Infertilité masculine : les anomalies du sperme

La réalisation d’un spermogramme pour évaluer la fertilité masculine se solde parfois par tout un tas de mots un peu obscurs. Oligospermie, asthénospermie, tératospermie, azoospermie, nécrospermie, OATS… On fait le point sur les différentes altérations du sperme.

L’examen de référence, généralement proposé en première intention pour évaluer la fertilité masculine, est la réalisation d’un spermogramme, qui consiste à observer la composition du sperme. Il s’agit d’évaluer la quantité et la qualité de spermatozoïdes présents dans un éjaculat, après une période d’abstinence de 2 à 3 jours en moyenne, pour garantir le renouvellement du sperme.
En cas d'anomalie constatée au premier spermogramme, il est nécessaire de contrôler les conditions de réalisation de l’examen (délai d'abstinence, conditions de recueil, fièvre dans les 3 mois précédant l'examen), voire de réaliser un deuxième spermogramme, à 3 mois d’intervalle si possible, pour confirmer ou non le diagnostic.

Qu’est-ce qu’un spermogramme “normal” ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a actualisé en 2010 ses normes concernant les paramètres spermatiques. En voici les valeurs seuils au-dessous desquelles il existe une ou plusieurs altérations du sperme :

un volume d’éjaculat compris entre 1,5 et 6 ml ;
un pH supérieur à 7,2 ;
une concentration spermatique supérieure à 15 millions de spermatozoïdes par ml ;
une numération par éjaculat supérieure à 39 millions de spermatozoïdes ;
une mobilité totale supérieure à 40% ;
une vitalité supérieure à 58% ;
un pourcentage de formes normales supérieur à 30% ;
un taux de leucocytes inférieur à 1 million.
D’autres valeurs concernant la mobilité des spermatozoïdes au fil du temps ou le nombre de spermatozoïdes vivants entrent également en compte. Les normes de référence peuvent un peu différer d’un laboratoire d’analyses à l’autre, mais celles-ci sont généralement indiquées sur les résultats. On parle de normospermie, ou normozoospermie, pour désigner un sperme considéré comme dans les normes.

L’aspermie :
Elle désigne l’absence d’éjaculat ou d’émission de sperme, et peut être due à une malformation ou à une éjaculation rétrograde.

L’hypospermie :

Elle désigne un volume total de l’éjaculat inférieur à 1,5 ml, et signifie donc que le volume de sperme par éjaculat est un peu juste. Elle s’oppose à l’hyperspermie, lorsque le volume de l’éjaculat est supérieur à 6 ml.

L’azoospermie :

C’est le nom donné à l’absence de spermatozoïdes dans l’éjaculat étudié lors du spermogramme, et confirmée lors d’une deuxième analyse. Elle peut être sécrétoire (ou azoospermie non obstructive) et résulter d’un problème au niveau de la spermatogenèse, ou excrétoire (azoospermie obstructive), et liée à un obstacle au niveau des voies excrétoires (canaux déférents, épididyme…). Elle s’oppose à la polyzoospermie, qui désigne une numération de spermatozoïdes supérieure à 250 millions par mL.

L’oligospermie, ou oligozoospermie :

Dans les normes de l'OMS de 2010, l'oligospermie correspond à une numération de spermatozoïdes inférieure ou égale à 15 millions de spermatozoïdes/ml. Elle peut être légère, modérée ou sévère selon la numération exacte mesurée.

La cryptospermie, ou cryptozoospermie :

On parle ici d’azoospermie incomplète, puisqu’une recherche approfondie permet de retrouver quelques spermatozoïdes dans l’éjaculat (moins de 100 000 spermatozoïdes dans la totalité de l'éjaculat).

L’asthénospermie, ou asthénozoospermie :

Elle se caractérise par une faible mobilité des spermatozoïdes. Selon les normes de l'OMS, l'asthénospermie correspond à la présence dans l'éjaculat de moins 30 % spermatozoïdes à mobilité normale (catégories a+b, à savoir rapides et lents), et de moins de 40 % des spermatozoïdes à mobilité de catégorie "a+b+c" (rapides, lents, mobiles sur place).

La tératospermie, ou tératozoospermie :

On parle de tératospermie lorsque 4% des spermatozoïdes de l’éjaculat ou moins ont une forme normale, ou autrement dit lorsque la grande majorité des spermatozoïdes sont malformés. Il peut s’agir d’anomalies de la tête, du flagelle ou encore de la pièce intermédiaire. Ils ont donc moins de chance de féconder l’ovule et de donner un embryon viable.

La nécrozoospermie :

Elle est dite totale lorsque l’on ne retrouve aucun spermatozoïde vivant dans l’éjaculat, mais uniquement des spermatozoïdes morts. Elle est parfois partielle, lorsque plus de 42% des spermatozoïdes sont morts. La nécrospermie est généralement due à la présence d'une infection ou à des problèmes oxydatifs.

L’akinétospermie :

C’est lorsque le sperme ne contient que des spermatozoïdes immobiles, mais vivants. Cette pathologie est due soit à une anomalie flagellaire, soit à la présence de spermatozoïdes immatures. Des examens plus poussés permettent d’en déterminer la cause.

La leucospermie :

Elle désigne la présence de plus d’un million de leucocytes (ou globules blancs) par millilitre de sperme, et évoque une infection.

L’oligo-asthéno-tératozoospermie, ou OATS :

C’est l’association de trois pathologies spermatiques, à savoir l’oligospermie, l’asthénospermie et la tératospermie. Les spermatozoïdes sont peu nombreux, peu mobiles, et beaucoup d’entre eux sont malformés. Mais cela ne veut pas dire qu’aucun spermatozoïde n’est viable.

Notons que si ces anomalies du sperme peuvent faire peur et désespérer les couples présentant une infertilité, la plupart peuvent être surmontées grâce à divers traitements, et notamment le recours à la procréation médicalement assistée (PMA). Un ou plusieurs spermatozoïdes viables seront alors mis en présence de l’ovocyte en vue d’une fécondation in vitro, ou directement injecté dans l’ovocyte. On parle alors d’injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI). Selon le degré d’altération du sperme, une insémination artificielle peut également être envisagée.