Rwanda : comment le parlement est devenu pionnier de la parité

Le Rwanda est devenu pionnier de la question du genre. Son parlement compte plus de femmes que d’hommes. Au plan mondial, le pays occupe la première place. Comment ce pays d’Afrique de l’Est, surnommé le « pays des mille collines » en est arrivé là ? Quels sont les dispositifs juridiques qui soutiennent cette parité exemplaire ? Gros plan

Au pays de Kagamé, les féministes n'ont visiblement pas de raisons de brandir les pancartes de revendications. Selon le classement mondial des femmes dans les parlements nationaux dressé par l’IPU (Union Interparlementaire), le pays occupe la première place depuis 2008. Cette année-là, le pourcentage de femmes était déjà de 56.25% soit 45 élues contre 35 élus. Une forte évolution, comparé aux années antérieures. En 1981 par exemple, sur 64 élus, 60 étaient des hommes contre 4 femmes. En 1983, elles étaient 9 sur 70 représentants du peuple ; en 1988 elles étaient 12 sur 70. En 2013 le nombre a considérablement évolué pour une présence de 48.5 % soit 39 femmes sur 80 membres du parlement.

Selon les statistiques de l’Union parlementaire, une organisation mondiale des parlements des États souverains, la représentation féminine moyenne dans les chambres parlementaires du monde s’accroit au fil des ans. Elle a pratiquement doublé entre 1995 et 2015 passant de 11,3% à 22,1% selon

« Sur la même période, le nombre des chambres uniques ou basses comprenant plus de 30 % de femmes parlementaires a grimpé de 5 à 42 tandis que le nombre de celles comprenant plus de 40 % de femmes passait d’une seule à 13. En 2015, quatre chambres ont dépassé la barre des 50 %, l’une d’entre elles comprenant même plus de 60 % de femmes » nous renseigne cette organisation.

Actuellement le Rwanda compte un total de 63,15% de femmes au parlement soit 51 femmes contre 29 hommes. De quoi réjouir les partisans de la parité au Rwanda, voire dans le monde. C’est d’ailleurs une femme, Donatille Mukabalisa, qui est à la tête de l'Assemblée nationale. Elue en octobre 2013, elle avait succédé à une autre femme, Rose Mukantabana, première femme à occuper ce poste.

La recette rwandaise

Cette égalité au sein de la société rwandaise n’est pas le fruit du hasard. De nombreux observateurs y trouvent les origines dans le génocide qui a fait environ 800 000 morts et enregistré 3,5 millions de déplacés. Ce tournant douloureux de l’histoire du pays s’est soldé par une population majoritairement féminine.

Cette majorité s'est tout de même heurtée à quelques restrictions, contrairement à la gente masculine qui disposait de certains droits et avantages. Pourtant, les rwandaises ne sont pas restées les bras croisés. Elles ont trouvé des moyens de s’exprimer et d’aller à la quête de plus de droits à travers la création d’associations d’entraide. C'est en se rendant utiles à la société, qu'elles ont réussi peu à peu à s’imprégner des rôles traditionnellement réservés aux hommes. C'est ainsi que la condition de la femme rwandaise s'est progressivement améliorée et les lois du pays se sont rangées du côté de la parité et continuent à la promouvoir dans bien de domaines

Véritable atout dans ce combat, la Constitution de 2003. Le texte fondamental du pays garantit une moyenne de 30% de postes accordés aux femmes dans les instances de prise de décision. Il encourage les femmes et les minorités à s’intéresser à la politique grâce au quota. Le système législatif rwandais est bicaméral. La Chambre des députés compte 80 membres dont 53 sont élus à la proportionnelle (avec un quorum de 5 %) pour un mandat de cinq ans. 24 femmes élues par les conseils provinciaux (soit deux par provinces et la ville de kigali), 2 membres élus par le Conseil national de la jeunesse et 1 par la Fédération des associations des handicapés. Le Sénat pour sa part compte 26 membres. Selon la loi, 30 % doivent être des femmes.

Au Rwanda, l’ensemble des lois qui encouragent la parité est vulgarisé à travers un programme de diffusion et d’explications de chaque texte à la population. Des campagnes d ‘information qui favorisent la prise de conscience, et par conséquent le respect scrupuleux de ces dispositifs.