Régime Fille ou Garçon : est-ce que ça marche vraiment ?

Et si en mangeant tel ou tel aliment, on pouvait influencer Dame Nature pour avoir plutôt une fille ou un garçon ? On fait le point avec deux spécialistes : Raphaël Gruman, nutritionniste et le Pr Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien, secrétaire général du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF).

Le point de vue de Raphaël Gruman. Nutritionniste, il a élaboré le programme nutritionnel de MyBuBelly, une méthode naturelle pour choisir le sexe de son bébé.

Comment l’alimentation de la future maman peut-elle influencer le sexe du bébé ?


« Des études ont montré que les spermatozoïdes Y (mâles) sont plus sensibles et donc plus fragiles quand la flore vaginale à un PH acide. Du coup, un milieu vaginal plus acide va davantage favoriser les spermatozoïdes X (féminin) au détriment des spermatozoïdes Y. De plus, le PH du corps peut être modifié par notre alimentation. Partant de ce constat, si on veut un garçon, il vaut mieux miser sur des aliments « alcalins ». A l’inverse, pour avoir une fille, il vaut mieux adopter une alimentation acidifiante. Il faudrait environ deux mois pour modifier le PH du corps et donc de sa flore vaginale. »

En pratique, quels aliments privilégier pour avoir une fille ou un garçon ?


« Dans le régime garçon, il est conseillé de supprimer tous les produits laitiers (lait, yaourts, fromages…) et les oléagineux, notamment. Mieux vaut privilégier les aliments salés comme le saumon fumé, les charcuteries à raison d’un produit de salaison par jour. A l’inverse, dans le régime fille, il est recommandé de favoriser les produits laitiers, les eaux calciques, ou les oléagineux pour faire le plein de calcium et de magnésium et éviter les produits salés et les légumes secs, par exemple. La méthode MyBuBelly détaille précisément les aliments à privilégier et ceux à éviter. »

Cette méthode est-elle vraiment efficace ?


« Oui, en se basant sur les retours des femmes ayant suivi la méthode, l’efficacité est proche de 90% ! Mais, à condition de suivre strictement le régime alimentaire. Et, en tenant compte aussi des moments de son cycle pour concevoir. Car si le rapport sexuel est plus ou moins proche de l’ovulation, il y a plus ou moins de chance d’avoir une fille ou un garçon. Cette méthode est un coup de pouce naturel. Mais bien sûr, rien n’est sûr à 100 % ! »

Existe-il des contre-indications ?


« Ce régime est contre-indiqué aux femmes souffrant d’hypertension, de diabète ou de pathologies rénales. Dans tous les cas, mieux vaut demander conseil à son médecin avant de commencer. Nous précisons aussi qu’il ne faut pas suivre ces recommandations pendant plus de six mois pour éviter les carences ou les excès en certains aliments. Car si ce régime est correctement structuré (chaque jour, il y a une protéine, des légumes et des féculents par exemple), il est volontairement déséquilibré en certains nutriments pour modifier le PH du corps. »

Le point de vue du Pr Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien, secrétaire général du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF).

Comment l’alimentation de la future maman peut-elle influencer le sexe du bébé ?


« De manière naturelle, une femme a, à chaque cycle, 51 % de chances d’avoir un garçon et 49 % de chance d’avoir une fille. Peut-être que l’alimentation peut modifier le PH de la flore vaginale mais aucune étude ne démontre cette affirmation. D’autant plus, que d’autres facteurs peuvent influer sur le PH vaginal comme la période du cycle, une infection ou la prise d’antibiotiques. »

Cette méthode est-elle vraiment efficace ?


« Il existe des études montrant que l’alimentation pourrait potentiellement influer sur le sexe du bébé. Mais prudence car elles sont anciennes, la plupart datent des années 60. Et surtout, aucune n’est sérieuse scientifiquement ! Elles manquent de méthodologie. »

Existe-il des risques ?


« Il faut s’assurer de ne pas avoir de contre-indications médicales avant de se lancer dans ce type de régime alimentaire. Et, cela n’est pas sans conséquence. Car par exemple, si une femme supprime tous les aliments apportant du sel, elle peut indirectement avoir un risque de carence en iode. En effet, la carence en iode est très fréquente et l’une des meilleures façons d’y remédier (si on mange peu de poisson) est de consommer du sel enrichi en iode. Or, durant la grossesse le manque d’iode pourrait avoir un impact négatif sur la thyroïde du bébé et aussi sur son QI. »

Que conseillez-vous ?


« De plus en plus d’études montrent clairement que la période des 1000 jours, à savoir avant et pendant la grossesse, a un impact, à long terme, sur la santé du bébé. Il vaudrait donc mieux se concentrer sur comment avoir une meilleure alimentation lors de ces périodes plutôt que sur comment choisir le sexe de son enfant. Bien sûr, il s’agit d’un désir légitime de la part des futures mamans mais le corps médical a plutôt un discours de lâcher prise quand une femme envisage une grossesse. Et, se focaliser sur la question du sexe de son futur bébé peut rajouter beaucoup de pression et de stress. »