Enceinte, faut-il céder à toutes ses envies?

Chocolat au lait/lard grillé/semoule au miel ou de crevettes cuites, depuis qu'on est enceinte, les envies se succèdent. Au niveau nutrition comme au niveau psychologique, faut-il céder à toutes ses envies ? Comment les intégrer dans un régime équilibré ? On fait le point avec Laurence Haurat, psychologue nutritionniste.

Grossesse : comment gérer ses envies culinaires ?

Durant la grossesse, il n’est pas rare de ressentir des envies culinaires inhabituelles et décalées, comme la fameuse envie de fraises en plein mois de janvier, régulièrement citée en exemple. Selon , psychologue nutritionniste, ces envies de femme enceinte pourraient s’expliquer par le « contexte hormonal de la grossesse », qui entraînerait une meilleure perception des goûts et des odeurs. Il s’agit en fait d’une période où « la femme a une meilleure perception de ses besoins nutritionnels », de manière intuitive. Elle se tourne tout naturellement vers les aliments que son corps réclame (des produits laitiers si elle manque de calcium par exemple), mais aussi au niveau psychologique et émotionnel. « C’est une période où les jeux hormonaux peuvent engendrer une humeur assez instable », souligne Laurence Haurat. La perspective d’avoir un enfant peut aussi donner naissance à tout un tas de questions et d’inquiétudes, qui poussent la future maman à tenter de se rassurer. Et pour ce faire, l’alimentation est souvent une bonne méthode. Mais alors comment s’y prendre pour que ces envies s’intègrent dans un régime équilibré ? Peut-on raisonnablement céder à toutes ses fringales ?

Une culpabilité qui n’a pas lieu d’être

« La grossesse est une période où les femmes sont généralement très attentives à leurs besoins et ont le désir de faire les choses bien. Elles sont à l’écoute d’elles-mêmes », explique la psychologue nutritionniste.
« Entre la constipation, les nausées, les ballonnements, les femmes enceintes sont souvent malmenées au niveau digestif. Elles sentent bien qu’elles ne peuvent pas faire exactement comme dans les livres, qu’il faut qu’elles fassent comme elles le sentent. »
Malheureusement, dans une société qui plébiscite largement la minceur, un sentiment de culpabilité peut vite envahir une future maman, surtout si elle prend un peu trop de poids. Pour Laurence Haurat, « ça en devient ridicule », puisque céder à ses envies n’est pas quelque chose de mal en soi. « Il y a une place pour ces envies. Elles existent, elles ont une raison d’être, elles ne sont pas négatives, elles sont là pour apporter quelque chose », assure la spécialiste. Aussi, plutôt que de les stigmatiser, mieux vaut leur faire une place, car la frustration est tout sauf bénéfique. En se privant, on prend le risque de craquer d’un coup, en tombant par exemple dans le pot de Nutella ou la boîte de bonbons. Et là, bonjour l’excès, l’hyperglycémie, les kilos, et surtout la culpabilité, qui vous retire toute la satisfaction d’en avoir mangé.

Aménager ses repas pour faire une place à ses envies

Laurence Haurat propose donc de partir du principe que ces envies ont une raison d’être, et que, puisqu’elles sont là, autant s’adapter et faire avec, pour éviter frustrations et compulsions alimentaires. Elle propose suggère donc de « partir de ce que la femme enceinte ressent et d’adapter les choses pour être le moins loin possible de ses envies et de l’aspect nutritionnel », plutôt que de donner des recommandations idéales qu’elle n’arrivera pas du tout à tenir. L’idée est d’aménager ses repas pour faire une place à ses envies, en gardant une cohérence nutritionnelle et un bien-être psychologique.

Concrètement, comment s’y prendre ?

Pour illustrer cette démarche, Laurence Haurat a pris l’exemple quelque peu extrême du Nutella. Si une femme a très envie de pâte à tartiner au chocolat, elle peut tout à fait l’incorporer à son alimentation le temps d’un repas, à condition de modifier le menu. Plutôt que le traditionnel entrée-plat-dessert, elle peut opter pour une soupe en guise de plat principal, puis se faire plaisir avec quelques crêpes au Nutella en dessert. A base de farine, d’œufs, de lait et de sucre, elles apporteront suffisamment de nutriments. Idem pour la traditionnelle galette des rois, qui est l’équivalent d’un menu entrecôte-frites en termes de portion protéique et glucidique. Si elle est à éviter à la suite d’un repas classique, elle s’incorpore très bien après une salade verte ou une salade de crudités. De cette manière, l’envie est psychologiquement assouvie, sans frustration ni culpabilité, tandis que l’équilibre nutritionnel est à peu près conservé.