Marie-Brigitte Kla / Styliste : ``Avec Dieu et la Foi, rien n’est impossible``

Selon Pythagore, ''les amis sont des compagnons de voyage, qui nous aident à avancer sur le chemin d'une vie plus heureuse''. Marie-Brigitte Kla, cette jeune dame dynamique avec une grande vision, aimant la mode et ayant décidé de s’y mettre, ne dira pas le contraire. Celle qui, par le biais d’une amie, a découvert les délices et les mirifiques rouages de la mode nous livre un versant de son moi.

Il serait intéressant pour nous, madame, de savoir les circonstances qui vous ont amenée à comprendre que vous étiez faites pour le stylisme?

Le stylisme et moi, c’est toute une histoire. On peut même, sans trop exagérer, en faire un roman. Toutefois, je vous en dirai juste un pan. Pour la petite histoire, j’ai découvert cet univers en 2000 par le biais de Ginette, une amie. Elle m’a proposé d'être candidate, en son temps, à un concours de beauté dénommé Awoulaba. Ce que je fis volontier. Pour participer à ce concours, il fallait absolument répondre à certaines exigences et non des moindres que j’ignorais. Le moment était donc venu pour Ginette, animée que j'étais par la détermination d’y participer, de me présenter Madame Amongoua, une styliste. Et le résultat fut probant puisque j’ai été du trio gagnant et désignée Saraman. Dans les préparatifs du concours et après moult rencontres avec cette dernière et son milieu professionnel, j’ai eu un faible pour la mode. Cette découverte édifiante a été le début d’une belle et fantastique aventure avec la mode. C'est ainsi que j'ai décelé les richesses de ce milieu puis, chemin faisant, j’ai appris à aimer la mode. Madame Amangoua m’a inspirée et donné le goût de la création avec ses modèles sorties de son imaginaire constructif. M’accrochant à elle, j'ai appris énormément de choses. J'ai fait le droit mais compte tenu de la situation de mes parents, j'ai commencé à travailler afin de leur offrir un mieux être. Je me suis donc dit, et bien j’ai eu une bonne perche, pourquoi ne pas la saisir, pourquoi ne pas m'intéresser à la mode. J'ai découvert plus tard que ce talent, qui était tapi dans l'ombre, était véritablement en moi.

A vous entendre, il me vient l’envie de vous demander si vous avez exercé dans le domaine du droit?

Non, je répondrai car je n’y ai pas exercé. Ce n’est pas l’envie de le faire qui m’a manqué mais voyant la situation sociale peu reluisante des parents, il fallait parer au plus pressé. Pour la bonne cause donc, j'ai été assistante de direction d’un groupe français. Je devais, dans la foulée, passer des concours qui, hélas, n’a pas abouti faute de moyen. Dieu aidant, une amie m'a trouvé du boulot que j'ai accepté malgré moi parce que ma situation salariale étant peu enviable.

Quel courage, j’avoue. Où puisez-vous toute cette énergie et ce dynamisme ?

Avec Dieu et la foi, rien n’est impossible. Je suis beaucoup plongée dans le spirituel. Je dois donc tout ce dynamisme, comme vous le dites, à Dieu à tel point que ce que je vais maintenant dire vous surprendra. Mes modèle, souvent, me viennent en esprit.

Dans ces conditions, devons-nous vous appeler styliste ou créatrice de mode?

Difficile tout de même de les dissocier. Pour moi, il n’y a aucun doute que les deux vont de paire. Je suis à la fois styliste et créatrice de mes modèles que je façonne à ma convenance et au goût du client. Quand les idées me viennent, je les mets aussitôt sur papier. Quelquefois, les idées se bousculent dans ma tete. je peux avoir plusieurs idées qui me viennent en tête. Au départ, je ne les notais pas mais les précieux conseils des clientes m’ont permis de le faire. Après, je prends un tissu que j'ai sous la main et puis le pagne s'exprime. C'est bien ce qui me fait dire que je suis créatrice de mode. Autrement dit, je crée mes modèles à moi.

Quelles sont les matières que vous utilisez?

La Côte d'Ivoire est riche de sa diversité culturelle, artistique et industrielle. Elle fabrique de beaux pagnes que j'utilise ainsi que les matériaux que nous avons sur le marché. Il y'a beaucoup de variétés, nous avons nos pagnes que nous fabriquons par exemple le pagne Baoulé, les imprimés traditionnels si vous voulez. Ce sont ces pagnes que j'essaie de valoriser.

Il y a certains stylistes qui utilisent ces pagnes. Qu'est ce qui vous diffère d'eux?

Chacun de nous a sa personnalité, sa touche particulière, son identité qu’il imprime à ses créations. Ma particularité, est l’harmonie et symbiose qu’il y a dans mon mélange de pagnes, mes associations de pagnes que je fais. Et ce que je veux mettre en exergue, c'est faire ressortir le jean. Il est vrai que tout le monde utilise le pagne mais chacun à sa manière de l'utiliser comme il l'entend, comme il le voit. Ma particularité c'est le mélange de pagnes et d'autres choses encore.

De toute votre carrière de styliste, quel moment vous a le plus marquée?

