Mme Fatoumata Jallow-Tambajang devenue vice-présidente en Gambie

Deuxième femme à occuper le poste de vice-présidente en Gambie, Mme Fatoumata Jallow-Tambajang, est considérée par beaucoup de Gambiens comme la figure de proue du combat mené par la diaspora de son pays contre le régime de Yahya Jammeh.

Celle qu’a choisie hier, lundi, le président Adama Barrow pour le seconder, a été l’un des principaux architectes de la coalition de l’opposition qui a terrassé Yahya Jammeh lors de la présidentielle du 1er décembre dernier avant de le contraindre avec l’aide de la CEDEAO à l’exil à Malabo en Guinée équatoriale. 

Fatoumata Jallow remplace sa compatriote Isatou Njie-Saidy, (1997-2017) qui a battu le record de longévité à ce poste dans l’histoire de la Gambie indépendante.

Originaire de Brikama (35 km au sud de la capitale du pays, Banjul) Fatoumata Jallow-Tambang a entamé ses humanités au lycée d’Armitage, avant de s’inscrire à l’Université de Dakar au Sénégal, puis à l’Université de Nice en France où elle obtient un diplôme. 

Maîtrisant l’anglais et le français, Jallow-Tambajang a ensuite fait des études supérieures à l’Université de Bradford au Royaume-Uni. 

Technocrate de carrière, cette femme mariée de 68 ans a à son actif des dizaines d’années d’expérience avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). 


Au PNUD, elle s’est distinguée comme un ardent défenseur de la cause des femmes qui sont généralement désavantagées dans une société gambienne dominée par les hommes. 

Elle s’est également lancée dans la croisade contre mutilations génitales des femmes (MGF), une des pratiques culturelles les plus vivaces au sein de la société gambienne.



Ironie du sort, cette mère de huit enfants a travaillé brièvement en tant que ministre de la Santé et de l’Action sociale, peu après l’arrivée au pouvoir du jeune (28 ans) Yahya JAmmeh en 1994, suite à un coup d’Etat militaire sans effusion de sang qui a renversé le gouvernement de Sir Dawda Jawara qui dirigeait le pays depuis 30 ans. 

Après sa sortie du gouvernement du régime de Jammeh, Jallow-Tambang est allée en exil aux Etats-Unis. 


Durant son séjour à Raleigh en Caroline du Nord où elle vivait avec sa famille immédiate, Fatoumata Jallow a passé tout son temps à lutter pour ‘’débarrasser la Gambie de son système corrompu’’. 

Et pour cause, le régime de Jammeh était devenu aux yeux de l’opinion mondiale synonyme de tyrannie et de violations flagrantes des droits de l’homme, rythmées par des arrestations et des détentions arbitraires, des exécutions sommaires, des disparitions inexpliquées et des actes de torture. 


Sa détermination a conduit à un changement inattendu de mentalité chez ses compatriotes, souvent contraints de rester en exil, en raison des circonstances politiques de leur pays. 

Mme Jallow-Tambajang dépensait l’argent gagné à la sueur de son front à faire des tournées à travers les Etats-Unis et dans d’autres régions où vit la diaspora gambienne. Sur place, elle organisait des séminaires, des conférences et des ateliers de discussions visant à convaincre ses compatriotes à se joindre à son combat visant à renverser le régime de Jammeh par des moyens démocratiques. 

Cette mission apparemment impossible à l’époque a contribué à rendre populaire Fatoumata dans le landerneau politique gambien. 


Cependant, malgré sa popularité, sa nomination à la vice-présidence –qui a été bien accueillie par les Gambiens-- n’a pourtant pas étouffé une certaine controverse au sujet de son âge. 

Les articles 70 (2) et 62 (b) de la Constitution gambienne de 1997 stipulent que le tenant du poste de vice-président ne doit pas avoir plus de 65 ans. 

Il s’agit là d’une situation difficile à gérer pour la nouvelle administration d’Adama Barrow, puisque Mme Jallow Tambajang a trois années de plus que l’âge fixé par la Constitution du pays. 


 

Source: APA