Grossesse : que faire quand elle  n'est pas prévue... des idées

Quoiqu’il soit difficile de connaitre les chiffres exacts, on estime, au Canada, que près de 40 % des grossesses ne sont pas programmées. Pour les femmes ou les couples qui ne l'ont pas planifiée, le fait d’apprendre qu’on attend un enfant peut être vécu comme une belle surprise... ou comme un drame ingérable.

En effet, il existe des contextes plus favorables que d’autres pour avoir un enfant. C’est pourquoi, à l’annonce d’une grossesse non désirée, il est nécessaire que la femme réfléchisse profondément à la situation dans laquelle elle se trouve, qu’elle demande conseil et envisage les options qui s’offrent à elle, pour ensuite être en mesure de prendre la meilleure décision possible.

Des circonstances parfois loin d’être idéales

Il y a des gens qui diront qu’il n’existe pas de situation idéale pour avoir un enfant. Il demeure que, objectivement, certaines circonstances risquent de compliquer un tant soit peu la grossesse et la venue de l’enfant.

Mauvais « timing »

Certaines femmes ne sont tout simplement pas prêtes, d’autres considèrent leur situation personnelle comme étant incompatible avec la maternité. Une femme qui tombe enceinte alors qu’elle est célibataire ou dont le partenaire est très réticent à la perspective d’élever un enfant peut être effrayée à l’idée de fonder une famille monoparentale.

Trop tôt après un premier bébé ou trop tôt dans la vie

De même, il peut être déstabilisant de retomber enceinte très tôt après la venue d’un enfant dans la famille. Par ailleurs, il arrive que la grossesse survienne alors que la femme est très jeune, voire adolescente. Souvent, dans de tels cas, la grossesse vient s’interposer entre la jeune femme et ses projets d’avenir (études, carrière, etc.) et elle peut être une source de conflit avec les parents. Les grossesses à l’adolescence sont souvent dépistées assez tard, vu le manque d’informations dont souffrent les très jeunes filles.

Après 40 ans

À l’inverse, il arrive qu’une grossesse tardive chamboule l’univers d’une femme. Après 40 ans, les risques liés à la grossesse se trouvent accrus : grossesses multiples, hypertension, diabète gestationnel, décollement placentaire et fibromes sont des exemples de troubles qui affectent plus fréquemment les femmes enceintes plus âgées.

Également, ces femmes, qu’elles aient déjà des enfants ou non, peuvent se sentir découragées à l’idée de se lancer dans la grande aventure de la maternité alors qu’elles n’ont plus toute leur énergie d’antan. Il est un peu étourdissant de réaliser que, lorsque le rejeton vivra sa crise d’adolescence, on aura plus de cinquante ans...

Les options à envisager

Quelle que soit la situation particulière, il est très important, devant l’annonce d’une grossesse imprévue, d’envisager toutes les options disponibles et de demander conseil.

L’avortement

Si, après avoir mûrement réfléchi, il apparait que garder l’enfant n’est pas une solution viable, il est possible d’envisager un avortement. Au Québec, cette pratique médicale est désormais sécuritaire, légale et accessible. Lorsqu’elle est pratiquée au cours du premier trimestre, les risques de complication sont minimes. Dès l’âge de quatorze ans, il est possible d’interrompre une grossesse sans l’autorisation des parents.

À qui s’adresser

Si vous optez pour une interruption de grossesse, adressez-vous à votre CLSC ou à une clinique spécialisée en santé de la femme. Les professionnels y travaillant seront en mesure de vous renseigner, de vous orienter afin que vous preniez une décision éclairée et de vous aider à mener la procédure à son terme.

Les conséquences

Sachez que l’avortement n’affectera nullement votre fertilité, à moins de complications très inhabituelles. Les séquelles physiques, en général, sont rarissimes.

Il est toutefois possible que vous ayez des séquelles psychologiques. Plusieurs femmes ressentiront de la tristesse au cours des jours ou des semaines suivant l’interruption de grossesse. On a même recensé des cas de dépression. Le deuil d’un enfant, même lorsque l'on ne mène pas une grossesse à terme, est parfois difficile à faire!

