Enfant insolent, que changer pour qu’il arrête de nous défier

L’enfant « insolent », nous avons parfois du mal à supporter ce comportement, qui nous désarçonne… Et si nous essayons de comprendre ce qu’il se passe dans sa tête ?

Pour essayer d’être emphatique, je cherche dans ma mémoire des exemples d’insolence entre adultes, et j’ai bien du mal à en trouver. Dans mes relations hiérarchiques, je n’ai jamais vraiment connu de personnes insolentes. Cela est dû aux types d’organisations et de relations entre les collaborateurs : il n’y avait pas la figure du “chef” avec les “petits” employés en-dessous. La hiérarchie était assez horizontale et il régnait un bon esprit d’équipe, grâce auquel chacun pouvait exprimer librement son opinion.

Mais dans un management à l’ancienne avec un chef très autoritaire et des exécutants qui n’ont pas voix au chapitre, cela pourrait se trouver…

En fait, cela dépend de l’attitude du “supérieur” : s’il accepte les voix discordantes et les avis contradictoires, on n’a aucune raison de devenir insolent. On peut exprimer sereinement son propre point de vue.

En revanche, s’il ne supporte pas la contradiction et considère que ne pas être d’accord avec lui, c’est lui tenir tête, on peut voir apparaître des comportements insolents au sein de son équipe.

Avec nos enfants, c’est exactement pareil : un enfant insolent réagit à notre propre attitude de “dominant”.

L’insolence est provoquée par un rapport de force

Si un enfant nous tient tête, s’il nous regarde avec ses yeux noirs sans bouger alors que ça fait trois fois qu’on lui demande de mettre ses chaussures, c’est que l’on a créé, inconsciemment, un rapport de force. Alors que notre objectif premier était simplement qu’il ne sorte pas dans la rue pieds-nus, et comme il n’obéit pas, on finit par sortir de nos gonds et lui hurler dessus dans un unique but : être obéi ! L’obéissance, la soumission devient notre objectif prioritaire, avant même celui que notre enfant ne sorte pas pieds-nus. Braqué, l’enfant se rebelle et refuse de coopérer. C’est l’impasse, et ça veut dire qu’on a loupé quelque chose…

Quand le parent ne se sent pas respecté, il devient autoritaire

C’est un fait : mes enfants ne sont pas souvent insolents avec moi. Pourtant, je le vois, ils peuvent l’être avec d’autres personnes (“Non, je mettrai pas mes chaussures. Na !”). Pourquoi ? C’est l’attitude de l’adulte qui va jouer ici.

C’est un réflexe plutôt naturel que de devenir agressif lorsque l’on sent que notre autorité est défiée. On veut reprendre le dessus, montrer que c’est bien à NOUS de décider. En criant, en menaçant, en jurant…

Alors comment éviter cela ? En prenant du recul tout simplement et en analysant la situation : si ma fille ne met pas ses chaussures alors que je lui demande, ça n’est pas pour me défier. C’est peut-être simplement qu’elle est en train de finir un dessin et qu’elle ne veut pas être interrompue, ou qu’elle veut mettre ses sandales et pas ces chaussures-là. En tous les cas, je ne le prends pas personnellement, elle n’agit pas contre moi. Je ne ressens donc pas le besoin de “gonfler les plumes” pour lui montrer qui est la plus forte puisque ça n’est pas du tout le débat !

En essayant de comprendre ce qui la bloque, et en évitant de me placer dans une relation dominant/dominé, j’évite de rendre mon enfant insolente.

Quand l’enfant se sent agressé, il riposte

Pourtant, ça arrive à tout le monde de déraper !

Après une bonne session d’histoires et un super moment avec les enfants au moment de les coucher, je vois Joy débarquer dans le salon. Fatiguée, je lance un “Non là c’est le moment des parents, tu restes dans ta chambre”. Mais par ma posture et mon ton autoritaire, ma fille a eu vite fait d’interpréter : “Maman s’en fiche de moi. Elle veut que je dégage !”. Piquée, elle a immédiatement riposté : “Et bien puisque c’est comme ça, je reste dans le salon !”. Là, soit je rentre dans la spirale infernale en me lançant dans une guerre d’ego. Soit je prends cela comme une alerte : “Attention, ma fille s’est sentie agressée”.

Prendre du recul par rapport à notre propre colère

Car finalement, elle n’a rien fait de mal. Elle est simplement sortie de sa chambre pour me poser une question (et pas “pour m’embêter”) mais moi, à ce moment là, je voulais un moment calme et je voulais être tranquille. Si cela m’a agacée, c’est de ma faute, pas de la sienne.

Pourtant sur le moment, je lui ai prêté de mauvaises intentions en me disant “Rho ! Elle exagère, elle ne veut pas me laisser tranquille !”, et c’est ça au fond, qui m’a énervée.

Ayant conscience de cela, j’ai pu la prendre dans les bras et la ramener dans sa chambre.

En changeant de point de vue, en comprenant que son objectif n’était pas de m’embêter, j’ai pu adopter un comportement détendu et positif : “Je comprends que tu aies envie de venir dans le salon, mais là c’est le moment des parents. On a beaucoup joué ensemble, on s’est raconté toute notre journée, je vous ai lu trois histoires, TOUT VA BIEN. Je ne t’oblige pas à dormir, tu peux lire ou jouer, mais je te demande juste de rester dans votre chambre, car ce n’est plus l’heure des enfants. D’accord ? “

A ma voix, elle a compris que je n’avais pas pour but de l’humilier, mais juste besoin de me reposer ! J’ai pu lui transmettre ma sérénité et lui faire comprendre qu’il n’y avait pas d’autorité à défier, ni quoi que ce soit.

Changer de point de vue

En résumé, l’insolence de l’enfant est généralement une réaction qui vient en opposition à un parent ou une personne qui cherche à le soumettre. C’est une réaction en chaîne, un cercle vicieux.

En évitant de rentrer dans ce rapport de force, on ne donne pas l’occasion à notre enfant d’être un enfant insolent. C’est donc à nous, parent, d’être vigilant en premier lieu, et de prendre le recul nécessaire pour ne pas prendre personnellement les refus ou le manque de coopération de notre enfant.

Tout le monde est dans le même cas ; alors courage ! Usons de patience et de tact ! Besoin d’un peu d’aide ?