Doit-on parler des problèmes de couple aux enfants ?

Certains parents estiment qu’en vertu d’une nécessaire transparence de la communication au niveau familial, il est utile de faire part aux enfants des problèmes rencontrés par le couple. Cette illusoire cogestion nous semble pour notre part dangereuse.

Quelques réflexions à ce sujet :

le risque majeur d’un tel mélange des genres est d’induire chez l’enfant une sérieuse confusion sur sa place dans la famille. Fruit de l’amour supposé du couple de ses parents ( et rappelons qu’il a besoin de construire son identité sur ce dernier ), il se retrouve soudain projeté dans un rôle d’adulte voyeur d’une réalité qu’il n’a pas à connaître mais parce que simplement elle n’est pas audible pour lui en termes de représentation du couple.

Les enfants ne sont pas des grandes personnes en modèle réduit et la paradoxe d’une telle situation de confidence ( vécue souvent de manière tout à fait traumatique par certains enfants comme un véritable viol de leur intimité et de leur image du monde ) est que l’enfant se trouve projeté malgré lui dans une situation d’adulte, par la responsabilité directe d’un adulte qui se comporte lui-même comme un enfant.

le message clair à faire passer à l’enfant est qu’il existe des problèmes d’enfants et des problèmes d’adultes. Si, sur les premiers, vous êtes toujours à l’écoute de ses besoins et de ses questions, respectant en cela le contrat tacite et moral de poursuivre votre rôle de parent, les seconds appartiennent de plein droit aux adultes et il n’a pas à s’en mêler.

l’enfant a besoin de pouvoir rêver le monde avant que de l’expérimenter et lui faire découvrir de manière brutale vos problèmes d’adulte risque de l’empêcher justement de le devenir.

Il est certain pour autant que, s’il est possible de ne pas intégrer l’enfant comme témoin des problèmes du couple, il est parfois plus difficile de le tenir en dehors des manifestations de certaines crises ou disputes. On veillera pourtant à limiter ces dernières à des espaces privés ( il y a peu de choses aussi traumatisantes et aussi peu formatives pour un enfant que de voir ses parents se déchirer ) et, en cas d’éclat, à répondre à ses questions avec un langage approprié et surtout rassurant. N’oubliez pas qu’en lui parlant de vous, vous lui parlez de lui…

Florence Bayala