"Ma vie d'escort, voilà comment je la vie..."

"J’ai démarré il y a plus de trois ans, tout simplement en postant une annonce sur le net. Ce n’était pas mon rêve de carrière mais j’avais envie d’essayer depuis très longtemps. J’ai franchi le pas durant mes études d’infirmière, j’ai eu mon diplôme depuis.

J'avais du mal à l'avouer

Je n’étais pas dans le besoin, je n’étais pas dans une situation de crise. Pendant neuf mois, j’ai été infirmière et escort mais c’était trop compliqué de gérer les deux. Quand je venais de terminer une garde, j’étais épuisée. On entend souvent des clichés, comme quoi on ne choisit pas ses clients. Pour moi, la question n’était pas ‘comment faire pour coucher avec un mec vieux?’. Je me voyais plus libre d’accepter ou pas un client en étant escort, alors qu’en tant qu’infirmière, même si tu peux avoir des patients infernaux, tu es obligée de les soigner. Au début, j’ai eu du mal à le dire. Aux amis proches qui connaissaient ma sexualité, j’avais expliqué que c’est un métier qui me tentait. Je leur ai expliqué que j’y avais pris goût, désormais ils rigolent quand je raconte ma journée. Par contre, j’ai des copains qui s’inquiètent, qui trouvent que ce n’est pas ‘normal’. Mon père et mon frère ne sont pas au courant, ma mère si. Quand je lui ai annoncé, elle l’a très mal pris. Aujourd’hui, on n’en parle pas spécialement, elle ne me pose pas de questions. Je comprends totalement, et je n’ai de toute façon pas envie de lui raconter ma vie sexuelle. Mon père et mon frère ne sont pas trop curieux, quand ils me demandent ‘ton boulot, ça va ?’, je réponds oui, et cela leur suffit.

Des centaines d'appels par jour

Quand j’étais infirmière, je travaillais en clinique et je gagnais bien ma vie. Combien je touche aujourd’hui? Je ne cours pas après l’argent, mais on va dire que c’est un métier qui me permet de faire peu de rendez-vous et de vivre dans un certain confort. Pour moi, ce métier doit rester un plaisir. Si je suis fatiguée, je ne travaille pas. Je reçois en général 100 appels par jour, je fais passer en priorité mes habitués.

Mes habitués, ce sont des hommes que je vois régulièrement mais cela peut être aussi quelqu’un que je vais rencontrer une fois par an. On se retrouve soit chez eux, soit à l’hôtel. Il m’arrive parfois de louer une chambre d’hôtel si le client ne veut pas que sa femme s’en aperçoive. Chez moi, personne ne vient jamais, c’est mon espace !Il y a pas mal de rendez-vous où il n’y a pas forcément de sexe, où l’on va parler. Nous ne sommes pas des « vide couilles » ! Me faire jouir est l’objectif de pratiquement la moitié des clients. C’est un truc d’ego. Je m’arrange toujours pour prendre du plaisir, l’idée ce n’est pas juste de me faire ‘sauter’.

Plus de la moitié de mes clients sont mariés

Les ¾ sont en couple ou mariés, ils ont tous les âges mais en général, je refuse les plus jeunes. Je préfère les relations avec des hommes de 35-40 ans, ils sont moins dans la performance sexuelle, ils recherchent des trucs gentils, me massent, me câlinent. La plupart me contactent par téléphone. Si on est sur de bonnes bases tous les deux, et qu’ils acceptent mes conditions, je les rencontre. Mes conditions : pas de fellation sans préservatif et pas de sodomie. Beaucoup me demandent de réaliser leurs fantasmes, mais je ne sens pas de frustration sexuelle chez ces hommes, comme on peut parfois l’entendre dire. Moi, je suis hyper banale, je ne suis pas une star du porno, mon endroit préféré c’est le lit !

Côté vie perso, j’ai déjà été en couple. Quand je suis avec quelqu’un auquel je tiens, je ne mens pas. Mes amants savent ce que je fais. Je n’ai pas de projet à long terme, je ne me dis pas qu’à 30 ans j’arrêterai, je serais mariée et que je ferais un enfant ! Pour l’instant, cela me plait, on verra par la suite… En tout cas, je ne me mets pas de barrière..."

Anne-Laure P.
Photo d'illustration