Ce qu`elles ont appris d'un coup d`un soir

Aussi fugaces soient-elles, ces aventures éphémères ont leur place dans la vie sexuelle de beaucoup d'entre nous. Cinq femmes nous confient comment ces relations leur ont permis d'aller à la rencontre d'elles-mêmes. Témoignages.

Anaïs, 28 ans: "Ma vision de mon corps a complètement changé"

"J'ai toujours complexé à cause de mon 85B. Aucun des hommes que je rencontrais n'avait l'air particulièrement excité en voyant mes petits seins ni même en les caressant. Je considérais ma poitrine comme une partie 'non érotique' de mon anatomie, qui ne fait ni chaud ni froid tellement elle est petite. Je la renflouais avec des soutiens-gorge rembourrés, et, au lit, j'espérais séduire avec autre chose. Je préférais les rapports dans le noir. Au fond, je manquais de confiance en moi et il m'était difficile de m'ouvrir à quelqu'un.  Et puis j'ai rencontré Guillaume à une soirée chez une amie. Rapidement complices, nous avons partagé quelques verres et sommes rentrés chez lui. Comme d'habitude, une petite voix me murmurait que je n'étais pas assez bien. Guillaume l'a rapidement fait taire. Pendant les préliminaires, il m'a complimentée sur ma poitrine, n'hésitant pas à embrasser mes seins. De quoi aviver encore plus mon complexe. Pourtant, mon corps dans sa totalité semblait lui procurer du plaisir. Plus je le sentais excité, plus je me lâchais. J'étais sa muse d'un soir.   Après cette nuit, ma vision de mon corps a complètement changé. J'ai compris que mes seins pouvaient plaire et qu'en me sentant bien dans ma peau, j'attirais d'autant plus. Parce que le sexe est avant tout une question d'attitude. En une nuit, Guillaume m'a réveillée d'années entières de complexe."

Céline, 32 ans: "Les coups d'un soir ne sont pas uniquement des entrevues privées de sentiments"

"Après une histoire de huit ans, je me suis retrouvée célibataire, à 29 ans. J'ai accusé le coup pendant de longs mois. Quand j'ai commencé à retrouver le moral, j'ai ressenti le besoin de m'amuser, de faire des rencontres, mais sans attache. J'avais simplement envie d'en profiter. J'ai donc opté pour Tinder. Au bout de quelques rendez-vous, je suis tombée sur Erwan. Comme le rendez-vous s'est bien passé, nous sommes rentrés ensemble.   Il m'a embrassée sur mon palier. Jusque-là les baisers romantiques étaient toujours absents de mes aventures. Après que nous avons fait l'amour, il est resté dormir chez moi et m'a confié ses tracas avec son ex. J'ai trouvé ça étonnant. Il y avait cette nuit-là une dimension véritablement amoureuse entre nous. Pour autant, je n'attendais rien de lui, je ne désirais pas plus et le contrat était clair entre nous. On ne s'est pas rappelés.   Après lui, j'ai rencontré d'autres garçons avec qui le ton a été identique. Ils étaient très attentifs au lit, me demandaient ce que j'aimais, cherchaient leurs gestes, m'offraient de la douceur. Je prenais souvent du plaisir. Et après le sexe, j'ai souvent refait le monde avec ces hommes. Ce qui était un simple jeu se transformait en instants délicats. J'avais l'impression de les connaître depuis toujours alors que l'on ne comptait pas se revoir.   Contrairement à ce que l'on croit -du moins ce que je croyais- les coups d'un soir ne sont pas uniquement des entrevues bestiales, rapides et privées de sentiments. Ce sont plutôt une série de parenthèses qui laissent un vrai souvenir... La dernière ne s'est jamais fermée. Je suis avec Romain depuis un an maintenant."

Hélène, 33 ans: "En ne décidant de rien, j'ai pris beaucoup de plaisir"

"J'ai un caractère de meneuse. Je gère, j'impose, je décide. Et jusqu'à récemment, j'étais persuadée d'être la même au lit. J'ai vécu deux longues histoires et sexuellement, j'ai souvent pris les devants. Je n'étais pas dominatrice, ce n'est pas vraiment le mot, mais j'étais pleinement actrice de mon plaisir. Je ne craignais pas de choisir une pratique, de décider de la prochaine position, de donner un ordre, de réclamer une caresse. Célibataire, je suis restée exactement la même.

