Dr Marie Diallo : son entreprise de cosmétiques naturelles et équitables

Docteur Marie Diallo : petite bonne femme, la cinquantaine passée, sénégalaise bardée de diplômes. Pharmacienne industrielle plus pleins d’autres diplômes. Elle a créé les « Laboratoires Marie Diallo » qui produisent des cosmétiques à base de plantes naturelles. Elle s’inscrit, sans ambigüité, dans une logique de commerce équitable et est fière d’être membre du COFTA. Bien plus, elle cherche à créer des revenus supplémentaires pour les groupements féminins.

Son laboratoire, situé à Thiès, est nickel chrome. Les jeunes qui y travaillent le font dans le strict respect des normes d’hygiène. Il est vrai que la cosmétique nécessite des règles d’hygiène aussi drastiques que dans la transformation alimentaire.

Docteur Marie Diallo n’aime pas qu’on emploie le mot de « cosmétique » à propos de ses produits. Elle préfère parler de « cosméceutique » parce que ses produits sont aussi des médicaments qui soignent les personnes qui ont des effets thérapeutiques dont des effets anti âge.

Mais Marie Diallo est avant tout une chercheuse. Notons quand même que les produits qu’elle délivre sont beaux, esthétiques, bien présentés.

La recherche de Marie Diallo se fait sur deux axes : faire en sorte que toutes ses matières premières viennent de l’Afrique sans produire elle-même les matières premières : elle ne peut faire tous les métiers ! l faut dire que Marie Diallo en connaît un rayon sur les matières premières puisque pendant des années elle a aidé les femmes du Burkina et du Sénégal à produire du beurre de karité de grande qualité. Et sur ce produit Marie Diallo est très gênée : elle importe des beurres de karité du Nord alors que la matière première vient du Sud ! le deuxième axe de la recherche de Marie Diallo porte sur son engagement personnel à faire en sorte que, par son activité industrielle les femmes africaines augmentent leurs revenus. Ainsi elle fait fabriquer des gants de « lofta », une sorte de gant de crin végétal connu depuis des siècles par les vieilles mamans. Pour chaque épi de lofta, Marie Diallo offre 100 FCFA aux femmes. Revenu non négligeable car les loftas sont livrés en sacs.

Marie Diallo a plus d’un tour dans son sac : si, par bonheur elle vous invite à manger chez elle (ce qui n’est pas difficile !) vous allez déguster des produits locaux surprenants mais tellement bons ! Je me souviens de tomates séchées et marinées qui auraient été dignes de figurer sur les tables des grands chefs européens. Elle fabrique son pain.  Et l’apéritif ne sera pas du pastis local mais des jus de légumes, dans des compositions dont elle a le secret : « carottes – oranges », concombre – citron » etc. Sa capacité d’invention n’a pas de limites. Elle aime le beau, elle aime le bon ! Chapeau bas Marie comme dirait Anne Catherine de la « Source Aux Lamentins ». Elle n’a pas tiré toutes ses cartouches !

Un bug cependant : Marie Diallo a des crises d’arthrose qui la font tant et tant souffrir. Professionnelle, elle a tout essayé de la médecine conventionnelle. Aujourd’hui, elle s’ouvre aux tradi praticiens sénégalais et connaît des frémissements de résultats. Alors, elle cherche, et cherche encore, un pied dans la science moderne et un pied dans le respect des savoir-faire traditionnels. Symbiose entre deux mondes. Equation gagnante.

Qui dit que les pays du Sud n’ont pas des ressources ?

 

Source : btaillefer.blogspot.com