Aujourd’hui, un grand prématuré a plus de chances de survie

En vingt ans, la prise en charge des bébés prématurés s’est nettement améliorée. Les enfants ont plus de chances de survivre, sans séquelles graves. Une étude de l’INSERM vient de le montrer.

L’étude Epipage 2 (Etude épidémiologique sur les petits âges gestationnels), dont les premiers résultats ont été révélés ce mercredi 28 janvier 2015, s’est intéressée aux grands prématurés, ces bébés nés avant les sept mois de grossesse (soit 31 à 32 semaines d’aménorrhée c’est-à-dire sans règles).

Ces enfants représentent 1 % des naissances, soit 8 000 à 8 500 bébés chaque année. Ce chiffre monte entre 10 000 et 12 000 si on inclut les enfants morts-nés.

Les chercheurs de l’Inserm ont focalisé leur travail sur une cohorte de grands prématurés nés en 2011, dans 25 régions françaises. Ils vont les suivre au moins jusqu’à l’âge de cinq ans, l’objectif étant d’aller jusqu’à l’adolescence si les financements suivent.

Nette amélioration des chances de survie à partir de la 25e semaine d'aménorrhée

Les premiers résultats, publiée le 26 janvier dans la revue Jama pediatrics, sont très encourageants pour les enfants nés à partir de la 25e semaine d’aménorrhée.

« Par rapport à la première étude Epipage 1 de 1997, la survie de ces grands prématurés s’est améliorée de manière très significative. Ils sont plus nombreux à survivre, sans séquelles néonatales graves », se réjouit le Dr Pierre-Yves Ancel, médecin épidémiologiste, responsable de l’équipe de recherche.

Par rapport à 1997, la proportion d’enfants nés sans problème médical majeur a augmenté de 14 % pour les prématurés entre la 25e et la 29esemaine, et de 6 % pour les enfants nés entre 30 et 31 semaines d’aménorrhée.

Plusieurs explications à cette amélioration

Les bébés, dont la mère a reçu un traitement par corticoïdes avant leur naissance, de manière à favoriser leur maturation, sont plus nombreux.

De même, le traitement surfactant qui aide les poumons à se développer a été généralisé.

Enfin, les futures mères dont l’accouchement menaçait d’être prématuré ont été transférées dans des maternités de type 3 (disposant d’une réanimation néonatales) dans une proportion plus grande. De fait, 80 à 85 % des grands prématurés d’Epipage 2 sont nés dans ce type d’établissement.

Cela reste très délicat pour les très grands prémas

En revanche, pour les très grands prématurés (les bébés nés entre 22 et 24 semaines), l’étude ne montre pas d’amélioration notable de leurs chances de survie. Le pourcentage d’enfants nés avant 24 semaines ayant survécu n’est que de 0,7 % alors que le taux de survie atteint 31 % pour les bébés nés à la 24e semaine et grimpe à 99 % pour ceux qui atteignent 32 à 34 semaines.

Cette période critique de 22 à 25 semaines est toujours considérée par les obstétriciens et les pédiatres comme une « zone grise », selon l’expression du Dr Jean-Christophe Rozé, responsable de la réanimation néonatale au CHU de Nantes.

Faut-il prendre en charge le bébé, au risque de le voir grandir lourdement handicapé ? Toutes les équipes n’ont pas la même pratique. « Cela mérite un débat sociétal », estime le Dr Rozé.

De son côté, Charlotte Bouvard, fondatrice de l’association SOS prémas et très impliquée dans l’étude Epipage, a dénoncé un accueil et un accompagnement des familles inégal d’un hôpital à l’autre. En termes d’accompagnement, « il y a des disparités territoriales qui sont inacceptables », a-t-elle déclaré.

 

Source : santemagazine.fr