Maroc : deux jeunes filles mineures emprisonnées et bientôt jugées pour homosexualité

Deux jeunes filles mineures, photographiées en train de s'embrasser, ont été emprisonnées le 27 octobre au Maroc. Elles seront jugées vendredi pour homosexualité et risquent jusqu'à trois ans de prison.

Deux jeunes filles mineures ont été emprisonnées le 27 octobre au Maroc, après avoir été surprises en train de s’embrasser. Arrêtées à Marrakech, Sanaa et Hajar, âgées respectivement de 16 et 17 ans seront jugées vendredi pour homosexualité. Une affaire peu surprenante dans ce pays conservateur qui va jusqu’à qualifier de "déviants sexuels", voire d’"anormaux" les homosexuels et qui leur inflige des peines de prison allant de six mois à trois ans.

Omar Arbib, de l'Association marocaine des droits humains a indiqué que les adolescentes avaient "été surprises sur le toit d'une maison du quartier de Hay Mohammadi en train de s'embrasser et de s'enlacer. Quelqu'un les a prises en photo, a transmis le cliché à la famille dont un membre a prévenu la police". Arrêtées le même jour, elles ont été placées en garde à vue et présentées devant le parquet. Sanaa et Hajar seront jugées en vertu de l'article 489 du code pénal qui criminalise "les actes licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe". "Nous avons désigné un avocat pour les défendre", a ajouté le militant. 

L'homosexualité, un tabou au Maroc

Vivre son homosexualité au Maroc, pays tiraillé entre conservatisme religieux et ouverture sur l’Occident, est très difficile. "Malheureusement, aujourd'hui au Maroc, quand on a 15 ans et qu'on commence à se sentir plutôt attiré par les hommes, on est perdu. Il n'existe aucune référence, aucun modèle. Il n'y a pas de visibilité gay. On se sent isolé. Il y en a qui croient être les seuls. Dans ces conditions, il est difficile de s'accepter comme tel. On se dit alors qu'on est peut être bisexuel ou que c'est passager…" confie un Marocain trentenaire à L'Observatoire international, une association indépendante non gouvernementale qui s'occupe des nombreux cas de violation des droits de l'homme dans le monde, particulièrement au Maghreb.

En 2010, la sortie de Mithly, premier magazine gay marocain, avait fait polémique. Comme le souligne Rue 89, la version papier avait été tirée en 200 exemplaires, imprimés à Rabat dans le plus grand secret.

 

Source : autre presse