Les femmes noires aux Etats-Unis sont plus touchées par la mortalité maternelle et cela est inacceptable

Une enquête choc de Libération montre qu'une ségrégation médicale perdure aux Etats-Unis. L’étude révèle que les femmes noires sont plus touchées par la mortalité maternelle que les femmes blanches. Ce fossé racial est encore plus marqué à New-York…

Le quotidien Libération a publié une enquête le 4 février dernier qui s’attache à étudier le taux de mortalité maternelle aux Etats-Unis. D’abord, il en ressort que ce taux est très élevé en général. 700 à 900 femmes meurent chaque année pendant l’accouchement, soit trois fois plus qu’en France, tandis que 50 000 d’entre elles souffrent de complications entraînant des séquelles à vie (d’après les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques).
C’est donc aux Etats-Unis - première puissance mondiale - que l’on trouve le taux le plus élevé de mortalité maternelle comparé aux autres pays riches. Ensuite, ce qui est encore plus alarmant, c’est que l’on observe dans ces chiffres une disparité raciale effarante entre les femmes noires et les femmes blanches. Ce terrible constat est d’ailleurs très marqué à New York où les femmes noires meurent 12 fois plus que les femmes blanches, notamment à Brooklyn.

Voilà pourquoi ces chiffres sont révoltants. Selon l'institution, "le risque de mortalité due à la naissance est 3 à 4 fois plus élevé chez les femmes noires que chez les blanches" et, "une femme noire de poids normal présente encore deux fois plus de risques de complication qu’une femme blanche obèse".

Alors pourquoi cette différence ?

Selon les experts, les causes sont sociales et médicales. L’obésité, les maladies cardiovasculaires, les difficultés d’accès au système de santé, l'absence de congé maternité obligatoire... tous ces facteurs participent à la mise en danger de la vie de la mère. Ce sont des maladies qui touchent toutes les femmes. Mais ces facteurs ne suffisent pas à expliquer cet écart glaçant entre les femmes noires et les femmes blanches. Il semblerait que la ghettoïsation de certains hôpitaux participe à cet écart scandaleux et soit à l’origine du fossé racial. A Brooklyn par exemple, dans certaines zones qui échappent encore à la gentrification, et où il y a une forte population noire, l’état des hôpitaux “pousse au désinvestissement général : moins bien équipés et financés, ils sont moins attractifs pour le personnel de santé.” comme l’explique le Dr. Deborah Kaplan. Et d’ajouter : "Les inégalités raciales sont ancrées dans l’histoire de ce pays. Les quartiers où vit en particulier la communauté noire ont souffert d’un désinvestissement public ciblé. Cela a contribué à rendre notre ville très ségréguée." Face à ce terrible constat, la lutte s’organise. Des New-Yorkaises se sont mobilisées en créant le collection Black Mamas Matter ("Les Mamans noires comptent"). Il vise à aider les jeunes mères en interpellant les acteurs de la santé mais aussi le Congrès et en leur proposant un meilleur suivi médical.
Ce système de santé à deux vitesses est inacceptable encore aujourd’hui, en 2018 !

Le cas de la famille Walker

"On ne sait pas, on ne sait pas, on ne sait pas… Cela fait deux mois que Tanesia est morte, et on ne sait toujours pas pourquoi." Voilà l’atroce incompréhension d’une famille qui a perdu Tanesia, qui était jeune et en bonne santé, décédée 20 heures après son accouchement, dans un hôpital à Brooklyn comme le rapporte Libération. Pour eux, une chose est sûre, “Si Tanesia avait été blanche, elle serait encore en vie.”
Un autopsie a été réalisée, comme après chaque décès postopératoire. Mais deux mois plus tard, la famille attend toujours les résultats “On nous laisse avec nos doutes et nos spéculations” confie le père. La famille veut porter plainte contre l’hôpital, et l’affaire se réglera sûrement avec “un gros chèque” comme le rapporte Libération.

L’usure physique comme conséquence du racisme latent

"Le racisme intrinsèque à notre société représente une source chronique de stress, (...) La crainte des violences policières, les discriminations au travail ou au logement, la ségrégation : tout cela s’accumule pour fragiliser la santé des femmes noires.” explique l’activiste Elizabeth Dawes Gay. Arline Geronimus, chercheuse à l’université du Michigan, s’intéresse depuis des années à une détérioration biologique et physique qui serait les conséquences du racisme.
Parmi ses nombreuses études réalisées sur le sujet, une des conclusion est stupéfiante : “ l’organisme d’une femme noire de 50 ans paraît en moyenne sept ans et demi plus vieux que celui d’une femme blanche du même âge.”
Selon elle, cette “usure physique” devrait être prise en compte par la médecine qui devrait adapter son diagnostic en fonction de cette donnée. Comme l’explique Libération, “en clair : une femme noire de 30 ans devrait être considérée comme étant autant à risque qu’une femme blanche de plus de 35 ans.”

 

 

Source: aufeminin.com