Tampons, sextoys, lubrifiants : s’intoxique-t-on par le vagin ?

C’est en regardant mon tampon un matin que je me suis posée la question de savoir si je connaissais bien l’objet que j’allais m’insérer, et s’il ne m’arrivait pas d’introduire dans mon corps, autrement que par voie orale, des substances toxiques dont je n’avais pas connaissance. Je pense tout particulièrement aux sextoys et aux lubrifiants. Car n’allez pas imaginer que les parois du vagins soient imperméables. Si la prise médicamenteuse est possible par cette voie (anneau vaginale), c’est que d’autres substances, peut-être dangereuses, peuvent être absorbées. Or, je doute que les contrôles sanitaires soient aussi rigoureux que pour les produits alimentaires.

Les tampons

Insérer un tampon n’est pas totalement anodin. Si vous êtes une femme, vous avez obligatoirement déjà lu et été terrorisée par les notices insérées dans chaque boîte évoquant le syndrome du choc toxique, parfois mortel. Chaque fabricant a pour obligation d’insérer cet avertissement depuis que le lien a été établi entre le port du tampon et ce syndrome, maintenant devenu rare depuis que la composition est passée du polyester et de la gomme de cellulose au coton. Mais qui dit coton dit également blanchiment et… chlore.

Certains fabricants écolo proposent des produits garantis sans chlore. Ce qui m’amène à m’interroger sur le degré de dangerosité de la quantité de chlore contenue dans chaque tampon.

Depuis la vague de démocratisation du sextoy qui a débuté il y a maintenant presque dix ans, certaines utilisatrices tirent la sonnette d’alarme des phtalates, poussant les fabricants à réviser la composition de leurs produits. Les phtalates sont des substances chimiques souvent présentes dans le plastique, dont on suppose un effet cancérigène. Or, certains sextoys en regorgent encore.

C’est donc la répétition face à la substance toxique qui va déterminer son degré de gravité. Si vous n’utilisez qu’une seule fois tous les trois mois votre « Rabbit » rose, vous ne risquez pas grand chose. Mais puisque il existe désormais de nombreux sextoys sans phtalates, autant se diriger vers ces gammes de meilleure qualité. L’étiquetage et les mentions sur l’emballage étant parfois complètement floues, mieux vaut opter pour une marque qui a déjà fait ses preuves.

Lubrifiants et autres « cosmétiques »

Contrairement au préservatif qui est considéré comme un « dispositif médical » et qui doit se soumettre à de nombreuses normes pour obtenir sa certification C.E., les lubrifiants appartiennent à la catégorie « cosmétiques ». Je suppose que si l’utilisation fréquente d’un sextoy douteux peut être néfaste pour ma petite santé, l’utilisation d’un lubrifiant bleu ou vert à la banane ou au coca ne doit pas être non plus être des plus rassurantes. Nous hurlons au danger dès que nous avalons des produits alimentaires contenant des colorants et conservateurs. Mais qu’en est-il de ceux contenus dans ces gels ? Et quid des parabènes ? Je n’ai malheureusement pas trouvé d’étude publiée sur le sujet. Attention, l’idée n’est pas de vous faire jeter votre flacon de lubrifiant ! Beaucoup ne contiennent ni parfum, ni colorant, et peuvent être d’ailleurs utilisés dans un cadre médical (échographie endo-vaginale, examen gynécologique).

Au-delà du lubrifiant, et sans vouloir tomber dans la paranoïa, je m’interroge également à propos des produits que nous transportons sur nos mains. Toutes les notices insérées dans les boîtes de tampons précisent qu’il est nécessaire de se laver soigneusement les mains avant de les introduire. Il semblerait donc logique qu’avant une masturbation ou un rapport sexuel nous fassions de même. En particulier si nous venons de nous tartiner de vernis à ongles et de cosmétiques impropres, je suppose, à l’insertion vaginale. Mais comment demander poliment au cours d’un baiser fougueux à notre partenaire s’il / elle s’est bien lavé les mains ? Difficile de maintenir sa vigilance dans ces moments de lâcher prise… De toute façon, rappelons-le, c’est la fréquence d’exposition au produit toxique qui détermine sa dangerosité. Pas de panique, donc.

Florence Bayala