Que faire lorsque son enfant ne mange pas ?

L'enfant qui refuse de manger est une situation oh! combien fréquente. Elle entre dans le cadre de ce que les anglo-saxons appellent avec raison, une "no-win confrontation", c'est-à-dire, une lutte sans espoir de gagner. Comment sortir de cette impasse ?

Pour faire face à un refus de manger, il faut connaître quelques règles générales :

1- La souplesse

La diversification de l'alimentation est précoce de nos jours (2 à 4 mois) mais il importe que les parents proposent des régimes variés et équilibrés sans jamais les imposer. Les légumes, les fruits, la viande, le poisson, le fromage, etc. sont proposés progressivement sans heurter le goût de l'enfant, sans forcer, en acceptant le refus éventuel et en tentant une nouvelle présentation quelques jours plus tard. Il faut reconnaître que la diversification du régime fait plus plaisir aux parents qu'aux enfants. La diversification précoce conseillée de nos jours a deux justifications :

- d'une part éviter les difficultés de sevrage, pratiquement constantes, lorsqu'il est effectué vers 6 ou 8 mois ;

- d’autre part, compléter l'alimentation lactée car le lait ne suffit plus à satisfaire les besoins de l'enfant à partir de 6 mois.

Ce sont ces raisons qui ont amené les médecins à proposer d'introduire plus tôt les nouveaux aliments afin d'habituer les nourrissons. De nombreux enfants se contenteraient bien volontiers d'un menu identique tous les jours. Si celui-ci est équilibré, il n'y a aucune raison de contrarier son désir. Il a toute la vie devant lui pour devenir un gastronome...!

2- Pas de contrainte

Pour donner ou redonner à l'enfant le goût de s'alimenter, il faut éviter toute contrainte dans les horaires, préparer des plats appétissants et les offrir dans un cadre familial agréable et détendu. De nombreux livres de cuisine donnent des idées sur des façons judicieuses et humoristiques de présenter un repas mais un peu d'imagination suffit souvent... Il est certain qu'un repas pris avec des parents dont le regard est rivé sur l'écran du poste de télévision n'est pas très engageant pour un enfant de 8 ou 15 mois qui réclame un échange affectif...

L'organisation d'un pique-nique le week-end est une forme originale de repas. De même, le repas à la maison style "café-au-lait" est souvent très apprécié de l'enfant : chocolat au lait, croque-monsieur ou croque-madame, petites saucisses cocktail, petites cubes de fromage-apéritifs, pizzas, quiches, tartes aux épinards etc...(Eviter les cacahuètes et les amandes chez le jeune enfant en raison du risque d'inhalation).

Qu'on ne se méprenne pas : il n'est pas question de changer les habitudes familiales définitivement, de partir en pique-nique tous les midis et de préparer un cocktail tous les soirs...! Il s'agit uniquement de redonner à l'enfant le goût de manger, de lui montrer que la "table" est un plaisir et non pas un ring de boxe...

3- Un peu de bon sens

La situation doit être dédramatisée et regardée avec lucidité et bon sens.

Dans les sociétés occidentales, les habitudes alimentaires sont de manger beaucoup plus qu'il n'est nécessaire. Les consommations quotidiennes des individus sont presque toujours de 20 à 50% supérieures aux besoins théoriques. Face à ces coutumes, l'individu qui se contenterait du strict nécessaire semblerait ne pas manger suffisamment. Les éléments d'appréciation des parents sont donc faussés à la base. De plus, par rapport aux normes théoriques standards, chaque individu a ses propres besoins. Les écarts entre gros et petits mangeurs peuvent aller du simple au double. Il y a des enfants normaux qui mangent beaucoup et des enfants normaux qui mangent peu. Certains enfants se portent très bien avec un seul bon repas par jour, les autres se résumant à une lente mastication teintée d'ennui... Il n'y a aucune raison scientifique pour obliger l'enfant à manger 3 fois par jour s'il ne le veut pas. Il se pliera de toute façon à cette règle sociale un jour ou l'autre. Ce n'est donc pas la peine d'en faire une occasion de conflit qui s'éternisera sans résultat. De faibles besoins alimentaires allant de pair avec un bon développement et une activité normale sont une preuve d'excellente santé.

4- Calmer l'angoisse

Il faut donc calmer l'angoisse des parents. Il faut qu'ils comprennent que tout n'est pas centré sur l'appétit de l'enfant, sur ce qu'il mange et ce qu'il laisse. Si l'enfant se rend compte que ses parents accordent moins d'importance à la prise des repas, il prendra moins de plaisir à refuser de s'alimenter. Le conseil fondamental à donner aux parents est que, sous aucun prétexte et dans aucune circonstance, ils ne doivent forcer l'enfant à manger. Il faut cesser d'employer la force, la ruse, les jeux etc... Les parents ne doivent plus parler de nourriture devant l'enfant comme si ce sujet, dorénavant, n'intéressait plus personne. Il est raisonnable d'éviter de faire de la grande cuisine. Il est désespérant de passer des heures au fourneau et de voir la mine dégoûtée de l'enfant devant le résultat mijoté avec amour. Des plats surgelés tout faits, des plats simples auront moins d'effets sentimentaux en cas de refus !

Si cette règle est impérative chez le nourrisson, elle l'est encore plus chez l'enfant plus âgé. Si la mère dépose avec brutalité l'assiette devant l'enfant et la lui reprend, encore pleine, avec rage, même sans dire un mot, elle court à l'échec. De même, si elle dit à l'enfant : "Tiens, voilà ta part. Tu manges, tu ne manges pas, cela m'est égal. De toute façon, je te reprends ton assiette dans 10 minutes et tu n'auras rien d'autre à manger d'ici ce soir", le résultat est automatique : l'enfant se bute et ne mange pas. Un enfant têtu est toujours plus fort que ses parents. Il ne faut pas l'affronter de face mais user de ruse ou de diplomatie...

De rares médicaments

Les médicaments ont très peu d'intérêt. Les stimulants de l'appétit ne peuvent servir que d'adjuvants à un changement radical de comportement des parents. Sans cela, toute prescription médicamenteuse est vouée à l'échec …

 

 

Source : Autre presse