Dans le monde, la mauvaise alimentation tue plus que le tabac

Un décès sur cinq dans le monde, soit 11 millions, est lié à une mauvaise alimentation, selon une étude parue mercredi et menée dans 195 pays par un programme de recherche lié à l'Université de Washington.
Fumer tue. Mais mal manger tue plus encore. On pourrait presque résumer à ce slogan le résultat d'une récente étude. c'est le résultat d'une étude. Si le tabac tue des millions de personnes dans le monde chaque année, la mauvaise alimentation en tue encore davantage. Une vaste étude, portant sur 195 pays, et publiée mercredi 3 avril dans la revue médicale The Lancet, révèle que 11 millions de personnes meurent chaque année à cause d’une mauvaise alimentation, soit trois millions de plus que pour le tabac. Selon les chercheurs, un décès sur cinq dans le monde serait évitable en s’alimentant mieux.

Avec plus de 9 millions de morts, les maladies cardiovasculaires apparaissent, de loin, comme la principale cause de décès découlant d’une alimentation déséquilibrée, selon les chercheurs. Suivent les cancers (un peu plus de 900 000 décès) et le diabète de type 2 (un peu plus de 300 000 morts). Les chercheurs soulignent que pour plus de 5 millions, ces morts dus à une mauvaise alimentation concernent des adultes de moins de 70 ans.

La méthodologie des 130 chercheurs réunis au sein du Global Burden of Disease (GBD) – un programme de recherche mondial sur la santé lié à l'Université de Washington et financé par la Fondation Bill et Melinda Gates –, a été de collecter des données sur l’alimentation dans 195 pays. Ces informations ont ensuite servi à corréler chaque apport insuffisant ou excessif en sel, légumes, noix ou légumineuses à un risque accru de décès. Un travail titanesque auquel les chercheurs reconnaissent certaines limites : le lien entre alimentation et décès ne peut, en effet, être établi avec autant de certitude que dans le cas d'autres facteurs de risques, comme le tabac par exemple.
Le problème est moins ce que l’on mange… que ce que l’on ne mange pas
Une des conclusions de l’étude est que, contrairement à une idée populaire en Occident, le plus gros problème n’est pas la consommation de "junk food", mais la non-consommation d’aliments nutritifs tels que fruits, légumes, céréales et noix.
Ainsi, en 2017, évaluent les scientifiques, un apport insuffisant en céréales complètes a tué 3 millions de personnes à travers le monde tandis qu’un apport insuffisant en fruits a entraîné 2 millions de décès. La surconsommation de sel a, elle, tué 3 millions de personnes, selon les chercheurs. Ainsi, indépendamment des différences de régimes alimentaires d’un pays à l’autre, la sous-consommation de fruits et légumes et un apport excessif en sel sont à l’origine de la moitié des décès dus à une mauvaise alimentation.

De grandes disparités entre les pays

Si chaque région du monde a ses spécificités avec ses propres d'habitudes alimentaires, la consommation de sel et de boissons sucrées est au-delà du niveau raisonnable partout sur la planète, pointent les scientifiques. Par ailleurs, l'étude met en évidence de grosses disparités selon les pays : l'Ouzbékistan et l'Afghanistan enregistrent ainsi le plus important taux de décès liés à une mauvaise alimentation, tandis que c’est en Israël, en France, en Espagne et au Japon que cette proportion est la plus faible.
Point positif : si la consommation d’aliments bénéfiques se révèle inférieure au niveau optimal partout dans le monde, les chercheurs relèvent quelques exceptions. Comme la consommation de légumes en Asie centrale, la consommation d’oméga-3 dans la région Asie-Pacifique à revenu élevé et de légumineuses aux Caraïbes, en Amérique latine tropicale, en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.
En janvier, les mêmes scientifiques avaient publié une première étude qui établissait que pour avoir un régime à la fois bon pour la santé et pour l'environnement, il fallait diviser par deux la consommation mondiale de viande rouge et de sucre ainsi que doubler celle des fruits, des légumes et des noix.