Mya Moda / Restauratrice : ``Un bon restaurateur est un artiste qui a un don et un savoir-faire singulier…''

Amy Florat Ouattara épouse KOUAKOU, plus connue sous le sobriquet "Mya Moda" sur les réseaux sociaux, la trentaine révolue, est mère d'un charmant petit garçon. Exerçant dans le domaine gastronomique, Amy Florat, femme dynamique et pleine de génie créateur, est passionnée de stylisme et de cuisine.

Avec un parcours on ne peut plus atypique, elle a accepté, à travers cette interview, de partager avec nous son expérience.

Vous êtes restauratrice. Dites-nous, quelle formation avez-vous suivie pour l'être?

Vous êtes sans savoir, autant que moi, que la passion fait faire des merveilles surtout quand on s’y met à fond et qu’on se donne les moyens de réussir. Je n’ai eu recours, jusque-là, à aucune formation particulière pour devenir restauratrice. C’est innée, juste un dada, une passion que je développe. Et mieux, un rêve que je réalise en apportant ma pierre à l'édification d’un monde meilleur bien nourri. Toutefois, avec la croissance exponentielle et l’exigence des clients dans une société en pleine mutation, je pense, tout de même, qu’une formation et l’acquisition d’un diplôme de chef ou un certificat en cuisine ne fera, à l'avenir, qu’arranger les choses.


Pouvez-vous, en quelques mots,nous instruire sur vos activités quotidiennes ?

Mes journées sont assez chargées et mes activités diversifiées. Pour faire simple, je dirai qu’elles se résument en trois domaines, les uns différents des autres, étroitement liés. Il y a, d'emblée, la brasserie dans laquelle je suis propriétaire d'une cave à Cocody centre, puis la mode et le stylisme, enfin la restauration.
A m’entendre, cela vous tente de me demander comment je m’arrange pour concilier ces trois activités. Vous conviendrez avec moi qu’en toute chose, il faut du courage, de la volonté, la détermination et une bonne dose d'organisation pour arriver à ses fins. J'essaie, comme faire se peut, de m'organiser au mieux par le biais d’une planification de mon temps entre la gérance de la cave, la satisfaction des clients dans la livraison des commandes externes de plats ainsi que les commandes de vêtements des clients abonnés à la marque "Mya Moda". Je précise que ces trois domaines, importants à mes yeux, sont une priorité dans ma vie professionnelle.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier en particulier ?

Le disant tantôt, je suis une passionnée de l'art culinaire. Alors pour moi, cuisiner, plus qu’un simple jeu, c’est un métier. A ce propos et pour coller au contexte, un auteur disait: "Faire de sa passion un métier, donne l'impression de ne pas vraiment travailler." Je ne me confine pas dans les murs de mon restaurant, de ma boutique ou la cave. Je m’ouvre au monde et, à cet effet, j’ai une page facebook dénommée "Mama Mya". Cette dernière me permet de rester en contact permanent avec les internautes qui peuvent voir aussi bien les différents plats que je fais que les commander.

Quelles sont les qualités d'un bon restaurateur ?

J’utiliserai un mot pour répondre à cette question qui a un champ assez vaste. Il s’agit du mot artiste qui est tout en un. Un bon restaurateur, en effet, est un artiste, un chercheur qui trouve, qui a un don, un savoir-faire singulier, une touche personnelle dans la création, l’innovation dans la découverte de nouvelles saveurs, pour sa propre culture et surtout le plaisir et la satisfaction de sa clientèle. La cuisine, qui plus est, met en évidence la valeur de certains sens, notamment la vue, l'odorat, et le goût. Il va donc de soi qu’un met que vous confectionnez, doit avant tout attirer par la vue (une belle présentation), L'odeur de ce plat, doit également nous donner envie.. Eveiller déjà nos papilles gustatives. Et pour terminer, avoir un très bon goût, de sorte à marquer l'esprit et créer un bien à celui qui le déguste.


Vous êtes aussi styliste, comment arrivez-vous à concilier ces deux métiers?

Le stylisme, qui s’est imposé à moi depuis mes années de fac à travers des croquis de vêtements, l’achat des tissus et des décorations que je remettais à des couturiers pour les confectionner, est tout aussi une seconde passion que je développe. Ce métier, j'ai eu la chance de le commencer avec une clientèle assez distinguée, qui m'a permis d'étendre mon marché sans trop d'effort. La communication s'est faite de bouches à oreilles grâce aux clients satisfaits de leurs commandes. Je fais mêmement de la vente en ligne en attendant d'avoir un financement pour l'ouverture de ma propre boutique de vêtements. Ma page facebook se nomme "Mya Moda" (ma mode en espagnol). En grosso modo, je dirai que mes courses quotidiennes sont: Faire le marché des provisions pour la cuisine, les boissons pour ma cave, et aussi de tissus pour les vêtements à confectionner.
Le dicton, “à l'école du malheur, on apprend à sentir le bonheur”, me rappelle une mésaventure que je vous raconte maintenant. Un jour en me rendant au dépôt de boissons pour mes achats, après avoir, bien entendu, pris les commandes de chemises et ensembles de mes clients dans l'atelier de mon couturier, j'ai dû oublier toute la marchandises dans un taxi (quand je n'étais pas encore véhiculé).
Après cette malheureuse aventure, j'ai décidé de m'acheter un véhicule pour faciliter mes nombreux déplacements et surtout pour ne pas que les causes produisent les mêmes effets.  Je me déplace vraiment beaucoup.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez?

On ne le dira jamais assez! Comme difficulté, c'est l'accès au crédit pour le financement de mes nombreux projets. Puisqu’aujourd'hui, même les microfinances fonctionnent comme des banques, les taux d'intérêts sont de plus en plus élevés, et le temps de remboursement très court... La meilleur option, pour moi, est d'évoluer sur fonds propres. Je lance à cet effet, un appel à tout bailleur de fonds désireux d'investir dans les affaires. Je cherche plus précisément un financement remboursable avec intérêts.

Quelles sont vos perspectives d'avenir ?

Comme perspectives d'avenir, il y’en a plusieurs. Ce qui urge, c’est l’ouverture d’un restaurant qui sort du commun, pour faire découvrir des plats exceptionnels et inédits à ma clientèle. Ouvrir également un atelier-boutique qui ne proposera que du prêt à porter made in Africa, des vêtements classiques avec des motifs et designs qui nous rappellent nos cultures et traditions. Je compte, pour finir, exporter "Mya Moda" un peu partout dans le monde. Avec abnégation et le soutien de Dieu, j'y arriverai.

 

Florence Bayala