Séropositif, il raconte son quotidien : « il a suffi d`une seule fois »

Le VIH lui est tombé dessus en 2008. Yannick a cru mourir. Aujourd’hui, le Mosellan vit « normalement ». A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, il rappelle que « tout rapport sexuel doit être protégé ».

Une mécanique sombre s’est mise à l’œuvre autour de Yannick, on va l’appeler ainsi, durant les premiers jours de l’été 2008. Une prise de sang lui révèle sa séropositivité. Il se voit mourir. Parce que « lorsqu’on ne parle pas de sexualité à la maison, on ne connaît pas forcément les risques et les conséquences. En m’annonçant la maladie et en prononçant le mot sida, c’est la première chose qui m’a traversé l’esprit : est-ce que je vais vivre encore longtemps ? J’ai hurlé à la mort en sortant du rendez-vous médical. Je me suis littéralement effondré… » Après des mois à se laisser aller, coupé du monde, le quadragénaire, installé à Metz, découvre qu’il y a une vie malgré la maladie. « Mais le prix à payer est important. On n’en sort pas indemne. » Il ne fait pas de hiérarchie dans les difficultés à affronter. Le regard des gens, la lourdeur des traitements, les conséquences sociales et professionnelles… « Ma famille l’ignore. A quoi bon ? Certains ne comprendraient pas. Il n’y a que des amis très proches qui savent. Et ils sont peu nombreux. Je craignais beaucoup ce qu’ils allaient dire. C’était vraiment un gros problème pour moi. En réalité, ils se sont montrés compréhensifs. En 2016, on est ouvert à la problématique. »

« Le risque de faire moins attention »

Son corps a fini par accepter les cachets avalés au quotidien. Il réagit bien à la thérapie. « Les effets désagréables les vertiges, les cauchemars, les vomissements se sont évaporés. Les médicaments me maintiennent en vie. » Une vie qu’il ressent comme « normale. A tel point qu’il m’est arrivé, à la fin de belles journées, d’oublier que je suis séropositif et d’en oublier la prise de médicaments. Heureusement, ce n’est arrivé qu’une fois ou deux. Il faut être hyper rigoureux et sérieux dans le traitement. Mais c’est vrai que je vis bien. » C’est « le paradoxe de la situation face au sida, cette maladie mortelle. Aujourd’hui, on est bien soigné. Et le risque est là : qu’on fasse moins attention et qu’on ne se protège pas. C’est mon cas : il a suffi d’une fois avec un partenaire. » Yannick n’a pas encore fait le premier pas vers une association de prévention des maladies sexuellement transmissibles mais il se sent investi d’un devoir de partage ou d’alerte. « C’est important que les parents en parlent aux enfants. Tout rapport sexuel doit être protégé, point barre. On croit toujours que cela arrive aux autres. C’est faux. Tout le monde peut être touché. Absolument tout le monde. »

 

Source: estrepublicain.fr