Diop Bineta : «en Afrique, les femmes et les jeunes ont besoin de soutien financier»

En marge de la 7ème des dialogues de l’atlantique, le forum qu’organise le Policy Center For The New South et que le mythique hôtel La Mamounia abrite, nous avons rencontré une féministe qui plaide pour les droits de la femme africaine : Diop Bineta, envoyée spéciale de la commission de l’Union Africaine (UA) pour les femmes, la paix et la sécurité. Elle a livré sa perception sur les enjeux pressants pour la transformation du continent Africain.

« Comment va-t-on répondre aux besoins des jeunes pour qu’ils ne se transforment pas en des bombes entre nos mains ? », s’interroge Diop Bineta, l’envoyée spéciale de l’UA, en faisant référence au radicalisme religieux. Et de répondre : «en leur procurant des opportunités. En particulier, l’accès au travail, au lieu de la voie de la migration. Cette dernière n’est pas une solution ». Diop Bineta tient également à préciser que le continent africain dispose des conditions de base pour réussir sa transformation.
En outre, « il faut mettre les conditions et les outils nécessaires pour que les jeunes puissent rester en Afrique et développer le continent », insiste-t-elle. Des conditions que l’envoyée spéciale de l’Union Africaine résume en trois points : l’éducation, la santé et, surtout, les ressources financières.

La femme et la santé reproductive

Dans le cadre des discussions qu’organise le Policy Center For the New South, l’envoyée spéciale de l’Union Africaine a, particulièrement, mis l’accent sur la condition de la femme africaine. « Nous discutons de la santé reproductive des femmes, ce qui est un grand problème. Car le continent africain se doit de contrôler les naissances ». Un contrôle qui ne peut avoir lieu, selon la responsable, « que par une adhésion pensée de la femme» .

L’adhésion à cette logique est tributaire de « l’accès des femmes africaines à la connaissance de leurs droits », juge Diop Bineta. Que les femmes africaines puissent avoir connaissance de leurs droits peut en effet limiter le phénomène « des enfants de la rue », pointe-elle. En connaissant leurs droits, les femmes africaines pourront faire des choix conscients et délibérés, « en fonction des moyens dont elles disposent pour éduquer leurs enfants et de les mettre dans de bonnes conditions. Rien ne leur sera imposé ».

Dans ce sens, Diop Bineta précise que l’Union Africaine a fixé comme priorité l’autonomisation des femmes africaines, et ce en leur donnant accès aux crédits. « L’Union Africaine met en place les outils nécessaires pour que les femmes puissent avoir accès aux ressources financières dans le but de contribuer à la construction de l’Afrique », explique-t-elle. Et d’ajouter : « En ayant accès aux ressources financières, les femmes auront également l’occasion de concurrencer les hommes sur les marchés publics. Il faut qu’elles soient des leaders dans l’économie ».

Les femmes, médiatrices contre l’intégrisme

Pour l’envoyée spéciale de l’Union Africaine, la femme africaine doit également jouer un autre rôle, qui est aussi déterminant dans « la réduction de l’influence des conflits sur le développement ». Et de préciser : « La femme amène une autre dimension : la sécurité humaine ».  Au regard de l’utilisation que font les extrémistes des textes religieux, « les femmes doivent être amenées à enseigner le coran », insiste la féministe africaine.