Finalement, quelques femmes ayant vécu un avortement développeront le syndrome de stress post-abortif, qui s’apparente au syndrome de stress post-traumatique, et doivent être aidées sans attendre.

L’adoption à la naissance

Si vous ne pouvez pas élever un enfant, mais que vos croyances, vos émotions ou vos principes vous interdisent de recourir à un avortement ou encore s’il est trop tard pour interrompre la grossesse, il est possible d’envisager l’adoption à la naissance.

De l’aide

Si vous choisissez cette option, n’hésitez pas à demander de l’aide et un soutien psychologique professionnel. Ce n’est pas chose aisée que de mener une grossesse à terme pour ensuite donner son bébé à une autre famille. Le lien qui se crée entre une femme enceinte et son fœtus est très fort et l’accouchement est un moment très intense.

Un immense cadeau

L’idée qu’on a un enfant, qui grandit quelque part, sans savoir comment il se porte, peut être très troublante. Toutefois, pour les femmes qui font le choix de donner leur enfant, la tristesse de se séparer du petit être qu’elles ont porté pendant neuf mois est souvent compensée par la certitude d’avoir fait le bon choix, pour le bien-être de l’enfant et pour elles-mêmes.

Par ailleurs, en choisissant de placer un enfant non désiré en adoption, on fait un cadeau qui n’a pas de prix pour les parents adoptifs. Ceux-ci, souvent des couples incapables de concevoir, aimeront cet enfant et mettront tout en œuvre pour qu’il s’épanouisse et grandisse en beauté.

Le choix de mener la grossesse à terme et d’élever l’enfant

Souvent, même si la grossesse n’était pas désirée à l’origine, la femme ou le couple concerné décidera de garder l’enfant. En effet, ce n’est pas parce qu’à l’origine, on n’essayait pas d’avoir un enfant qu’il est impossible de revoir ses priorités et de s’adapter à la situation.

Lorsque la décision de garder l’enfant est prise, la grossesse se poursuit comme une grossesse normale, et l’enfant est, en règle générale, accueilli dans la famille avec la même joie qu’un enfant planifié.

Ressources pour mères monoparentales

Pour les futures mamans monoparentales, comme pour les mères adolescentes, il existe de nombreux services pour les aider à s’adapter à leur nouvelle situation. Soutien psychologique et financier peuvent être nécessaires, c’est pourquoi les ressources sont nombreuses pour ces femmes. En se renseignant auprès d’un CLSC, on peut avoir une meilleure idée de l’éventail des services disponibles.

 

Quoi qu’il en soit, les mères monoparentales qui ont un cercle social bien établi tendent à s’en sortir plus facilement que celles qui sont isolées. Il est important de ne pas négliger ce que la famille et les amis peuvent apporter dans une situation difficile.

Certaines jeunes femmes n’ayant pas terminé leurs études peuvent même continuer à fréquenter l’école malgré la grossesse, grâce au soutien de leur famille. D’autres y retourneront plus tard, quand l’enfant sera assez vieux pour être gardé. Le fait d’avoir un enfant dans une situation difficile ne signifie pas nécessairement que la vie doit se terminer là!

Femmes plus âgées

Pour ce qui est des grossesses tardives, elles sont généralement menées à terme sans problème, pour autant que la femme enceinte suive les recommandations de son médecin à la lettre.

En conclusion

Finalement, chaque femme et chaque grossesse étant différentes, il est impossible de prescrire une solution miracle à appliquer lorsque survient une grossesse non planifiée. L’important est que la décision soit réfléchie et, en définitive, prise par la femme enceinte et non par quelqu’un d’autre.

Pour celles qui décident de ne pas garder l’enfant, il n’y a pas de raison de se sentir coupable ou jugée. Il s’agit d’un choix personnel, qui n’a pas à être stigmatisé. Pour celles qui choisiront de garder l’enfant, elles réaliseront bien vite que la relation d’amour qui les unit à leur enfant vaut bien les difficultés surmontées!