En Somalie, la crise sanitaire engendre une augmentation massive des excisions

Suite au confinement instauré à cause de la crise sanitaire, la Somalie connait une augmentation alarmante des mutilations génitales féminines alors que les filles se retrouvent obligées de rester chez elles.

Le confinement est une très mauvaise nouvelle pour les jeunes filles somaliennes. L’ONG Plan International, qui lutte pour les droits des enfants et l’égalité des chances pour les filles, alerte contre les soi-disant exciseuses qui font du porte-à-porte pour pratiquer des mutilations génitales féminines.



Le confinement coïncide avec le mois du Ramadan, soit le moment où ce rituel est traditionnellement pratiqué. En Somalie, environ 98% des femmes et des filles ont déjà subi des mutilations génitales féminines. Le pays détient d'ailleurs le taux le plus élevé au monde d’excisions.



"Nous observons ces dernières semaines une augmentation massive des MGF (toutes les interventions incluant l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme)", s’insurge Sadia Allin, responsable de Plan international en Somalie.

"Les familles recourent à cette pratique alors que leurs filles ne vont plus à l'école et restent confinées à la maison. En raison notamment du ralentissement économique engendré par le coronavirus, les exciseuses exercent ces activités de subsistance néfastes et font du porte à porte pour vendre leurs services", ajoute-t-elle.



Les mutilations génitales féminines comprennent de nombreux rituels différents. Elles peuvent varier selon les traditions des groupes ethniques. La forme la plus grave, appelée infibulation, est une pratique qui consiste à exciser le clitoris et les lèvres d'une fille ou d'une femme et de recoudre les bords de la vulve pour empêcher les rapports sexuels. Elle est principalement pratiquée à Djibouti, en Érythrée, en Éthiopie, en Somalie ainsi qu’au Soudan, qui a cependant récemment criminalisé les MGF.

Pendant le confinement, les filles restent à la maison et ont le temps de se rétablir après l’intervention sans manquer l’école puisque les établissements scolaires sont fermés. Les parents demandent alors aux infirmières de pratiquer les MGF sur leurs filles.



"Les MGF sont l'une des manifestations les plus extrêmes de la violence contre les filles et les femmes. C'est une torture à vie pour les filles. La douleur continue jusqu'à ce que la jeune fille aille dans la tombe. Cela a un impact sur son éducation, son ambition… tout.", affirme Sadia Allin qui a elle-même subi une excision et qui a vu des exciseuses frapper à sa porte afin que ses filles subissent le même sort.



Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), environ 290 000 filles seront soumises à des mutilations génitales féminines en Somalie lors de l’année 2020. "La crise du Covid-19 affaiblit considérablement les efforts pour éradiquer la pratique des MGF en Somalie", indique Plan International dans son communiqué

Le représentant de l'UNFPA en Somalie, Anders Thomsen, explique également que les efforts mondiaux pour éradiquer cette pratique ont été mis de côté pour se concentrer sur la crise du coronavirus. Ce sont donc 2 millions de filles supplémentaires dans le monde qui pourraient subir cette pratique barbare.



L’OMS estime qu'environ 200 millions de femmes et de filles en vie aujourd'hui ont subi une forme quelconque de mutilation génitale féminine. Cette pratique a été documentée dans plus de 30 pays, principalement en Afrique, ainsi qu'au Moyen-Orient et en Asie.