Suy Fatem, Miss CI 2018 : `` je suis la ''petite'' qui aime bien le risque''

Suy Fatem, élue Miss Côte d’Ivoire 2018 avec sa coiffure simple et assez atypique dans l’histoire du concours Miss ivoirien, a fait couler beaucoup d’encre et de salives. Ce qui a fait d’elle une reine de la beauté tout à fait différente de toutes celles que l’on a connues. Récemment encore lors de la finale de Miss Côte d’Ivoire 2019, elle a encore fait parler d’elle. Que n’a-t-on pas entendu? Aujourd’hui loin des projecteurs et se consacrant à ses affaires, elle a accepté, pour vous, d’ouvrir un coin de voile et faire la lumière sur son mandant, sa relation avec le COMICI et les ivoiriens pour qui elle a travaillé un an durant.

Quel bilan faites-vous de votre parcours en tant que Miss Ci 2018?

Le titre Miss Côte d’Ivoire est prestigieux étant donné que vous devenez ambassadrice de votre pays. C’est une lourde responsabilité, ce n’est pas du tout facile. Je pense, pour ma part, avoir représenté dignement mon pays à des cérémonies, aller à des rencontres, découvrir de nouvelles cultures. Mais il faut aussi préciser que le projet, les œuvres caritatives, n’a pas été pris en compte parce qu’il y a eu des problèmes au niveau du ministère qui devait le financer. C’est la raison essentielle pour laquelle il n’y a pas eu de retour comme les gens le voulaient. Fort heureusement, je l’ai fait avec mes propres moyens, mes revenus à partir de ma boutique et non l’argent du COMICI. Et comme je trouvais qu’il n’y avait pas grande visibilité, j’ai donc décidé de mettre cela dans des actions, des organisations, qui, elles se chargent de scolariser les gens.

Vous parlez de projet, pouvez-vous nous en dire plus? De quel projet s’agit-il exactement?

Quand on est élue Miss, on va bien au-delà de la présentation de son beau corps, de sa beauté physique. Il faut après présenter ce que tu as dans la tête à partir d’un projet. Et le mien, l’an dernier, était d’aider les jeunes filles qui sont déscolarisées pour leur réinsertion. Et du coup, le projet je n’ai pas pu le mettre sur pied parce que, qui parle de projet, parle bien de financement. Comme je le disais tantôt, je n’ai pas pu le mettre sur pied puisqu’il y a eu des problèmes au niveau du ministère de la santé. Je ne sais pas qui était réellement censé appuyer le projet, mais il y a eu un souci à ce niveau-là. C’est pourquoi, j’ai pris sur moi la responsabilité, avec mes propres fonds, et j’ai voulu faire plaisir à certaines personnes comme des enfants. J’ai offert des toboggans, du matériel de jeu dans des écoles à Abobo, à Adjamé. J’ai aussi organisé un arbre de Noel. Je ne l’ai pas beaucoup médiatisé comme vous l’avez bien constaté parce que je l’ai vraiment fait avec le cœur.

Vous êtes vous rapprochée du ministère pour comprendre ce qui coince?

A chacun son rôle. Celui-là n’était pas le mien, mais plutôt le rôle du COMICI, malheureusement. Souffrez donc, puisque je n’en sais pas plus, que je ne puisse pas vous donner plus de détails.

N’était-ce pas au contraire pour boycotter votre parcours, votre mandat?

Je n’en sais rien mademoiselle, je ne peux pas vous donner plus de détails parce que je n’en sais rien. C’est fort étonnant, mais je ne pense pas quand même. Ce sont des pères de famille, ils ont des enfants. Puis, on est élu reine de beauté c’est quand même pour accompagner. C’est vrai que tout le monde a ses petits défauts, et ce sont des pères ils ne peuvent pas. Enfin, je n’ose même pas y croire.

Au sortir de cette mandature, parlant du mandat, sentez vous que avoir atteint votre objectif?

Oui, bien sûr…100 000 followers sur Instagram, la Miss préférée des ivoiriens, petit business… oui bien sûr. J’ai atteint les objectifs et même au-delà de ce que je pensais pouvoir faire.

