Yann Virginie / Productrice de The Muse : ``le métier de mannequin est noble et va au delà de certains clichés``

“Le plus grand plaisir dans la vie, selon Walter Bagehot, est de réaliser ce que les autres vous pensent incapable de réaliser”. Yann Virginie a donné à ce dicton tout son sens et toute sa valeur.

Anciennement top model, Yann Virginie, femme audacieuse et déterminée, s’est reconvertie en Chef d'entreprise et productrice d'émission. Nous l’avons rencontrée pour vous afin qu’ensemble, nous profitions des péripéties de ce changement de domaine on ne peut plus atypique.

Vous n'êtes plus mannequin?

Il serait incommode d’affirmer que je ne le suis plus. Je dirai que, par moment, je défile pour certains stylistes. Seulement, mon contact avec le “T” n'est plus comme avant où j’en faisais vraiment mon boulot. Ce n’est plus le temps où je défilais avec tout le monde dans une chorégraphie à la fois harmonieuse et homogène dans laquelle la symphonie des couleurs et des déhanchements sublimes s'entremêlait.

Etre Top model, que de pas à franchir pour être au sommet. Dites-nous, comment ce milieu du mannequinat vous a-t-il ouvert ses bras?

“Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure”. Cette pensée de Steve Jobs a résonné en moi depuis l’adolescence. Et depuis, j'étais plus obnubilée par cette idée, ce métier de mannequinat, singulièrement, lorsque j'étais étudiante à Bouaké. C’est ainsi qu’à lauré de la crise, je suis allée de Bouaké. Nonobstant cette période difficile, mon faible pour ce domaine allait crescendo. Le métier m'intéressait davantage. J'ai alors commencé par la publicité et au fur et à mesure, la providence aidant, j’ai rencontré de bonnes âmes, au nombre desquelles personnes figure Garo Hasbanian, qui cahin caha m'ont coachée.

Pour exceller dans un milieu, dit-on, il faut avoir du cœur à l’ouvrage. Êtes-vous, aujourd'hui, à votre aise avec l'image glamour qui vous colle à la peau?

La plus belle couleur au monde est celle qui vous va bien. Etre glamour, est, ma foi, relatif et dépend de l'idée que l’on se fait de ce terme. Il serait, dans ce cas, bienséant de répondre aux interrogations du type que signifie le thème glamour? Faut-il regarder dans les yeux d'une personne pour décréter qu'elle est glamour? Voyez-vous, le glamour d’une personne n’existe que dans le regard de celui qui admire et apprécie. Moi je peux trouver quelqu’un glamour et vous non. On peut donc dire qu'on est glamour mais c’est vraiment relatif.

Le monde du mannequin est-il stressant? Quelle est l'ambiance entre les mannequins? 

Comme tout milieu, il y a des hauts et des bas. Sinon, j’estime que Ça va entre les filles. Et vous êtes sans savoir que partout où il y a des filles, il y'a des crêpages de chignon (rire) mais c'est tout. Il y'a, je dirai, une bonne entente.

Du mannequinat à l’entrepreneuriat, que de pas franchis. Aujourd’hui vous êtes à la tête de votre propre structure. Parlez nous de “Axiome”.

“Axiome”, est une vie, une longue histoire et une aventure fascinante qui a connu ses lettres de noblesse après l’organisation réussie de l'Event, le mariage de Kolo Touré qui nous a été confiée. C’est effectivement cet événement exceptionnel qui a révélé Axiome en la mettant sous les feux des projecteurs. Sinon, la structure à 8 ans de présence dans le monde de l'événementiel, de gestion et de communication. On a, à notre actif, plusieurs événements notamment dans le numérique. C’est principalement “les journées de l'entreprise numérique”.

Vous venez de mettre sur pied une télé réalité qui s’intitule “The Muse”. Un bref résumé?

“The muse” puise sa source du mannequinat. C’est une émission qui met en compétition des jeunes filles, les unes aussi ambitieuses que les autres, désireuses de devenir mannequin. Trois coachs sont chargés de retrouver un mannequin qui sera l'égérie de la mode. C'est dire que celle qui sera la gagnante de l'émission sera une égérie pour toutes les publicités, en même temps elle aura les rudiments nécessaires pour embrasser ce métier mais de façon professionnelle. Tous les acteurs de la mode vont y apporter leur savoir-faire, le brin de créativité. Des chorégraphes aux coiffeurs et stylistes... tout le monde va y mettre du sien pour faire de “The muse” une télé réalité incontournable. L’heureuse élue aura donc tout le nécessaire pour être un bon Top Model, un mannequin de référence.

Les critères de participation?

Et bien, il n’y a vraiment rien de particulier en dehors des critères habituels qui régissent le monde des mannequins. Exceptionnellement, nous avons mis un accent particulier sur la forme et la taille pour laquelle nous sommes parties sur une base minimum de 1,75 m. pour le reste, ce sont les critères habituels.

“The Muse” est mixte ou destiné exclusivement aux femmes?

Nous n’irons pas vite en besogne. Comme le dit l’adage, qui voyage loin ménage sa monture. Plus tard certainement, nous envisagerons pour les hommes et les femmes. “The Muse”, pour l’instant, est à sa première édition, et nous faisons la part belle aux femmes (rire).

Pour quelles raisons optez-vous pour ce choix?

