Directrice Générale de UBA-CI, Madame Sarata KONE THIAM incarne la femme dynamique et la force de la persévérance
Directrice générale de la Banque panafricaine United Bank for Africa (UBA–CI), Madame Sarata KONE THIAM a travaillé sur les marchés financiers d’Abidjan avant de faire valoir sa compétence et son savoir-faire en Afrique du Sud puis au Nigéria. 22 ans d'expériences de banque commerciale et d’investissement, Mme Sarata KONE THIAM est depuis 4 ans, rentrée au pays pour contribuer de manière significative et plus efficiente au développement de la Côte d’Ivoire. Très engagée sur les questions d’entrepreneuriat féminin, elle revient sur son parcours séduisant et prodigue quelques conseils précieux.
Les étapes marquantes et les moments décisifs de votre carrière, il y en a eu certainement. Voudriez-vous nous en dire plus ?
L’un des premiers moments, c’était déjà de prendre une décision de s’expatrier, quitter sa zone de confort et aller vers l’inconnu. J’ai dû agir ainsi pour progresser dans ma carrière parce qu’il y avait une opportunité qui se présentait à moi. Un autre fait marquant a été ensuite de prendre la décision de rentrer. Ce qui voulait dire laisser quelque chose qui était déjà établit après 13 ans de carrière dans une institution et faire machine arrière.
Ce genre de décision-là, n’est pas très aisé. Il y’en a que j’ai dû prendre, qui ont plus favorisé ma vie privée, en terme de rapprochement familial par rapport à des opportunités de carrières qui m’auraient éloignés. Aussi il y a d’autres décisions, des choix relatifs au choix du conjoint, au choix d’avoir une vie familiale. Tous ces éléments ont certainement été décisifs dans mon choix de carrière.
Concilier vie privée et vie professionnelle, selon vous, les femmes parviennent-elles à le faire efficacement?
Rire. Cette question est très intéressante étant donné que c’est la question magique qu’on pose à toutes les femmes. Je pense qu’on se met trop de pression par rapport à nos attentes. Comme je l’ai dit précédemment, je pense qu’il faut savoir reconnaître ces priorités et par rapport à ces priorités, prendre conscience de l’enjeu présent. Il peut donc arriver que cela soit un enjeu professionnel.
Pour ma part, je me concentre sur cet enjeu et je le fais. Après cela, si je constate que, j’ai passé beaucoup de temps au travail au dépend de ma famille, alors je le rattrape en me consacrant, à ma famille et à moi-même. Mais pour se faire, il faut en être conscient. Chaque jour, se poser la question de savoir si nous sommes en train d’avoir une vie équilibrée?’’ Car on peut se perdre dans un travail, et par la suite perdre sa vie familiale, ce qui nous frustrerait plus tard. En effet, on se dira qu’on a tout perdu en jonglant entre s’occuper des parents, des enfants et sa carrière. Il faut qu’on fasse des efforts, car nos hommes ne sont peut-être pas confrontés aux mêmes réalités mais ils s’en sortent. Cela doit nous amener à prendre conscience de notre rôle. Il est primordial de mettre en place un système de support et de soutien qui nous permettra de faire la part des choses. Et pour se faire tout le monde doit y mettre sa contribution. Il n’y pas de honte à cela! Car depuis la nuit des temps, nous avons toujours fonctionné ainsi. Nos réalités d’aujourd’hui ne doivent pas nous faire oublier l’importance de ce système qui permet aux uns et autres de pouvoir évoluer dans ce qu’ils veulent faire.
En Afrique, le milieu de la finance a encore la réputation d’être un milieu très masculin. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la finance ?
Mon choix de me lancer dans la finance, n’était pas par affinité. J’ai toujours aimé les chiffres, l’économie, et le développement d’entreprise. Ainsi, le choix dans ces conditions n’a pas été très difficile pour moi.
C’est un monde d’homme mais nous avons toujours été dans un monde d’homme depuis très longtemps. Ce que je veux dire est qu’à priori, quelque soit les métiers qui se pratiquent, ce sont des métiers d’hommes. Mais j’ai eu la chance de grandir dans un environnement où la femme n’a jamais été mise dans un tiroir en particulier. Tout était permis, tout était possible. Etre une femme indépendante, c’est ce que mes parents m’ont inculqué.
Et la femme est capable avec son potentiel, de pouvoir faire fi de ces complexes, affronter la société également avec ces clichés et aller de l’avant pour gravir les échelons grâce à ses compétences et non du fait du genre.
La place des femmes dans les entreprises africaines est en constante évolution. Leur impact positif est de plus en plus reconnu. Pensez-vous que c’est une tendance qui a vocation à perdurer? Une tendance à encourager ?
Oui, à encourager certainement, aussi à perdurer. Il ne tient qu’à nous de le faire, on ne peut donc que s’encourager mutuellement et montrer le meilleur de nous-même. Nos mères et celles qui nous ont précédées, ont prouvé que c’était possible de pouvoir être un entrepreneur, être une professionnelle et en même temps être une mère, une épouse et autres. Il n’y a pas de raison que cela ne continue pas. Nous avons prouvé justement que nous avions plus d’aptitude des fois que les hommes, continuons donc sur cette lancée.
Quelle est la personnalité féminine modèle que vous admirez et pourquoi ?
Il y a eu plusieurs. Récemment à l’internationale, je trouve que Michelle Obama représente le type féminin que j’admire dans le sens où c’est une professionnelle et en même temps une mère de famille et une épouse. Elle a compris ses rôles qui sont complètement différents et les joue au moment opportun.
Si on se rapproche de l’Afrique, j’ai eu beaucoup d’admiration pour Winnie Mandela, c’est une femme qui s’est battue pour une cause très noble, qui était au-delà même du genre féminin. C’était pour la cause des noirs dans un pays où l’oppression était aussi vibrante. Je ne vais pas refaire son histoire mais de par le charisme qu’elle a dégagé, on ne peut qu’être fière de ce qu’elle a représenté et des efforts qui ont contribué quelque part à ce que les femmes puissent être émancipées en Afrique du Sud mais sur le reste du continent.
Pensez-vous que les femmes puissent changer le monde ?
Bien sûr, elles le font tous les jours. Elles sont à la base de la création et sont celles qui peuvent changer le monde parce que nous avons un devoir, aussi une obligation d’éducation auprès de nos filles mais aussi de nos jeunes garçons. Car ce sont eux qui vont devenir les hommes de demain. S'ils respectent la femme, par l’éducation qu’ils ont reçu de leur mère, de leur sœur, et par tout l’écosystème féminin qui sera autour d’eux quand ils grandiront, il n’y aura pas de raison de mettre de côté ou de ne pas être sensible au fait que sa collaboratrice travaille jusqu’à une heure indue pendant une période très longue. Il y’a des impératifs qu’on doit atteindre donc on se donne les moyens d’atteindre. Il faut que cela soit fait par la sensibilisation des hommes mais tout doit commencer par les femmes.
Un conseil ou mot d’encouragement à toute femme qui aspire travailler dans la finance
Ne pas abandonner mais prouver essentiellement par son professionnalisme et par son travail bien fait. Aussi Il ne faudrait pas s’attendre à des privilèges lié au genre, et ce même quand nous ne sommes pas méritantes. Le mérite doit être notre premier critère, celui que nous devrions toutes avoir en tête. Il n’y a plus d’excuse,
Florence Bayala
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