Quels ont été les inconvénients ou les difficultés que vous avez rencontrés lors de votre mandat?

Vous savez, autant que moi, que les projecteurs vous exposent aux critiques. Le hic ici, ce sont les agressions à n’en point finir parce que les gens ont tendance à donner leurs avis en agressant, c’est pénible et très dur. Et c’est lié au fait que avant tu étais une fille normale; quand tu sors du néant, et que tout bascule, c’est très difficile au départ. Mais après tu t’habitues et tu te rends compte qu’il y a des gens dans l’obscurité qui aimeraient bien être à la lumière. Alors ils lancent des pics parce qu’il faut en lancer.

Il y a cette partie qui est très délicate. Vous avez aussi les restrictions du comité. il ne faut pas aller en boite, il ne faut pas faire des choses comme s’exposer avec son copain. En un mot rompre avec tes habitudes.

La chance pour moi, c’est qu’avant, je n’étais pas trop fêtarde. Ce n’est donc pas un problème pour moi. Il y a plein de restrictions du coup c’est un peu difficile, surtout quand tu as un mode de vie qui est déjà à l’encontre de certaines règles.

Devons nous retenir que vous avez été la ‘’petite têtue’’?

Eh non! Retenez seulement la petite qui aime bien le risque. On va dire Fatem qui aime le risque.

N’est-ce pas cela qui a provoqué le silence pendant votre mandature?

Non, je ne pense pas…

Vous n’avez pas été beaucoup médiatisée…

Si ! au contraire. J’ai été la Miss la plus médiatisée. Si, pour que je puisse atteindre les 100.000 followers c’est la première fois dans l’histoire de Miss CI… 

100.000 followers à partir de votre compte…?

Oui à partir de mon compte effectivement. Mais certaines pages utilisaient mes photos, mes interviews pour avoir du buzz. J’ai été médiatisée. Par contre, mon mandat a été un peu mystérieux parce qu’il n’y a pas eu de scandale sexuel contrairement à ce qu’on peut voir très souvent, des scandales autour de la drogue, il n’y en a pas eu.

Alors, au soir de votre élection, quel message avez-vous voulu véhiculer en montant sur le podium avec une tête ‘’rasée’’?

C’était de faire comprendre que se sentir à l’aise, c’est déjà s’aimer comme on est; se montrer comme on est aux autres et puis faire accepter aux autres ce qu’on est.

Là, on vous retrouve avec une nouvelle coiffure avec de longues mèches…

A aucun moment je n’ai dit que je ne mets pas de perruques. J’en mets quand j’ai la flemme de me faire coiffer. Mais pour le reste, je n’en mets pas trop souvent. Impossible de voir cela pendant trois jours d'affilée.

A la fin de la finale de Miss CI 2019, on vous voit jeter votre écharpe de Miss, comme pour dire certainement ‘’enfin libre’’. Est-ce bien cela?

Oui c’était bien ça. J’ai constaté que les gens polémiquent autour. Il est bon de savoir que j’aime bien quand vous réfléchissez un peu autour. Il ne faut pas mettre la cuillère à la bouche des gens, c’est trop facile. C’est pour cela que je disais plus haut que j’aime bien le risque. Mais ce n’était pas méchant mon geste. C’était juste pour dire ''libérée, délivrée''… Voilà. Comme toutes les filles de mon âge. J’irai plus loin pour souligner qu’il y a une vidéo du même type que mes dauphines ont fait et qui ont bien été postées aussi. A contrario, elles n’ont pas lancé l’écharpe, mais elles l’ont balancée.

Alors parlant de la Miss CI 2019, quel regard critique portez vous sur cette nouvelle reine de beauté?

C’est une très belle fille. J’estime que si elle a remporté devant plus de 200 filles, c’est qu’elle a quelque chose de plus que les autres. Et le plus difficile dans cette aventure, c’est de mettre cet aspect en avant pour que les gens puissent croire, faire confiance. Mais écoutez, elle a été Miss, je lui souhaite le meilleur et qu’après il faudrait qu’elle essaie de rapporter son grain de sel, c’est-à-dire faire mieux que la précédente.

