et de la solidarité pour la représenter. Nous aurons aussi plusieurs membres de valeurs qui seront la.

Combien de femmes comptent votre association?

Aujourd'hui, nous avons 105 membres actifs. Et je dirai à l'époque dorée, nous avons été jusqu’à 500 membres. Donc nous avons vraiment espoir qu'avec cette publicité nous aurons des contacts par internet par exemple.

Et le 28 mars sera la soirée du diner gala. Que comptez vous faire avec le revenu de ce diner?

Nous avons un projet, c'est de construire un nouveau centre d'alphabétisation à Anoumabo qui est un quartier défavorisé. Notre cible principale ce sont les femmes parce que ce sont souvent les plus démunies. Et aussi parce que nous croyons au rôle de la femme dans le développement de la Côte d'Ivoire. On pense que la femme doit être au coeur de l'activité de Côte d'Ivoire, et on croit beaucoup à l'éducation. L'éducation est le moteur le plus important contre la pauvreté, contre l'exclusion. Je vais vous donner juste un chiffre de l'ONU, un enfant dont la mère sait lire et écrire a 50% plus de chance de survivre au delà de 5 ans. ça nous montre l'importance de l'éducation dans la vie humaine d'un enfant. Donc nous voulons vraiment promouvoir un nouveau centre d'alphabétisation pour femme pour continuer notre mission auprès des femmes et pour l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.

Généralement toutes les actions sont tournées vers la femme alors qu'il y a des hommes qui ont envie d'apprendre. Est ce que si des hommes venaient à s'inscrire dans vos centre, vous les accepteriez?

Alors, j'ai envie de vous dire oui. D'habitude on parle de l'homme et on inclus la femme. Et quand on parle de la femme on inclus l'homme. Nous n'avons pas eu d'hommes qui sont venus demander à apprendre à lire et écrire. Je crois que l'homme a un certain côté de fierté d'admettre qu'il ne sait pas lire et écrire. Ce sont souvent les femmes qui sont très motivées qui viennent avec leurs enfants et les déposent à côté d'elles sur le bureau ou sur un bout de pagne à terre et qui apprennent à lire et écrire. Par contre pour les malades du sida, nos distributions se font aux femmes et aux hommes. dans l'orphelinat à Bonoua, les orphelins sont garçons et filles. Nous ne faisons absolument pas de distinction ni de racisme contre les hommes. Mais je crois que dans le domaine de l'alphabétisation, il y a plus de femmes qui sont analphabètes que d'hommes. Souvent la femme est défavorisée parce qu'elle a arrêté par rapport au garçon. Et donc c'est pour cela que nous mettons nos efforts vers la femme.

Après tous ces efforts est-ce que vous avez un retour positif?

Nous avons un retour très positif vis-à-vis de nos adhérentes qui nous soutiennent. Nous avons eu un retour très positif vis-à-vis de certaines sociétés que nous avons contactées avec l'idée du projet. Ces sociétés nous ont offert des dons pour la construction de ce nouveau projet, nous aident à l'organisation du gala, et il y a des sociétés qui nous font des dons en nature pour nous donner des biens que nous distribuons dans les centres. Par exemple dans le centre de Bonoua nous arrivons avec beaucoup de biens de premières nécessités, nous avons un budget de couches très important. Dans certaines écoles, nous aidons avec la cantine, il y a une école par exemple à Abobo que nous aidons. Nous avons fait fabriquer des pupitres, du matériel pour l'école, nous avons fait un don pour la bibliothèque de l'école. Et nous avons des sociétés qui nous donnent des biens en nature pour faire fonctionner la cantine de l'école pour que les enfants puissent au moins déjeuner. C'est un quartier assez difficile.

Avez vous quelque chose à ajouter pour terminer notre entretien?

Je voudrais vous remercier de m'accueillir, de nous donner cette possibilité de nous exprimer. Et je voulais lancer un message à toutes les femmes, venez le 28 mars si vous le pouvez. Nous allons organisé une très bonne soirée. Ce sera l'occasion de passer une bonne soirée à l'hôtel Sofitel et de faire une bonne action puisque tous les revenus de cette soirée iront pour la construction de notre centre. Venez nous soutenir, on a besoin de vous.

Yolande Jakin