Les hommes que je croisais aimaient tomber sur une fille qui n'a pas peur de dire ce qu'elle aime et ose indiquer le chemin qui la mène au plaisir. Jusqu'au jour où j'ai rencontré Anthony dans un cours d'escalade. On s'entendait bien, je sentais qu'il avait un caractère fort comme le mien. Un soir après un cours, il m'a proposé de rentrer se doucher ensemble. Nous sommes allés chez lui et avons commencé à faire l'amour dans sa baignoire.   Dès le début, il a pris des initiatives. Je me suis laissée faire. Il m'a portée jusqu'à sa chambre. J'ai découvert ce soir-là que c'était très agréable de s'offrir à quelqu'un sans savoir de quoi serait faite la prochaine caresse. En ne décidant de rien, j'ai pris beaucoup de plaisir. Constamment surprise, je devais répondre à ses besoins. Cela m'excitait énormément. Et j'ai compris que le soumis est tout aussi dominateur. C'est lui qui, selon ses réactions, ses limites, oriente son partenaire.   Aujourd'hui j'assume aimer les deux rôles, prendre les devants mais aussi m'abandonner. Le sexe sous contrainte me plaît, peut-être parce que cela me fait du bien de ne plus tout contrôler... pour une fois."

Frédérique, 31 ans: "J'ai besoin d'attache pour m'abandonner"

"A 23 ans, je débarque à Paris, je m'inscris à la fac et je rencontre Elie. Il me fait découvrir la capitale, nous écrivons des chansons qu'il joue à la guitare, nous enchaînons les expos... Un flirt d'un mois à peine qui se termine dans le parc qui surplombe la gare Montparnasse. Nous nous séparons sans avoir couché ensemble. Je pense à lui de longs mois après ça. J'idéalise cette histoire non aboutie, persuadée que notre complicité aurait pu faire de nous un joli couple.   Trois ans plus tard, Elie me contacte sur les réseaux sociaux. Cela me flatte. Nous prenons un verre et je comprends rapidement que nous allons rentrer ensemble. J'ose imaginer que nous allons pouvoir reprendre là où nous nous étions arrêtés et vivre une vraie histoire. Rapidement, je sens qu'Elie est surtout là pour combler sa curiosité, pour s'amuser un soir. Peu importe, j'ai envie de lui, de ce corps dont j'ai longtemps rêvé. On se cache derrière le célèbre 'dernier verre' pour aller chez moi.   Un baiser, deux baisers... nos vêtements sont au sol. Elie est sur moi, il me semble qu'il prend du plaisir. De mon côté, je suis complètement absente. Je m'ennuie. Un étranger me fait l'amour. A ce moment-là, je comprends que j'ai besoin d'attache pour m'abandonner dans les bras de quelqu'un et donner en retour. J'attends du sexe qu'il fasse partie d'une conversation amoureuse, d'un tout. Nous ne nous sommes jamais rappelés. L'histoire s'est bouclée une bonne fois pour toute. Depuis, je n'ai pas vécu de nouveaux coups d'un soir. Il a été l'unique. J'en ai tiré la conclusion que le sexe pour le sexe ne me procure aucun plaisir."

Coralie, 35 ans: "J'ai compris que j'étais trop exigeante"

"Les hommes très minces, ce n'est pas du tout mon genre. Je préfère les baraqués, type rugbyman. J'aime les hommes qui font une tête de plus que moi et contre lesquels mon corps se perd. Mes amies disent que tous mes partenaires se ressemblent et c'est vrai. Si je tombe sur un physique différent, je n'ai pas envie de sexe. Il manque ce petit 'je ne sais quoi' qui va m'exciter. Je suis très attachée à l'apparence. Enfin, c'est ce que je croyais.   Laurent a bousculé ma manière de voir les choses. Je l'ai connu au travail. Sa silhouette svelte fait que je ne l'ai pas regardé tout de suite. Je n'imaginais rien avec lui. On se taquinait beaucoup, on riait... mais c'était tout. Le soir de son pot de départ, nous étions dans un bar. L'ambiance festive a fait que je l'ai découvert autrement. Il dégageait une certaine fougue, beaucoup d'animalité, malgré son corps très mince. J'ai été surprise de ressentir une excitation dans mon bas ventre.   On a flirté durant la soirée et je lui ai proposé de venir chez moi. Je m'étonnais moi-même. Mais j'avais envie de lui et j'étais curieuse, quelque part, d'aller au-delà de mon a priori. Notre rapport sexuel a été pour moi une véritable surprise. J'ai ressenti un plaisir fou contre le corps de Laurent qui m'enveloppait et saisissais mes hanches, mes seins, avec intensité. C'était une étreinte plutôt bestiale, mais aussi très tendre. Je me sentais protégée contre lui. Alors qu'il n'avait pas d'épaules!

Finalement, comparé à ce que j'avais ressenti contre des corps plus larges, le plaisir était bien plus puissant. Laurent me touchait comme s'il me connaissait depuis toujours. J'étais excitée par son regard perçant, ses caresses habiles, sa maîtrise. Il savait où il allait et je fondais près de lui. Nous ne nous sommes pas revus, mais depuis j'ai compris que j'étais trop exigeante et qu'il fallait arrêter de mettre les hommes dans des cases. J'ai décidé de me laisser surprendre. