Lucienne Ndamuso : première femme responsable d`un média au Nord-Kivu

Agée de 28 ans, Lucienne Ndamuso Mihigo est l’une de rares femmes à diriger un organe de presse en RDC. Née à Bukavu, elle a travaillé plusieurs années comme journaliste reporter pour des chaines de radio et de télévision, avant de lancer son propre journal dénommé La Gazelle.

En ce mois de la femme, la blogueuse Laetitia Kasongo s’est intéressée à Lucienne Ndamuso, la seule femme à avoir un média privé au Nord-Kivu. C’est en janvier dernier qu’elle a créé le journal La Gazelle un bimensuel d’actualité générale, et ce, après avoir enduré, comme d’autres journalistes, de mauvais traitements tels que de menaces de licenciement, salaires de misère, humiliation, etc, dans certaines maisons de presse. Lucienne Ndamuso est interrogée par la blogueuse Laetitia Kasongo.

D’où t’est venue l’idée de créer ton propre journal ?

L’idée m’est venue du fait que je désirais être indépendante. J’ai travaillé dans plusieurs chaines de radios et de télévisions locales. Je ne veux pas entrer dans des polémiques, mais grâce à la petite expérience que j’ai acquise, j’ai constaté que beaucoup d’employeurs exploitent les jeunes journalistes. Cela m’a poussée à créer mon propre journal. Je voulais être mon propre employeur ! Ce projet m’a pris beaucoup de temps et d’énergies. Entre la période de conception de l’idée et le lancement du journal, il s’est passé plusieurs années. Ce qui prouve que ça n’a pas été facile, car il m’a fallu trouver les moyens financiers suffisants.

Avoir ton propre journal, est-ce le plus grand de tes rêves ?

Certes, j’en suis très fière, mais sincèrement, cela ne représente même pas le dixième de mes rêves ! Je dois d’abord faire de ce journal une référence de la presse écrite dans le pays. Il y a également beaucoup d’autres projets que je compte réaliser tant dans la presse que dans d’autres domaines.

Ça te fait quoi d’être la seule femme propriétaire d’un journal dans le Nord-Kivu ?

Cela me procure à la fois un sentiment de satisfaction et d’insatisfaction. Satisfaction d’abord parce que mon cas est une preuve de la capacité des femmes à faire tout ce que font les hommes professionnellement parlant, insatisfaction parce qu’étant la seule parmi plusieurs dizaines d’hommes directeurs généraux d’organes de presse, cela fait croire que les femmes traînent le pas en quelques sortes. Bref, je suis insatisfaite parce qu’il y a encore un combat à mener.

Emploies-tu des femmes dans ton journal ?

Evidemment ! Mais leur effectif est toujours bas par rapport à mes collaborateurs hommes. Et c’est ici une occasion pour moi d’appeler les femmes à passer à l’action et à ne pas se sous-estimer. Le fait de rester inactif pour les femmes accentue les croyances sexistes dans nos régions. Croyances selon lesquelles certains métiers sont réservés aux hommes et d’autres aux femmes. Ce qui est totalement faux.

Quelles sont les difficultés auxquelles tu fais face dans la gestion du personnel de ton journal ?

De ce côté-là, il n’y a pas de problème. Notre personnel est constitué d’hommes et de femmes. Je les commande et ils obéissent. On travaille dans le respect mutuel.

 

Source: habarirdc.net