Combien de temps peut-on rester sans dormir?

«L'être humain peut demeurer éveillé pendant de très longues périodes, surtout lorsqu'il vit une situation préoccupante ou stressante, comme une fin de session!» répond Julie Carrier, professeure au Département de psychologie de l'Université de Montréal.

Le détenteur du record Guinness de privation de sommeil est Randy Gardner, un étudiant américain de 17 ans qui, en 1965, est resté éveillé 264 heures, soit 11 jours très exactement!

Le jeune homme n'a eu recours à aucune substance pour combattre le sommeil. Les scientifiques qui l'ont accompagné au cours de son exploit n'ont été témoins d'aucun problème majeur causé par le manque de sommeil et il ne semble pas avoir subi de séquelles à long terme.

Mais passer quelques nuits blanches est-il une solution optimale pour passer au travers de la fin du trimestre?

«Non parce que le sommeil aide à consolider l'information stockée dans la mémoire et à rendre les apprentissages plus résistants à l'interférence, mentionne Mme Carrier. Vous pourrez probablement vous rappeler ce que vous avez étudié pour votre examen si vous ne dormez pas, mais, pour garder la matière apprise dans votre mémoire à long terme, il faut dormir.»

Le sommeil est une période privilégiée au cours de laquelle le cerveau consolide les apprentissages faits dans une journée, en modifiant ses réseaux de façon à conserver l'information importante et à rejeter celle qui ne l'est pas.

«De plus, la privation chronique de sommeil altère plusieurs fonctions physiologiques, dit la professeure. Lorsqu'on dort six heures par nuit au lieu de huit, pendant une semaine, et qu'on tente de récupérer au cours de la fin de semaine, on reste en général avec une dette de sommeil qui diminue le degré de vigilance, nuit à la cognition et à la santé globale.»

De fait, des études indiquent qu'un manque de sommeil de deux heures par nuit durant sept jours affecte le système immunitaire. Il est aussi associé à une augmentation des hormones du stress – le cortisol –, ce qui provoque entre autres un déséquilibre sur les plans de la pression sanguine, du rythme cardiaque et de la glycémie.

«Les effets sur le cerveau sont également importants : humeur plus instable, difficulté à se concentrer donc à apprendre», énumère celle qui effectue ses travaux de recherche au Centre d'études avancées en médecine du sommeil de l'Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.

Qu'en est-il du recours au café ou aux boissons dites énergisantes, dont la teneur en caféine est élevée? «C'est efficace à court terme, mais la caféine a un effet pervers, puisqu'elle réduit le sommeil lent profond, une période cruciale pour récupérer de façon optimale», ajoute-t-elle. Même chose quand on consomme des substances illicites qui donnent l'impression d'être plus vigilant, mais qui n'enlèvent pas le besoin naturel de dormir.

«Lorsqu'on est jeune et en santé, on devrait pouvoir rester éveillé et vigilant sans recourir aux boissons stimulantes ni aux autres substances, même quand un cours est horriblement ennuyeux!» lance Julie Carrier en rigolant.

Selon elle, le sommeil devrait faire partie des saines habitudes de vie comme le sont une alimentation équilibrée et la pratique d'une activité physique.

Et si le Défi 5-30 s'enrichissait du chiffre 8 pour le nombre d'heures nécessaires à un sommeil réparateur?