Bébé prématuré : quels sont les risques ?

La prématurité figure en bonne place au palmarès des angoisses parentales. Mais que sait-on exactement sur le développement de ces enfants nés avant terme ? Quels sont les stades de prématurité ? Quelles peuvent être les séquelles d’une naissance précoce ? Les réponses à vos questions avec nos experts.

Tous les parents redoutent les risques d’accouchement prématuré. Aujourd'hui en France, entre 50 000 et 60 000 enfants naissent prématurément chaque année (Source 1). Qu'entend-on par enfant prématuré exactement ? Quelles sont les causes d'une naissance prématurée ?

La définition de la prématurité

On appelle un enfant “prématuré” un bébé né avant 37 semaines d’aménorrhée ou SA (depuis le premier jour des dernières règles).

"Avant 37 semaines d’aménorrhée (SA) – c’est-à-dire 37 semaines après la fin des dernières règles – une naissance est dite prématurée", confirme le Dr Jean-François Magny, chef du service de néonatologie à l’hôpital Necker, de dessiner les premiers contours de la prématurité. "Il faut savoir qu’un enfant naît à terme à 41 SA. En revanche, à moins de 24 SA, le fœtus est majoritairement non viable".

L'Inserm rappelle dans son dossier sur les enfants prématurés (Source 1) qu'"environ 50% des naissances prématurées sont spontanées, dues à des contractions précoces dont la cause est rarement identifiée, ou à la rupture prématurée des membranes (ces ruptures étant parfois d’origine infectieuse)".

C'est quoi un grand prématuré ?

La grande prématurité correspondant à une naissance intervenant entre la 28e et la 32e SA (6 mois à 7 mois de grossesse), et la très grande prématurité pour les naissances intervenant avant 28 semaines, en-dessous de 6 mois de grossesse. Les risques sont d'autant plus grands pour les grands et très grands prématurés.

Accouchement : quelles sont les causes d'une naissance prématurée ?

Selon le Dr Magny, la prématurité est plurielle. "Ces accouchements avant terme peuvent être spontanés ou induits".

Dans le premier cas (en moyenne 60 % des accouchements prématurés selon l’Inserm), une infection ou une rupture de la poche des eaux peut déclencher le travail de la mère (généralement aux alentours du cinquième ou du sixième mois de grossesse).

Dans le second cas, l’équipe médicale choisit de provoquer l’accouchement,« si elle juge qu’il y a un quelconque risque pour la mère ou l’enfant à naître. »

Parmi les autres causes possibles d’accouchement prématuré, on peut citer :

- les infections génito-urinaires ou généralisées ;

- des anomalies de l’utérus et du placenta (comme le placenta prævia qui peut se compliquer d’une hémorragie);

- le diabète maternel

- l’hématome rétro-placentaire (décollement prématuré du placenta accompagné d’un hématome).

"L’hypertension artérielle sévère représente environ 20% des motifs d’accouchements avant 32 semaines de grossesse", complète l'Inserm (source 1). Dans 30 % des cas, on ne sait pas pourquoi l’enfant naît prématurément.

Existe-t-il des femmes ou des situations à risques ?

En dehors des causes médicales, il existe des facteurs de risque aggravant qui peuvent donner naissance à un enfant prématuré. Il y a tout d’abord l’âge de la femme, plus il est élevé, plus le risque augmente. Les grossesses multiples aussi n’arrivent que rarement à terme.

Quant à la consommation de tabac pendant la grossesse, elle multiplie par trois le taux de prématurité. On sait aussi que l’alcool est un facteur qui peut bouleverser le développement neurologique de votre futur bébé, mais il augmente aussi les accouchements prématurés.

D’autres facteurs de risque, comme la fatigue accumulée lors de conditions de travail difficiles ou de travaux ménagers épuisants, les favorisent. Ainsi, "le taux de prématurité est deux fois plus faible chez les femmes cadres que dans la catégorie ouvrières et employées", note l'Inserm (source 1).

Quel poids pour un prématuré ?

Les bébés légèrement prématurés sont nés entre 33 et 37 semaines complètes d'âge gestationnel pèsent généralement entre 1500 et 2500 grammes.

Les différents stades de prématurité et leur prise en charge

On peut classer les prématurés en trois catégories :

De 33 à 37 SA, il s’agit d’une prématurité moyenne qui arrive aujourd’hui le plus souvent. Le bébé semble plus fragile, mais ne nécessite pas de grands soins, juste une surveillance importante par le pédiatre de la maternité. Le pronostic vital n’est pas engagé, mais il est tout de même placé en couveuse pour être mieux protégé ;

De 28 à 32 SA, c’est un grand prématuré. Ces bébés nécessitent des soins spécifiques en néonatologie (maternité de niveau 2 ou 3). Une assistance médicale est mise en place car leurs organes sont encore trop immatures.

De 24 à 28 SA, les bébés sont appelés “très grands prématurés”. En maternité niveau 3, ils sont directement placés en réanimation. Ils ne possèdent aucune autonomie. Le poids de naissance a son importance. On considère que la limite de viabilité se situe entre 500 et 600 grammes.

Différencier les stades de gestation n’a rien d’anodin, car la prise en charge de l'enfant dépend de son stade de prématurité. Même si rien n’est cousu de fil blanc, on constate dans l’ensemble que plus la naissance est précoce, plus les risques de séquelles, durant le développement de l’enfant, sont élevés.

"Les prématurés sont placés en couveuse pour les maintenir à 34°/35° C, température équivalente à celle du ventre de la mère. Les enfants peuvent sortir de couveuse à partir de 2 kg", détaille l'Inserm. Les prématurés extrêmes et grands prématurés, eux, sont transférés en service de réanimation néonatale, puis orientés vers les soins intensifs, puis en service de néonatalogie quand leur état de santé est stable.

Les recherches se poursuivent pour améliorer encore la prise en charge de ces enfants qui arrivent au monde trop tôt.

À partir de combien de semaines un bébé est viable ?

Généralement, un enfant peut sortir de l’hôpital lorsqu’il est devenu autonome du point de vue respiratoire et digestif. Sinon, on considère habituellement qu'un enfant est viable à partir de 23 à 24 SA.

Quels sont les risques pour un bébé prématuré ?

Lorsqu'il naît, les organes d'un enfant prématuré ne sont pas tous prêts à affronter la vie extra-utérine. "Ceci concerne principalement quatre organes : le cerveau, les poumons, le tube digestif et le canal artériel", précise l'Inserm (source 1). Les conséquences diffèrent en fonction de son stade de prématurité.

Parmi les conséquences sur les quatre organes des prématurés moyens nés à 37 semaines d’aménorrhée (SA), on peut citer :

- l’immaturité du système nerveux central ;

- l’immaturité pulmonaire ;

- l’immaturité cardiorespiratoire ;

- l’immaturité digestive (notamment l'entérocolite nécrosante du nouveau-né).

Concernant l’avenir des prématurés moyens, le Dr Magny se veut confiant. "Le pronostic est généralement très bon. Ces enfants ont autant de chance que des enfants nés à terme de poursuivre un développement normal. Pour les grands et les extrêmes prématurés, les prévisions sont souvent moins encourageantes". LIRE PLUS SUR santemagazine.fr