Non, tous les hommes ne cherchent pas forcément une femme plus jeune qu'eux

Nombreuses sont les femmes qui redoutent de ne plus séduire passé un certain âge, convaincues que les hommes n'aspirent qu'à rencontrer des compagnes plus jeunes. Et si elles se trompaient? Témoignages.

Lorsque Nathalie, 46 ans, s'est séparée de son mari, sa première inquiétude a été la suivante: comment pourrait-elle retrouver quelqu'un "à son âge"? Une question qui ne s'est pas posée en ces termes pour David, 45 ans, après son divorce. Et pour cause, explique Nathalie: "Ce n'est un secret pour personne que sur les sites ou applis de rencontres les hommes de plus de 40 ans n'ont aucun mal à séduire des femmes de dix ans de moins alors que l'inverse est rarement vrai."  

Les hommes, comme le redoute Nathalie, fantasment-ils vraiment uniquement sur les femmes plus jeunes qu'eux? Existe-t-il réellement une loi implicite selon laquelle passé un certain âge les femmes ne susciteraient plus l'intérêt de la gent masculine? Pas si sûr à en croire les témoignages que nous avons recueillis. 

"J'étais convaincue que mon âge serait un obstacle"

David, dans un premier temps, l'admet. Lorsqu'il s'est inscrit sur une célèbre appli de rencontre, au moment de renseigner ses critères de "recherche", il a instinctivement cliqué sur la tranche d'âge "25-35 ans". "Une amie qui était avec moi m'a alors sermonné: Pour qui je me prenais? Au nom de quoi je fermais la porte aux femmes de mon âge? Qu'est-ce qui me faisait penser que mes 45 ans allaient séduire des femmes bien plus jeunes que moi? Cela m'a fait réfléchir. Je crois qu'en réalité j'avais surtout oublié mon âge à moi, explique David. J'ai donc enlevé ce critère." Depuis, ce dernier a fait quelques rencontres, "des femmes plus jeunes, d'autres plus âgées". Rien qui n'ait débouché sur une véritable histoire d'amour, mais "ça c'est un autre problème". 

Sandrine, 41 ans, a pour sa part retrouvé l'amour dans les bras de Julien, 37 ans. "On s'est connus chez des amis et c'est vrai qu'au départ, j'ai eu tendance à ne même pas le regarder. Je savais qu'il était un peu plus jeune que moi et oui, je suis, je pense, conditionnée, j'étais convaincue que mon âge serait un obstacle. Mais il s'est avéré que nous avions pas mal de points communs et qu'en réalité, il se fichait pas mal de savoir si j'avais dépassé la quarantaine ou pas." 

"Dans la vraie vie, l'amour se joue de l'âge"

"Je crois qu'il faut distinguer ce qui se passe sur les sites et applis de rencontres de la vraie vie, analyse Lara Rigaud, psychologue. Nous vivons dans une société qui valorise la jeunesse, celle des femmes notamment. Il suffit de regarder les publicités. L'exemple de Lily Rose Depp, 17 ans, qui incarne aujourd'hui un parfum destiné aux femmes bien plus âgées, est emblématique." 

"Pas étonnant donc que certains hommes, si on leur donne le 'choix', tentent de rencontrer des femmes qui leur donneront l'impression d'être également plus jeunes. Sachant que les femmes ne sont pas sur un pied d'égalité sur le sujet. Cette chape de plomb qu'est la ménopause est encore terrible socialement, rappelle Lara Rigaud. Beaucoup se sentent 'périmées' lorsqu'elles arrivent à ce stade de leur vie. Un sentiment renforcé par ce que véhiculent les médias et le cinéma. Mais dans la vraie vie, souvent, l'amour se joue de l'âge. La rencontre, la vraie, ne prend pas en compte la date de naissance." 

"Nous n'étions pas sur la même longueur d'ondes"

Un avis que partage Frédéric, 50 ans, qui vient de rencontrer Christelle, 48 ans. "Bien sûr, la jeunesse est séduisante, bien sûr, le corps d'une femme de plus de 40 ans porte sur lui les stigmates des grossesses ou du temps qui passe. Mais personnellement, cela n'a aucun impact sur mon désir. Après mon divorce, j'ai eu une aventure avec une jeune femme d'à peine 30 ans."  

"J'avoue en avoir éprouvé une certaine fierté, comme si l'avoir séduite prouvait que j'étais encore dans 'le coup'. Mais nous n'étions pas sur la même longueur d'ondes. Elle voulait des enfants, les miens venaient de partir de chez moi. Elle avait envie de sortir, elle avait toute sa vie à construire. C'est finalement moi qui ai mis un terme à notre relation, conscient que nous ne pouvions pas faire de plans à long terme ensemble." 

"Je me suis surtout penchée sur mon désir à moi"

Avec sa nouvelle compagne, Frédéric a trouvé "une complicité, une connivence". "On est passés par les mêmes choses, on sait exactement ce que l'on veut et ce que l'on ne veut pas. Mais ce n'est pas pour autant une histoire 'raisonnable'. Il y a de la passion et je n'ai jamais, je crois, été autant attiré physiquement par quelqu'un. J'aime ses rides d'expression, j'aime ses rondeurs. Elles racontent quelque chose d'elle." 

"Je pense que notre pire ennemie, c'est nous même, en réalité, rebondit Nathalie. J'ai finalement rencontré quelqu'un à partir du moment où j'ai cessé, avec l'aide de ma psy, de penser que j'avais atteint une 'date limite'. Je crois que je m'étais tellement convaincue qu'à 46 ans je ne pouvais plus attirer un homme, que j'envoyais un message très négatif sur moi-même. Surtout, j'ai changé de point de vue. Au lieu d'avoir peur de ne pas séduire, je me suis surtout penchée sur mon désir à moi, sur mes attentes, sur ce que j'espérais de la vie. Il se trouvait que j'avais besoin de me reconstruire, de changer de travail, de voyager. Je ne sais pas si c'est cette démarche qui a provoqué ma rencontre avec Sébastien, mais le fait est que lors d'une formation, nous avons eu le coup de foudre. Ah, et il a exactement mon âge..." 

 

Source : lexpress.fr