Partenaire inadapté, attentes démesurées… Pourquoi répète-t-on les mêmes erreurs en amour ?

Lors d’une rencontre, il faut se méfier du sentiment de déjà-vu. Surtout lorsque l'on a tendance à répéter les échecs amoureux. La psychanalyste Fabienne Kraemer livre ses clés pour s’en défaire.

Il y a des histoires d’amour qui se ressemblent plus que d’autres. Le prétendant a beau avoir changé de visage, parfois, les traits de caractère persistent. Le samaritain, le créatif, le torturé, l’égoïste... D’autres fois, c’est le même scénario amoureux qui se déroule, sous nos yeux impuissants, comme si la fin était déjà écrite. Comment sortir de cette répétition d’échecs sentimentaux ? Fabienne Kraemer, psychanalyste (1), nous aide à y voir plus clair.

Est-il courant de répéter les mêmes schémas relationnels, tout en sachant pertinemment qu’ils ne nous conviennent pas ?


La relation amoureuse est la répétition de quelque chose, une fausse aventure en quelque sorte. Tomber amoureux de quelqu’un, c’est finalement s’éprendre d’une personnalité familière, réelle ou fantasmée depuis longtemps. Cela va souvent au-delà de la conscience. Dans ce cas, le coup de foudre peut survenir soit parce que le ou la partenaire évoque des souvenirs positifs de l’enfance, soit du négatif et nous pousse donc à répéter des schémas relationnels plus toxiques.

On a tendance à dire que l’on apprend de nos erreurs. Or, dans bien des cas, certains s’enfoncent dans des relations semées d’embuches. Pourquoi ?

En tant que psychanalyste, je pense que ces schémas relationnels sont liés à notre complexe d’Œdipe dans l’enfance, c’est-à-dire au fantasme du parent du sexe opposé que l’on projette plus tard comme un idéal. De manière générale, nos choix amoureux sont dictés par nos deux parents. Ce qui ne laisse pas trop de marge. On va alors chercher quelqu’un de similaire aux goûts et à l’image du parent, ou chercher son inverse. En surface, on a l’impression de diriger sa vie, mais c’est tout le contraire qui se passe. Si le modèle familial imposé nous convient, tant mieux. Si ce n'est pas le cas, il sera nocif pour celui qui le subit.

Comment se forgent ces mécanismes comportementaux ?


L’imaginaire provoque la répétition. Quand une histoire se termine, on cherche à reproduire par la suite tout ce qui était bien et à éviter tout ce qui ne l’était pas. Rester sur les sentiers battus est très rassurant quand on a peur de l’inconnu. C’est la raison pour laquelle on garde le contrôle en choisissant un amoureux familier, en pensant s’éviter une possible grande souffrance. Alors qu’au final, on ne fait qu’uniformiser ses souhaits : on aime chaque personne de la même manière sans soupçonner qu'on pourrait le faire autrement ou pour d'autres motivations.

Quels sont les schémas d’erreurs que vous rencontrez fréquemment dans votre cabinet ?


Le plus fréquent reste l’attirance pour le pervers narcissique. Quand on subit la maltraitance d’un parent pervers, cela nous formate à rechercher ce trait de caractère chez l’être aimé. De la même manière que les femmes victimes de violences conjugales retombent souvent amoureuses d’hommes violents. Il y a également ceux qui s’investissent trop rapidement dès le départ. Ce schéma de la dépendance affective cache une grande peur de l’abandon. Chez les jeunes adultes, en revanche, j’observe une hyper exigence vis-à-vis du futur élu. Ils établissent très tôt un portrait-robot du partenaire idéal, qui doit cocher toutes les cases.

Tinder, Happn et les autres applications donnent l’illusion d’avoir accès à un nombre infini de personnes. Désormais, ce n'est plus seulement la perle rare que l'on recherche mais pire, l’aiguille dans une botte de foin. Une chose est sûre : on ne peut pas connaître à l’avance la personne. Prenez le sexe par exemple. Un défaut physique, même léger, peut parfois nous ruiner toute envie de conclure. Mais au final, les meilleures histoires sexuelles que j’ai pu entendre se sont produites alors qu’il n’y avait pas vraiment d’attirance physique au premier regard. Je souhaite qu’on redonne une chance aux personnes qui sortent des canons de beauté.… La suite de l’article sur madame.lefigaro