Loi sur l`adultère en Côte d`Ivoire : quand la femme est sévèrement réprimée

Il y a quelques semaines, la toile ivoirienne a été secouée par un nouveau buzz : la « si longue lettre » postée sur la page d’une de nos célèbres chanteuses pour annoncer un heureux évènement. Malheureusement, ce qui était censé être l’annonce d’une bonne nouvelle est devenu un véritable tollé, poussant même la concernée à retirer le post.

La polémique est née du fait la chanteuse en question, Josey (c’est bien d’elle qu’il s’agit) est « accusée de sortir avec un homme marié. Dès lors, de nombreuses femmes « légitimes » se sont senties blessées et consternées que cette dernière soit « fière » de revendiquer cette relation et d’en exposer même le fruit. Josey n’est pas la première « star » à qui cela arrive. On se souvient des cas de Nathalie Koah, Kandet Kanté, Affou Kéita… Bref, les femmes légitimement mariées se sont demandés pourquoi tant de liberté autour des relations dites adultérines ?
Pour éclairer un peu les lanternes de mes tatas et de mes sœurs, la go AHOU a fouillé un peu dans le code pénal, ou du moins a relu son code, pour en sortir un article qui en lui-même lèse la femme et privilégie l’homme : l’article 391.

L’Article 391 du code pénal dispose : « Sont punis d’un emprisonnement de deux mois à un an, la femme convaincue d’adultère, ainsi que son complice.

– Est puni de la même peine le mari qui, dans la maison conjugale commet un adultère, ou qui, hors de la maison conjugale, a des relations sexuelles habituelles avec une femme autre que son épouse.

– Les poursuites ne peuvent être engagées que sur plainte du conjoint offensé. La connivence ou le pardon du conjoint offensé empêche ou arrête toute poursuite et le conjoint offensé reste maître d’arrêter l’effet de la condamnation prononcée contre l’autre conjoint, en acceptant de reprendre la vie commune.

– Les seules preuves admises contre le complice sont, outre le flagrant délit, celles résultant de lettres ou autres pièces écrites de sa main. » Bien. Commençons par le premier paragraphe de cette loi. La femme qui commet l’adultère est punie avec son complice. C’est très bien. Mais qu’en est-il de l’homme auteur d’un adultère et de sa complice ?

Eh bien, On distingue deux situations : Cas d’adultère dans la maison conjugale : l’homme qui commet une relation adultérine est puni. La loi ne pénalise pas sa partenaire. Cas d’adultère hors de la maison conjugale : l’homme qui commet une relation adultérine est uniquement puni lorsqu’il le fait de façon habituelle avec une femme autre que sa femme légale. Les conséquences sont alors vite tirées. En effet, un homme qui trompe une fois sa femme ne commet pas l’adultère selon le législateur ivoirien. Oui, vous ne rêvez pas ! La loi excuse explicitement l’homme qui aurait commis un tel acte. Et, comme les gens se plaisent à le dire : « une fois, ça ne compte pas ». Il faut préciser que, là encore, la complice n’est toujours pas sanctionnée.

Par ailleurs, en considérant notre société de mœurs en complète déliquescence avec les relations homosexuelles et le mariage pour tous légalisé sous certains cieux, on pourrait être amené à se demander ce qu’il en est de l’homme qui trompe sa femme avec un autre homme. Au regard de notre loi, un tel acte n’est pas répréhensible. L’adultère ne prend en compte que les relations extra-conjugales entre un homme et une femme. Ce texte va encore plus loin en déséquilibre dans son troisième paragraphe. À la lecture de celui-ci, rien ne semble bizarre outre mesure. Mais, à l’analyse, on se rend compte que dans le cas où une femme aurait trompé une fois son mari, cette dernière est mise au même pied d’égalité qu’un homme qui l’aurait fait de façon répétée devant le juge. Ce dernier peut ordonner la connivence et arrêter toute poursuite de l’un des plaignants. C’est bien dommage ! En tout état de cause, tous ces points soulèvent énormément d’interrogations sur la parité des peines infligées en cas d’adultère entre l’homme et la femme et sur l’adéquation des textes avec nos réalités et notre actualité.

Une chose est sûre, l’adultère est punissable et réprimé. On peut même faire de la prison pour cela. Il va falloir, dans ce cas, fournir des preuves pertinentes : photos, reçus, documents prouvant, par exemple, que la personne accusée loue ou a acheté une maison dans laquelle il entretient des relations sexuelles « habituelles » avec quelqu’un d’autre. Les femmes, on se connaît. On prend tout pour faire affaire. Il ne faut pas gaspiller les balles.

Les suggestions sans fondement et les jalousies « mal placées » ne sont pas prises en compte. En tout cas, cette loi sur l’adultère n’est pas en faveur de la femme, car elle est sévèrement réprimée par rapport à l’homme, qui a tous les moyens pour se faufiler sans être puni. Ne dit-on pas qu’il faut connaitre la loi pour mieux la violer ?

Ce texte est visiblement d’inspiration machiste. Il est injuste, déséquilibré, inégal et digne des conceptions moyenâgeuses que la go Ahou se doit de pointer du doigt en espérant une urgente réforme dans ce sens. C’est le moment d’interpeller nos tatas qui sont à l’Assemblée Nationale. C’est bien d’être députée et voter « non » à certaines lois. Votre mission en tant que représentante du peuple et surtout des femmes, est aussi de proposer des projets de lois et/ou de reformer les existantes. En attendant que nos modestes voix soient entendues, mes gos, vous êtes libres de porter plainte pour adultère ou pas. C’est prévu par la loi et c’est votre droit !!!

 

Source: cotedivoire.ureport.in

Article basé sur un sondage par UNICEF