Culture du viol : "N'apprenons pas aux enfants à faire un bisou pour dire merci"

Pour venir à bout de la culture du viol, Geneviève Boileau, une maman québécoise, préconise d'apprendre le consentement aux enfants et ce, dès le plus jeune âge.

La semaine dernière, des étudiantes de l'Université Laval, à Québec, se sont réunies pour dénoncer des agressions sexuelles survenues dans les résidences du campus. Parmi les témoignages entendus cette journée-là, une jeune femme a dénoncé des viols qu'elle aurait subis de la part d'un député en poste. Les médias se sont enflammés et, même si la plupart des gens défendent les victimes et dénoncent les agresseurs, ils demeurent des commentaires et des allusions sur la responsabilité des victimes. 

Dans la foulée des discussions autour de la culture du viol, j'ai envie de parler de notre rôle de parent. Pour venir à bout de cette culture de petits actes sexistes, petits harcèlements et même petites violences sexuelles ordinaires, cette culture qui trace la voie aux plus grands drames, accompagnons nos enfants. 

Tenons compte de l'opinion de nos enfants

Quand on demande à un enfant de donner un bisou ou un câlin à la personne qui vient de lui donner un cadeau... On lui apprend à associer les cadeaux à des marques d'affection. Montrons-lui qu'il est suffisant de dire merci.  Quand on détourne les émotions d'un enfant "mais non, ça ne fait pas mal" ou "tu n'as pas peur"... On lui apprend à douter et à se dissocier de son ressenti. Reconnaissons les émotions et les sentiments qui habitent nos enfants.  Quand on insiste un peu trop pour qu'un enfant prenne part à une activité qu'il n'aime pas ou qui lui fait peur, même si on aimerait tant qu'il surmonte les obstacles... On lui apprend que son "non" n'est pas pris en considération. Tenons compte de son opinion, discutons avec lui de l'objet de son malaise et respectons ses préférences et son rythme.  Quand on poursuit une activité débutée avec un enfant même s'il ne veut plus... On lui apprend qu'une fois engagé dans une activité, il n'a pas le choix d'aller jusqu'au bout. Assurons-le qu'il a le droit de changer d'avis, qu'un premier oui n'est pas un contrat à respecter et qu'il peut en tout temps exprimer son désaccord. 
J'ai espoir que nos enfants sauront un peu mieux comment respecter leur corps et leur ressenti et ceux des autres. J'ai espoir qu'ils auront assez expérimenté le respect et le consentement pour l'exprimer, le reconnaître et le rechercher. 

 

Source : lexpress.fr