Quand le cerveau bloque la libido

Messieurs, derrière votre oeil gauche se cache le mécanisme de votre désir sexuel. Les hommes souffrant d'un manque de libido auraient ainsi un dysfonctionnement d'une minuscule zone du cerveau. Tel est le résultat d'une équipe française dont les retombées médicales n'apparaissent pas évidentes.

La bonne santé physique et psychologique est essentielle à la naissance et l'épanouissement du désir. Ainsi est-il difficile de distinguer une baisse de la libido "naturelle" induite par des événements extérieurs d'un trouble sexuel aux contours indécis.

Quand le désir n'est pas au rendez-vous !

Alors que la sexualité joue un rôle majeur au sein de la relation de couple, il arrive parfois que le désir défaille. Si un manque d'entrain sexuel peut être naturellement constaté selon les moments et les événements de la vie, un changement important et durable peut amener à s'interroger. Ainsi, les spécialistes n'ont pas tardé à nommer cette baisse de la libido, maladie du désir sexuel hypoactif (hypoactive sexual desire disorder ou HSDD en anglais). Véritable trouble sexuel ou nouvel avatar d'une discipline en mal de classification ? Les plus sceptiques diront que la controverse sur l'existence des troubles sexuels féminins (lire à ce sujet notre article :troubles sexuels féminins : mythe ou réalité?) ne semble plus limitées au beau sexe. Quand un problème sexuel devient-il une dysfonction sexuelle ? Un déclin du désir sexuel est-il une maladie ou une réponse fonctionnelle et saine de personnes souffrant de stress, de fatigue ou d'un climat particulier au sein du couple ?

Malgré cette réserve, des chiffres circulent : 1 à 15 % de la population adulte masculine souffrirait d'un désir sexuel diminué, voire absent. Et autant les troubles de l'érection disposent aujourd'hui de solutions multiples, autant ces pannes de désirs sexuels ne répondent que partiellement aux psychothérapies et administrations de testostérone. Pour voler au secours de ces « inhibés », une équipe française a décidé de savoir ce qui se passait dans leur tête.

C'est dans la tête, docteur.

L'équipe de Serge Stoleru n'en est pas à son coup d'essai. En 2000, elle avait identifié les zones cérébrales impliquées dans le contrôle du désir sexuel chez les hommes. Cette découverte à laquelle nous avions consacré un article, avait révélé que l'excitation sexuelle masculine était gouvernée par des zones cérébrales relativement profondes et centrales au nom barbares : claustrum, putamen et cortex cingulaire antérieur. Véritable prolongement de cette étude, les mêmes scientifiques se sont intéressés aux processus cérébraux liés à la baisse ou à l'absence de désir sexuel masculin.

Reprenant la méthodologie originale de leur première étude, les chercheurs ont comparé l'activité cérébrale chez 7 hommes souffrant de désir sexuel hypoactif et 8 hommes "sains" face à des images génératrices de désir sexuel. Il s'agissait de clips vidéo muets de 3 minutes et de 3 séries de photographies comportant une gradation de neutre à explicite.

Pour plonger dans leur cerveau, la technique d'imagerie utilisée est la tomographie par émission de positons, qui mesure le flux sanguin dans les différentes régions du cerveau. Résultat :

Chez les hommes sains, on observe une baisse d'activité d'une partie du cortex orbito-frontal gauche en réaction aux stimuli visuels; Par contre, chez les patients souffrant de désir sexuel hypoactif, cette zone n'est pas désactivée et l'activité y est maintenue.

Le maintien de cette activité ne permettrait donc pas de débloquer le circuit cérébral de la sexualité. Le problème résiderait ainsi dans cette absence de levée de l'inhibition exercée par cette zone du cerveau. Le manque de désir vient donc d'un blocage.

Selon les chercheurs, la mise en évidence de cette inhibition pourrait être utile aux psychothérapeutes et leur "donner des pistes de travail avec ces patients pour mieux identifier et moduler le versant psychologique des inhibitions liées au désir sexuel hypoactif". En effet, l'interaction entre phénomènes psychologiques et processus cérébraux est telle que des modifications induites par des interventions psychothérapiques se reflétaient dans des changements du schéma d'activité cérébrale.

Source : doctissimo.fr