D’un œil de professionnelle, les femmes sont, en générale, les plus intéressées par le métier. Cela ne veut pour autant pas dire qu’il n’y a pas d’hommes dans ce métier, au contraire il y en a de plus en plus. Mais, étant donne que c’est une première expérience, nous avons décidé de le faire ainsi, avec les femmes, et pourquoi pas ouvrir la seconde édition aux hommes. Le bébé nait et grandit au fil du temps. Nous optons pour la prudence.

Existe-t-il une telle émission en Afrique?

Pas à ma connaissance. Ce concept est novateur. Pour ce que je sais, en général, c’est une personne qui essaie de coacher. Dans le cas de The Muse, les coaches sont plusieurs et également des anciens mannequins qui connaissent bien non seulement le métier, mais le milieu aussi.

Elle va durer combien de temps?

On est parti sur une base de 3 mois de diffusion.

Quand est ce qu’elle commencera réellement?

The Muse commencera début janvier. Actuellement, il est question pour nous d’enregistrer les inscriptions qui aboutiront, certainement, au casting. C’est deux aspects prennent du temps et constituent des étapes clés pour la réussite de The Muse. C’est pour y mettre vraiment du sérieux et de la rigueur que nous avons préféré début Janvier.

Êtes vous satisfaite des échos par rapport aux inscriptions ?

A ce niveau, On est bouclé… Et nous rendons gloire à Dieu et lui disons merci parce qu’on ne s’attendait vraiment pas à un tel engouement. Toutefois, il est primordial de donner a chacun sa chance et on veut donner l’opportunité à d’autres filles de s’inscrire. On ne ferme pas les inscriptions. Après quoi on procédera à une sélection.

Quelles sont les qualités requises pour faire un bon mannequin?

Le bonheur le plus fou est celui que l’on partage. Pour cela, il m’est loisible de dire que le bon mannequin est celle qui, d’abord, a la carrure, beaucoup de courage, qui est consciencieuse et fascinée par l’aventure parce que le mannequinat c’est une aventure. Il faut surtout aimer beaucoup bosser. Je tiens à préciser qu’on ne devient pas mannequin sur un coup de tête ou par hasard. C’est la trame de cette émission, et c’est qu’il faut surtout apprendre dans cette émission. Il faut qu’elles aient vraiment de l’abnégation, qu’elles aient envie d’apprendre quelque chose. C’est un parcours, c’est un métier. Quand tu sors vraiment de là, tu auras appris des choses, c’est une expérience. Ce n’est pas juste le mannequin qu’on connaît. C’est carrément une école qu’on veut faire. C’est pour donner toutes les astuces et petites aptitudes qu’on a essayé d’apprendre de ci, delà pour qu’aux sorties de cette émission qu’elles soient des personnes avec des aspirations, et c’est le plus important. Faudrait pas que ce soit la jeune fille qui vient du genre : ‘’j’ai envie d’être une star’’, ‘’star à tout prix’’. Un, deux défilés, je suis star ? Non ce n’est pas cela.

Un mot à l’endroit de tous ceux qui veulent faire le métier de mannequin

Soyez sûre, si vous voulez vraiment réussir, que vous ne renoncerez jamais. Peu importe à quel point la situation est difficile. Il faut mettre en avant la motivation personnelle. Il est vrai que le mannequin n’est pas bien vu…Et les stéréotypes vont bon train. J’ai même lu les commentaires de quelqu’un qui disait que c’est un réseau de ‘’prostitutions’’ (rire). Le métier est noble et va au delà de ces clichés. Et c’est à juste titre que nous avons demandé l’expertise des jurés qui, eux mêmes, étaient mannequins et aujourd’hui sont dans la vie professionnelle. Fat Touré est mannequin professionnel et directrice générale. Franck Boua, il était mannequin, il est consultant, Ben Salif, il est mannequin mais aujourd’hui, il a sa structure, il est acteur. Moi, j'étais mannequin, aujourd’hui j’ai ma structure…Bref, les exemples sont légions. Certes on est mannequin mais au delà de ça on fait autres choses. Autre chose, il faut que les autres arrivent à dissocier le métier de mannequin de notre personne. Le mannequin c’est un métier. C’est comme si on nous loue pour porter un habit, tu finis le boulot tu rentres. C’est une personne à part entière. Elle a ses activités, ses aspirations, mais notre vie ne se résume pas à cela. Il faut que les gens apprennent à nous connaître.

En temps que chef d’entreprise quels sont vos projets pour l’année 2018 ?

Réussir ‘’The Muse’’. On commence 2018 avec ‘’The Muse”, évidemment il faut donc en finir d’abord. On ne va pas léser Axiome, l’agence, qui, bon an mal an, a permis de donner naissance à ‘’The Muse’’. Le reste, c’est la réserve, on ne va pas tout dévoiler, c’est quand même sur l’échelle, on verra au fur et à mesure.

On termine. Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Merci aux filles pour la motivation. Il est évident aujourd’hui que les gens sont vraiment intéressés par le projet. je les encourage à inscrire. C’est une émission qui va apporter beaucoup à certaines même celles qui ne seront pas retenues. Dans cette émission, loin de perdre, tu peux avoir des contrats, ce n’est pas forcément la gagnante. Tout le monde est gagnant, dès l’instant où tu fais partir des 15 qui sont retenues pour rentrer dans la maison. Comprenons qu’au travers de “The Muse”, tu essaies de te construire une image, te faire un nom. Puisque c’est de la télé, tout le monde regarde la télé. C’est cet élément fédérateur qu’on veut que toutes les filles aient.

 

Florence Bayala