Hadja Idrissa Bah, son combat pour les droits des jeunes guinéennes !

Présidente du Parlement guinéen des enfants, Hadja Idrissa Bah ne ménage pas ses efforts pour lutter contre les discriminations faites aux filles qui pour certaines sont privées de scolarité, excisées et mariées de force. Portrait d’une activiste qui se mobilise pour ces oubliées et sans voix.

Une jeune activiste pour le droit des enfants !

Hadja Idrissa Bah, à peine adulte, a connu un destin particulier. Issue d’une famille modeste, elle a récemment terminé ses études secondaires et décidé de s’investir pleinement au sein du Parlement des enfants, dont elle exerce la présidence depuis 2016. Cette institution, calquée sur le Parlement national, est composée de 114 députés juniors représentant les 33 préfectures de la Guinée et les 5 communes de Conakry.

Sa fonction lui permet de faire des plaidoyers auprès du gouvernement pour le respect de la Convention relative aux droits de l’enfant et le code de l’enfant en Guinée. « Les droits de l’enfant guinéen sont dans une situation alarmante, car ils sont négligés et tous les jours nous participons à la violation de leurs droits, malgré l’effort fourni par les acteurs de défense des droits de l’enfant guinéen, les conventions ratifiées et les lois adoptées » explique la jeune femme.

En tant qu’activiste des droits de l’enfant, Hadja Idrissa sensibilise à travers les médias et des conférences qu’elle organise. Elle fait connaître aux enfants leurs droits et insiste auprès des autorités pour les faire respecter. Mais son combat prend une nouvelle dimension lorsqu’elle fonda le Club des jeunes leaders de Guinée, avec pour principale mission : la promotion des droits des filles. Car si les enfants constituent la part la plus fragile d’une société, les jeunes filles en sont la composante la plus vulnérable.

Son combat contre les violences commises sur elle et ses concitoyennes !

A l’occasion de la dernière journée internationale de lutte contre l’excision, l’Unicef a rappelé les principaux chiffres et faits concernant cette mutilation génitale féminine :
- 200 millions de femmes et de filles dans le monde ont subi une forme de mutilation génitale féminine.
- 44 millions de jeunes filles âgées de moins de 14 ans ont subi des mutilations génitales féminines.
- Les mutilations génitales féminines sont pratiquées principalement sur des jeunes filles entre la petite enfance et l’âge de 15 ans.
- 3 millions de jeunes filles risquent de subir des mutilations génitales féminines chaque année.

Selon une enquête nationale sur les violences basées sur le genre effectuée par le gouvernement guinéen en amont de la journée internationale des droits des femmes de cette année, 96 % des Guinéennes ont subi des mutilations génitales. Le pays occupe ainsi le deuxième rang au classement mondial derrière la Somalie. 63 % des unions sont des mariages forcés, 85 % des femmes ont subi des violences conjugales, 77 % des violences en milieu scolaire, 49 % des violences sexuelles.

C’est d’ailleurs sur Facebook, le 8 mars dernier, que la voix de Hadja Idrissa Bah a été entendue pour la première fois à l’échelle mondiale. Elle avait organisé une manifestation pour faire connaître cette réalité alarmante que les chiffres précédents révèlent. « Il faut dénoncer les violences, c’est la seule manière d’arrêter ce cycle », scandait alors la jeune militante. « La honte du viol doit changer de camp » affichaient les pancartes.

Halte aux violences faites aux femmes !

Nous ne devons plus nous cacher. En 2018, les violences faites aux femmes sont une réalité planétaire ! L’attribution récente du prix Nobel de la paix a permis de remettre au centre de l’actualité ce fléau. Les lauréats, le médecin congolais Denis Mukwege et à la yézidie Nadia Murad, l’un gynécologue et l’autre victime devenue porte-parole, incarnent une cause internationale qui dépasse le cadre des seuls conflits armés dans les pays en voie de développement. La preuve étant le raz de marée du mouvement #metoo !

Hadja Idrissa Bah s’inscrit totalement dans ce combat féministe en luttant contre les formes spécifiques que prend la misogynie dans son pays. Le destin de nombreuses jeunes filles se résume à un mariage précoce. Elles n’ont pas le temps de profiter de leur enfance et doivent assumer à 15 ans à peine des responsabilités d’adulte.  Cette violence les sort rapidement des bancs de l’école et menace de les placer dans un foyer où elles risquent de subir des violences conjugales.

Hadja Idrissa Bah est bien plus qu’une militante, elle est un symbole ! C’est une jeune femme guinéenne tout juste adulte qui se bat pour que les droits des enfants soient une priorité dans son pays et que les filles soient protégées dans les faits contre toutes les menaces qui pèsent sur elles. Son père commerçant et sa mère femme de ménage la soutiennent pleinement dans ses luttes. Elle qui se rêve de devenir avocate pour protéger les enfants a déjà fait énormément pour les siens. N’attendons pas qu’elle obtienne le prix Nobel de la paix pour exiger le respect des droits des enfants et faire connaitre la gravité de la situation concernant les violences faites aux femmes dans son pays, en Afrique et dans le monde!