Apolline Traoré / Réalisatrice :``Le racket aux frontières est systématique en Afrique de l`Ouest``

Corruption, violences, trafics... « Frontières », le dernier film de la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré dresse un constat sans appel sur les ratés de l'intégration ouest-africaine.

Dakar-Lagos : à vol d’oiseau, la distance représente à peine 2 500 kilomètres, que certains avions couvrent en moins de 6 heures. En bus, le trajet est plus long et surtout plus mouvementé comme l’illustre Frontières, le dernier long métrage de la Burkinabé Apolline Traoré. Le film, trois fois récompensé au Fespaco 2017 (prix Cedeao du meilleur film ouest-africain sur l’intégration, prix Félix Houphouët-Boigny, prix Paul Robeson), déjà présenté dans plusieurs salles d’Afrique de l’Ouest, sort mercredi 23 mai sur les écrans français. Il montre à quel point le principe de libre circulation des biens et des personnes, pourtant établi depuis près de 40 ans dans l’espace Cedeao, est toujours un horizon lointain.

Sur la forme, Frontières se présente comme un road-movie au féminin pluriel. De bus en bus, le spectateur accompagne trois passagères – Adjara, Emma et Sali – qui partent de Dakar pour se rendre à Lagos en passant par le Mali, le Burkina, et le Bénin. Mais la route réserve bien des cahots : pannes, vols, exactions de bandes de coupeurs de route. Sans compter qu’à chaque passage au frontière, il faut donner aux douaniers quelques billets, ou offrir un peu plus en ce qui concerne les voyageuses…

Des collectes pour les douaniers

« L’idée du film a germé il y a plus de trois ans, nous explique Apolline Traoré. A l’époque, on parlait énormément des difficultés des migrants africains qui voulaient se rendre en Europe, mais très peu des personnes qui cherchent à se déplacer sur le continent. Pourtant, elles rencontrent aussi énormément de problèmes. »

 

Source : jeuneafrique.com