Une pionnière du Rotary s`invite à la Banque mondiale

Pour célébrer la Journée internationale des femmes  Marie-Irène Richmond-Ahoua a été invitée le 07 mars 2018 à effectuer une intervention au siège de la Banque mondiale à Washington.

Elle mettra notamment en avant le rôle qu’elle a joué en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la polio. Pour le Rotary d’Afrique de l’Ouest, Marie-Irène est une pionnière et son parcours est des plus singuliers. Membre du Rotaract de 1985 à 1990, elle souhaite ensuite rejoindre le Rotary. Celui-ci n’admettant les femmes que depuis 1989 et les mentalités évoluant lentement, les Rotariens ivoiriens sont encore réfractaires à l’idée d’accueillir des femmes dans leurs clubs. Ce n’est qu’après avoir appris qu’elle risquait d’être recrutée par les Lion’s que le gouverneur de district décide d’éviter l’infamie et de lui proposer d’organiser le premier club mixte en Côte d’Ivoire. Très vite, son dynamisme et ses résultats lui permettent de prendre du galon. En raison de son expérience professionnelle, on lui confie en 1995/1996 la communication des clubs de son pays. De là elle est rapidement propulsée à la tête de la commission Polio Plus nationale de Côte d’Ivoire où elle reste jusqu’en 2014. La lutte contre la poliomyélite est une cause qui lui convient parfaitement. Dès 1987, en tant que Rotaractienne, elle avait participé aux campagnes de vaccination. Marie-Irène Richmond Ahoua vaccinant une enfant dans le village d’Adjin en avril 2013. Cette passion trouve sa plus belle expression durant certaines des pages les plus sombres de l’histoire de son pays. En décembre 1999, le pays est secoué par un putsch militaire et le général Robert Guéi prend le pouvoir. Une conférence présidentielle du Rotary prévue en janvier 2000 est annulée. Ce qui inquiète le plus Marie-Irène sont les Journées nationales de vaccination (JNV) qui devaient coïncider avec cette manifestation et qui soudainement semblent compromises. Elle joint le ministre de la Santé qui lui explique que le gouvernement a d’autres priorités que d’organiser ces journées. « Mais pour moi, c’était les enfants ivoiriens qui étaient une priorité », souligne- t-elle. Elle n’est pas désarçonnée pour autant. « Le nouveau chef de l’État étant injoignable pour des raisons de sécurité, je tente le grand coup et je me présente à 9 heures du matin aux grilles de la résidence présidentielle en compagnie de la directrice du Programme Élargi de Vaccination », poursuit-elle. Leur espoir est en fait de rencontrer la Première dame afin qu’elle utilise de son influence auprès de son époux. Se voyant opposer initialement une fin de non-recevoir, elles refusent de partir et obtiennent finalement une audience à 16 heures. Les JNV sont sauvées. La crise que traverse le pays s’éternise et les différents postes que Marie-Irène occupent au sein du Plaidoyer à l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) à partir de 2008 l’aident dans sa mission, car ils lui permettent d’accéder aux zones contrôlées par les forces rebelles. Ces prises de risque sont motivées par les sentiments qu’elle éprouve à l’égard des Ivoiriennes. « J’ai une grande admiration pour ces femmes valeureuses qui sont analphabètes et vivent dans une extrême précarité, mais qui se battent pour envoyer leurs enfants à l’école », explique-t- elle. Dernière consécration en date pour Marie-Irène : un mandat de gouverneur du district 9101 en 2015/2016—encore une première pour une femme. Ils sont environ 600, y compris le vice-président de la Côte d’Ivoire à assister à sa cérémonie de passation des pouvoirs. Sa réputation lui permet d’ailleurs d’obtenir un soutien financier significatif de la part du gouvernement. De surcroît, dans un monde encore dominé par les hommes, elle réussit à éviter certains écueils. « Je me mets au-dessus de beaucoup de choses et, en particulier, des querelles de personnes », dit-elle, très philosophe.