Sans faux-fuyant, c'est le Masa. J'y ai participé et les gens ont vraiment aimé mes productions. Avant le Masa, le premier moment était celui de Port-Bouët au cours duquel je n'avais pas de modèle. J'ai conçu mes modèles à la main et l’assistance a vraiment aimé. Je vous confie que durant cette cérémonie, une dame qui s'est approchée de moi, à cause de mes créations, m'a demandé de participer à son événement. Je lui ai répondu que je n'avais pas de modèle. Sous son insistance, j’ai accepté d’y participer. C’est ainsi que j’y suis allée en faisant les modèles à la main. C'était l’un des plus beaux moments et Ça m'a vraiment marquée. Et le public a tellement aimé que les gens n’arrêtaient pas de me demander. Ensuite vient le Masa auquel je ne m’attendais pas. Il s’agit, sans me tromper, de l'avant dernière édition. J'y ai présenté les modèles en pagne avec du jeans. Grande fut ma surprise! Les gens ont beaucoup aimé. Puis arrive l’étape du pagne Baoulé. Celui-là, Carlos a aimé et les gens aussi par la suite. Cela a propulsé mes modèles sur Google. Je me suis dis tiens: il faut se prendre au sérieux désormais(RIRE). Le dernier tableau c'est ma participation aux jeux de la francophonie où ce n'était que du Jeans. Il fallait valoriser un peu les jeans. J'ai sorti des modèles et j'ai participé. La dame m'a demandé de faire la grande soirée. Je l'ai faite et les gens ont vraiment adoré mes creations. La preuve, dans les loges, ils voulaient les acheter comme de petits pains.

Quelle est votre astuce pour surmonter les difficultés dans votre métier ?

Je suis avant tout très introvertie. Pis, l’on me reproche de ne pas cotoyer les autres. Vu que je suis beaucoup spirituelle, je préfère m'accrocher à mon Dieu. C'est lui qui me guide, m'oriente. Je crée mes modèles et j'essaie de les monter et je les vend ensuite. J'appelle certaines clientes et je les leur propose.

Demandez-vous l'avis de certaines personnes pour créer?

Non! pas vraiment. Dieu est ma seule source d’inspiration et mon éclaireur. Il m’est donc difficile de m’adresser à des gens en dehors de lui. Et c’est sure qu’en m'adressant à Dieu, lorsque je sors un modèle il va plaire parce que Dieu déjà m’a convaincue. Alors j'appelle, je montre à la personne à qui c'est destiné. Elle essaie et la cliente aime. Si je n'aime pas, elle ne va pas aimer.

Pour en revenir au concours de beauté, quel souvenir gardez-vous de Awoulaba?

J’en garde de tres bons souvenirs vu que tout est parti de là. J'ai singulièrement gardé de bons souvenirs de l’ambiance dans les loges avec mes concurrentes. C'était une belle expérience. Je retiens que je n'ai pas eu peur du public et reconnaissons que ce n'est pas facile pour quelqu'un qui surtout est introverti, réservé. J'étais, en retour, très anxieuse, difficile de m'arracher des mots. Je me rappelle la finale, ça n'a pas été facile avec tout ce monde. Avec les conseils des encadreurs, le staff qui te remonte le moral, tout s’est bien passé heureusement. A la finale, je me croyais la Awoulaba nationale malheureusement il y avait d'autres critères qui ont joué en ma défaveur mais j'ai été saraman. Quelques jours plus tard, la première Dame nous a reçu. Après, ce fut au tour de certaines personnalités de nous recevoir . Ce sont des souvenirs marquants qui sont restés gravés dans mon cœur.

Quel est, selon vous, l’un des secrets pour réussir dans le domaine de la mode ?

Il est des fondamentaux dont il faut tenir compte pour évoluer et se stabiliser dans notre milieu. Les premiers éléments sont la persévérance et la patience. A cela, ajoutons la vision que tu te donnes à travers les objectifs que tu te fixes.

Que diriez-vous à nos lecteurs qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure?

Je le disais tantôt et je le réitère, que les candidats à l’aventure soient persévérants, qu'ils soient patients, qu'ils aiment par dessus tout ce qu’ils font, c’est-à-dire le métier. Parce que c'est un métier noble, tu t’y mets à fond en te donnant pour pouvoir gagner décemment ton pain. En un mot, il faut une dose d'amour, de la passion pour y arriver.

Revenant à la notion de vision, tu te poses les questions idoines qui donnent une orientation véritable à ton champ d’actions. C’est par exemple se demander: Qu'est ce que je veux devenir dans ce métier là? Un simple couturier? Un styliste? Tout dépend donc de ce que tu te dis et des moyens tu te donnes pour les réaliser. C'est l'homme même qui se donne les moyens. Je demanderais à ceux qui veulent se lancer dans ce domaine, de vraiment aimer la chose parce qu'il faut aimer ce que tu fais. Quand tu aimes ton métier, ta profession, cela se remarque tout de suite par l’expression de ton visage, ton attitude, je dirai ton être. Et les résultats sont visibles et ne se font pas attendre. Quand tu n'aimes pas c'est difficile, tu n'as pas de bons résultats.

Vos projets futurs ?

Il me plairait bien d’aller au-delà des frontières ivoiriennes pour vendre la mode made in Cote d’Ivoire. Mon ambition première, est d’ouvrir une boutique aux Etats-Unis, en France. Il faut regarder devant et avoir une vision. La mienne est grande. Mon projet immédiat est d’ouvrir des boutiques en Côte d’Ivoire et à l’extérieur du pays. Le marché n'est pas facile mais moi je vais y aller parce que j'ai foi en mon Dieu. Pour qu’on parle de ma marque MB Design.

Préparez-vous un défilé?

Carlos Hazel  est un maillon clé de ce que je suis aujourd’hui. Et si je prépare mon événement en ce moment, c'est grâce à cet grand homme, Carlos. Il m'a dit mais tiens, tu fais de belles choses pourquoi ne pas faire ton événement? Je lui ai rétorqué que ce n'est pas facile. Il a su avoir les justes mots pour me galvaniser en terminant par ”tu peux y arriver”. Avec lui nous préparons activement l'événement. Ça sera une réussite. Ceux qui viendront verront.

Des dates en vue?

Une seule date et c’est le 10 février 2018 dans une cadre somptueux et sélect d’Abidjan avec une centaine de tenues.

 

Florence Bayala