Pérou : des milliers de femmes stérilisées de force

Le débat sur le droit à l’avortement fait surgir la question du droit des femmes à disposer de leur corps. Sur cette question, le scandale des 300 000 femmes péruviennes stérilisées de force fait frémir.

Le procès s'est rouvert fin 2012. Il concerne la stérilisation forcée de 300 000 femmes péruviennes, pauvres et indigènes dans les années 1990, sous la présidence d'Alberto Fujimori.

"Les femmes péruviennes doivent être maîtresses de leur destin", avait affirmé Alberto Fujimori, lors de la quatrième conférence de la Femme à Pékin en octobre 1995.

En fait de "Contraception chirurgicale volontaire", le programme s'est transformé en stérilisation forcée. On a ligaturé les trompes de centaines de milliers de femmes, sous prétexte de subir une opération du ventre bénigne, ou lors de "festivals de ligature des trompes", ou sous la menace (soit d'être étiquetées terroristes, soit une condamnation à mort) et les insultes ("tu veux mettre bas des petits comme les cochons ?"( "Seuls les riches peuvent se permettre d'avoir beaucoup d'enfants").

Les séquelles physiques, chez des femmes soumises à des travaux pénibles, avec douleurs importantes, infections graves, parfois décès, sont très nombreuses.

Les séquelles psychologiques ne sont pas moindre. Encore aujourd'hui, ces femmes sont stigmatisées. Chez les populations indigènes, fertilité de la terre et fertilité de la femme sont liées. Ces femmes stériles sont vues comme un risque d'infertilité de la terre. Certains les traitent de prostituée ("tu ne peux pas te contenter de ton mari, c'est pourquoi tu as été stérilisée").

A l'époque, la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International exigeaient une baisse drastique du taux de natalité, analyse néo-malthusienne de la pauvreté dans laquelle la démographie est un facteur primordial. Résultat, plutôt que d'investir dans la contraception, l'éducation, l'information, le gouvernement a trouvé moins cher et plus rapide...

Le procès permet à un certain nombre de ces femmes de tenter de récupérer leur dignité.

Source : CareVox