Comment réagir face à un jeune enfant qui tape, mord et se met en colère ?

Dans son livre Vivre heureux avec son enfant, Catherine Gueguen aborde la question des enfants faisant preuve d’agressivité, qui tapent, mordent et font des colères.

Les adultes reproduisent souvent avec leur enfant les méthodes d’éducation qu’ils ont vécues et qui pourtant sont la source de leur anxiété, d’une perte de confiance, d’une mauvaise estime de soi. Ils n’ont pas conscience que leur mal être vient de là et ont donc tendance à élever leur enfant de la même façon, sans s’interroger. Pourtant, il est tout à fait possible d’élever des enfants autrement pour le bien de tous, enfants et parents.

Catherine Gueguen propose 11 points pour réagir face aux situations d’agressivité de la part des enfants, sans cris ni punitions.

1. Connaître les étapes du développement du cerveau des enfants

Le petit enfant n’est pas « mauvais ». Il a seulement un cerveau immature qui le pousse à réagir « instinctivement » quand il se sent menacé, en danger ou quand ses besoins ne sont pas satisfaits.

La partie du cerveau qui contrôle nos impulsions, nos émotions, le cortex préfrontal, et les circuits neuronaux reliant le cortex préfrontal au cerveau archaïque (=émotionnel) ne commencent à être mature qu’à partir de 5 ans.

Avant 5 ans, l’enfant ne peut pas contrôler ses émotions : il est incapable de prendre du recul sur ce qu’il vit. Un petit enfant vit les émotions avec beaucoup plus d’intensité que les adultes.

Catherine Gueguen fait référence à la capacité de « réévaluation » des adultes : quand nous sommes confrontés à une difficulté, une frustration, une peur, un conflit relationnel, une colère, nous avons la capacité mentale de donner une autre signification à la situation que nous vivons : raisonner, s’apaiser, revoir notre attitude, repenser notre façon de percevoir l’autre, se mettre à sa place, trouver des solutions pour améliorer la situation.

Cette réévaluation implique des structures cérébrales qui sont encore immatures chez les enfants de moins de 5 ans.

2. Quand l’enfant a des gestes agressifs 

L’arrêter avec douceur. Ne pas en faire un drame, ne pas en rajouter.

Expliquer posément, avec peu de mots les risques d’une telle attitude.

Quand il y a danger, l’éloigner physiquement du danger.

Parfois, attirer l’attention sur quelque chose qui l’intéresse, jouer, faire preuve d’humour, rire ensemble.

3. L’enfant a besoin d’être apaisé

Lors d’une grosse colère, quand l’enfant jette ses jouets, tape, mord : rester présent et calme. Une attitude sereine, un regard et une voix douce calment l’enfant.

C’est donc l’adulte par son attitude calme, tendre et empathique qui permet à l’enfant de ne plus être agressif.

Parfois, l’enfant est submergé par ses émotions et n’est pas approchable. Au contraire, les tentatives de contact physique ou de discussion font redoubler sa colère. Dans ce cas, l’adulte restera présent, calme, sans faire de commentaires.

Quand l’entourage comprend l’enfant, sait l’apaiser, ces épisodes impulsifs diminuent pour se raréfier vers 5-7 ans. L’adage populaire situe l’âge de raison à 7 ans à juste titre. – Catherine Gueguen

4. Si l’enfant est approchable, avoir des gestes d’apaisement, tendres.

Parler pendant la colère, tenter de raisonner l’enfant est inutile, il n’écoutera pas tant que la colère durera. En revanche, un câlin, une caresse, des mots doux peuvent déclencher la sécrétion d’hormones du bien-être et apaiser l’enfant.

5. L’enfant a besoin d’être compris dans ses émotions et guidé

Une fois la colère apaisée, mettre des mots sur les émotions. Le petit enfant manque de mots pour exprimer ses émotions, et notamment la colère ou la peur qui sont la plupart du temps à l’origine des comportements agressifs. Quand des adultes mettent des mots sur ses émotions, il apprend le langage émotionnel. Parler à l’enfant de façon simple, claire, lui lire des histoires où l’on nomme les émotions lui donnent des outils pour s’exprimer et remplacer les coups, les insultes, les morsures par des mots.

« Tu étais très en colère, non ? Je comprends que tu sois en colère et tu as le droit de te mettre en colère. Même quand on est en colère, on ne mord pas, on ne jette pas et on ne tape pas non plus. »

« Tu étais très en colère parce que je me suis occupé(e) de ton frère et pas de toi. Est-ce cela ? Tu peux me le dire avec des mots. »

Comprendre et apaiser ne signifient pas laisser faire, ni approuver la conduite de l’enfant.

6. L’enfant a besoin de confiance dans ses capacités pour progresser

Puis terminer en disant : « Tu vas apprendre à faire autrement, je te fais confiance, tu vas y arriver« . Très peu de mots sont nécessaires. Faire des leçons de morale agace les enfants.

7. Attitudes qui renforcent l’agressivité des enfants

Crier, menacer, punir, humilier, faire les gros yeux

8. Ne pas dévaloriser l’enfant

Dire « Tu es méchant/ tu es bête/ ça ne va pas la tête ?/ qu’est-ce qui te prend ? » le dévalorise, l’humilie et lui fait perdre confiance en lui.

A la place, l’adulte peut donner un cadre et des repères avec empathie, bienveillance dans un langage personnel.

« Cela ne me convient pas, je ne suis pas d’accord du tout quand je t’entends dire/ quand je te vois faire… Tu vas apprendre à faire autrement/ tu vas apprendre à dire avec des mots/ tu sais demander les choses avec respect alors je m’attends à ce que tu le fasses… ».

9. Phrase incompréhensible pour le petit enfant : « Réfléchis à ce que tu viens de faire »

Le plus souvent, en dessous de 5 ans, l’enfant n’a pas encore la maturité cérébrale pour analyser ses actes, son comportement et prendre du recul.

10. Lorsque l’enfant se met souvent en colère

Essayer d’en trouver les causes :

- quels sont ses besoins non satisfaits ?

- a-t-il besoin de plus d’attention, de plus d’écoute, de calme ?

- a-t-il faim ?

- souffre-t-il (allergie non détectée, petite infection, maladie) ?

- est-il fatigué ?

- s’est-il assez dépensé ?

- son alimentation est-elle équilibrée (trop de sucres ou d’additifs peuvent engendrer des comportements hyperactifs) ?

- a-t-il assez d’espace de liberté et de choix pour expérimenter son autonomie ?

11. Solliciter l’intelligence et la créativité des enfants, en dehors des moments difficiles, de manière préventive

Parler tranquillement avec les enfants, leur demander ce qu’ils pensent de la situation en rassurant sur l’amour, sur la confiance, exprimer les sentiments personnels en messages Je :

« Je me fâche contre toi tous les matins. Quand je vois que tu ne te presses pas, je suis inquiète, j’ai peur que tu arrives en retard à l’école et que tu te fasses punir. Cela me stresse aussi car les professeurs vont penser que je ne sais pas t’élever. J’aimerais vraiment que cela se passe mieux entre nous. Comment pourrait-on faire tous les deux ? As-tu des idées ? »

 

Source : apprendreaeduquer.fr