La polémique autour de la nationalité de la Miss, qu’en pensez-vous?

On se fiche de la nationalité. Pour ce qui est, c’est qu’avant de s’inscrire au concours Miss-CI, on vous demande des papiers juridiques qui comprennent un certificat de nationalité, un extrait de naissance. Donc elle ne va pas ramener des papiers sénégalais pour s’inscrire. Je ne pense pas. C’est bien parce qu’elle est dans les normes qu’elle a pu participer au concours. Donc pour moi, elle est ivoirienne.

Pourquoi vous ne lui avez porté la couronne et vous êtes restée assise?

Malheureusement, je ne répondrai pas. Mais je vais rajouter un petit quelque chose qui peut vous aider. L’an dernier, ce n’est pas Mandjalia qui m’a porté la couronne. Je crois que c’est la représentante de la Première Dame qui m’a posé la couronne. Vous pouvez vous contenter de cette information, c’est tout ce que je peux faire.

Pourquoi c’est la 1ère dauphine qui vous a représentée à Miss Internationale ?

Ah oui! Il y a eu cette petite polémique-là aussi. Elle est partie parce que moi, je devais participer à Miss CEDEAO. Et elle remplissait plus les critères. C’est vrai, on dit la Miss et ses dauphines. Elles sont aussi Miss. Donc on ne va pas seulement privilégier la Miss pour faire plaisir aux ivoiriens. Ca dépend des critères; si on demande quelqu’un qui a 1 mètre 85 et qu’elle correspond à 1 mètre 85, elle va y aller. C’est dans cette optique la. Et comme moi je le disais, je devais participer à Miss CEDEAO qui n’a pas été organisée. Je ne sais pas pourquoi. Et ma deuxième dauphine devait aller à Miss Naïade. Mais ça n’a pas été mis sur pieds malheureusement.

Sur les réseaux sociaux, on a lu le message de quelqu’un qui vous invite à revenir à l’école valider vos UV. Alors?

Ah oui? Je n’ai pas vu ça moi… Alors, je vous explique. J’étais à UCAO et je n’y suis plus. Je continue les cours en ligne parce que je ne pouvais pas agencer les cours et être Miss en même temps. Ça me perturbait. Et par manque de temps, je l’ai continué en ligne. Bientôt, je vais passer le test de mémoire pour valider la licence, donc c’est encore des rajouts.

Et étant à UCAO, j’étais parmi les meilleurs, les cinq meilleurs d’ailleurs récompensés en fin d’année. J’ai fait la L1 et la L2 là-bas. Quand je suis partie, il y a deux ou trois matières que je n’avais pas validées et pour lesquelles j’ai du faire venir les professeurs chez moi à la maison pour me donner les cours. En le faisant, c’est pour que je puisse composer en ligne afin qu’on me valide la 2ème année pour avoir accès à la 3ème année.

A présent que je suis en licence 3, je vais bientôt valider le mémoire comme je l’ai dit parce que je continue les cours en ligne.

Et comme je l’ai dit, c’est des gens qui sont dans l’ombre qui ont juste besoin d’un peu de lumière, et pour avoir de la lumière, on se colle à la lumière bien sûr.

C’est quoi la suite après le mandat Miss CI ?

Je vais continuer les cours. Vous voyez, hormis les cours, je suis aussi dans l’entrepreneuriat. J’essaie de faire les choses pour avoir mes propres revenus pour éviter de dépendre de qui que ce soit. Je vais me concentrer sur mes affaires et des projets personnels qui vont bientôt prendre vie.

Est-ce que le fait d’être Miss vous a ouvert des portes vis-à-vis de l’entrepreneuriat?

Non, pas vraiment. Déjà, avant d’être Miss, j’avais une boutique de lingerie à Attoban. Seulement que ça m’a un peu booster en matière de financement avec les lots et les revenus que j’ai gagnés. Et puis la notoriété aussi qui a fait que j’ai pu mettre tout ça en lumière.

Suy Fatem est-elle un cœur à prendre?

Je ne peux pas répondre à votre question

 

 

Crédit photo : Lobatchevski