Vie de couple: une épouse a-t-elle le droit de refuser des relations sexuelles à son époux?

Vivre une relation durable et s’entendre toujours bien sexuellement, tous les couples en rêvent. Mais quand le sexe se fait rare dans un couple qui était sexuellement actif, lorsque l’un des partenaires refuse tout contact sexuel avec l’autre, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Dans ce présent article, nous nous sommes intéressés à la femme. Qu’est-ce qui peut pousser une femme à refuser d’avoir des rapports sexuels avec son mari? Cela est-il concevable? Nous avons rencontré un psychologue et un imam.

 

Imam Halidou Ilboudo

''Je n’ai pas envie’’, ''J’ai mal à la tête’’, ''Je suis fatiguée''. Tels sont, souvent, les arguments que les femmes servent à leurs maris pour éviter d’aller au lit avec eux. Est-ce la vérité ou juste des excuses pour ne pas accomplir le devoir conjugal? La question mérite d’être posée, surtout quand ces refus deviennent de plus en plus fréquents. En effet, les relations sexuelles occupent une place importante dans l’épanouissement d’un couple. Mais lorsqu’elles se font rares dans un couple qui était sexuellement actif, lorsque la femme se refuse à son mari, c’est qu’il y a un problème.

Perçu comme une sorte de rejet par certains hommes, «ce refus doit plutôt être vu comme un message que la femme veut faire passer à son mari» selon le psychologue et conseiller conjugal Jean Bosco Kaboré. Pour lui, la psychologie sexuelle de la femme est différente de celle de l’homme, car l’homme fait l’amour pour chercher l’amour alors que la femme cherche l’amour, l’assurance, la sécurité, l’affection avant de tenter une relation sexuelle.

Si une femme vit une situation, elle ne peut pas se donner à un homme, parce que de prime abord, elle ne cherche pas le sexe. «On ne peut pas dissocier son affectivité et son désir sexuel, par contre, cela est possible chez l’homme», a-t-il indiqué. Mais selon les religieux, la femme n’a pas le droit de désobéir à son mari.

Selon Halidou lboudo, imam au niveau du Cercle d’études, de recherches et de formation islamique (CERFI), le prophète Mohamed a dit: « Quand un homme appelle sa femme à sa couche et qu’elle le refuse, les anges la maudissent jusqu’au matin». De ce fait, dit-il, il est fortement déconseillé à une femme en islam de refuser d’avoir des rapports sexuels avec son mari si cela n’est pas dû à une cause objective comme l’empêchement légale dû à la survenue des menstrues avant la purification. Aussi, à cause d’une indisposition due à une maladie et à une fatigue extrême.

Le psychologue et conseiller conjugal Jean Bosco Kaboré

Mais pour Jean Bosco Kaboré, la loi religieuse ne doit pas violenter la liberté intérieure de la femme, mais doit plutôt tenir compte de son état psychologique.

«Quand une femme est blessée sur le plan affectif, quand elle vit une situation douloureuse, quand elle ne se sent pas comprise, valorisée, acceptée, aimée, quand le mari est infidèle, elle n’a pas de désir. Pas qu’elle n’a pas de plaisir, mais elle ne désire pas son homme», a-t-il noté, soulignant que beaucoup de femmes ne confient pas ce qu’elles ressentent à leurs maris, mais c’est au moment de l’intimité qu’elles transmettent leur message par leur réticence. Un point de vue partagé par l’imam Ilboudo qui a soutenu qu’en parlant de refus, le Prophète donnait juste des conseils et des recommandations à des femmes.

«Ce n’est pas un texte qui est à force de loi, c’est un texte de recommandation pour l’harmonie du couple», a-t-il dit, en insistant sur le fait que dans un autre texte, le prophète a dit: «N’allez pas à vos femmes comme les coqs vont aux poules». Une manière de dire aux hommes de préparer leurs épouses, de provoquer en elles le désir avant toute relation sexuelle. Ainsi, dans le cas où la femme est frustrée, traumatisée ou vit une situation douloureuse, l’imam Ilboudo convient qu’elle est dans son droit de refuser les rapports sexuels avec son mari.

Somme toute, si une femme est dans cette situation, Jean Bosco Kaboré préconise de communiquer avec son partenaire car, souligne-t-il, les problèmes de couple doivent être vus comme des vagues d’eau. «On ne retient pas une vague d’eau, car au moment où un problème est en train de disparaître, un autre surgit. C’est une école et chaque vague d’eau est un enseignement», a-t-il conclu.

 

Source: esechosdufaso.net