Divorce et enfants : comment gérer la séparation dans le couple?

Divorcer, s'accrocher ? Quand vient le désamour mais qu'on a des enfants, la question, forcément, se pose. On voudrait tellement les protéger, leur éviter le pire, ne leur donner que le meilleur... Mais le meilleur ne peut pas être du côté du sacrifice. Ni pour eux, ni pour nous. Comment, alors, gérer la séparation ?

La séparation, une décision douloureuse 

Déconstruire un couple, quand l'amour l'a déserté, c'est difficile et douloureux. Déconstruire une famille, c'est encore pire. Parce qu'il faut trahir une promesse, briser tout d'un coup un édifice patiemment élaboré, renoncer à une certaine douceur de vivre et à toutes sortes d'idées qu'on se faisait du bonheur. Notamment celui de nos enfants. Depuis qu'on est devenue mère, notre centre de gravité s'est déplacé. Et les raisons du coeur ne sont plus aussi claires. Même lorsque la femme souffre en nous, la mère n'est jamais bien loin, prête à l'oublier pour ne pas ébranler leur équilibre à eux.

Question de responsabilité et, tout simplement, d'amour. Pas envie de les faire souffrir, pas envie de moins les voir, pas envie, non plus, de les priver de père... Et c'est d'autant plus douloureux que, forcément, nos propres peurs et névroses s'en mêlent. Comme le souligne le sociologue Claude Martin, « de nombreux enfants de divorcés ont, fréquemment, eux-mêmes, plus tard, une peur panique du divorce. C'est un effet de balancier assez classique : on veut aller à l'encontre de ce qu'on a soi-même vécu. »

Bien souvent, on préfère encore rester que revivre, à travers sa progéniture, ses propres souffrances d'enfant. Ainsi Julie reconnaît-elle que l'idée que ses enfants grandissent loin de leur père la terrorise, « parce que, moi-même, je n'ai pas revu mon papa après le divorce de mes parents ». Parfois, tout simplement, on fait peser sur sa famille sa propre incapacité à en faire le deuil. « Le couple, comme la famille, est un support identitaire très fort, rappelle Robert Neuburger. Certaines personnes ont peur de ne plus exister, si elles ne sont plus définies par leur appartenance à un couple, une tribu. »

Toutes ces peurs peuvent éventuellement conduire des couples à vivre dans le conflit pendant des années : c'est une façon d'entretenir le lien. Le psychologue belge Jean Van Hemelrijck, dont la spécialité est de recevoir en thérapie des gens incapables de se séparer, rappelle que « la haine est un lien puissant, et le combat (qu'il soit pré ou post-divorce) peut devenir une façon pathologique de prolonger le couple. Puisque l'autre, bien que détesté, continue à prendre toute la place. »

Dans ce cas, en reste-il alors vraiment pour les enfants ? Pour soi, pour eux, face à ce grand désarroi, le mieux est de commencer par mettre les choses au clair. Qu'est-ce qui relève vraiment de leur intérêt ? Qu'est-ce qui, en fait, est vraiment bon pour eux ? Et nous, dans tout ça ? La tendance maternelle à culpabiliser et à se faire payer des torts qu'on n'a pas forcément est si répandue... Certes, il n'est pas question d'oublier les enfants, mais ils n'ont pas non plus à prendre la première place dans ce débat avant tout amoureux.

 

Source : marieclaire.fr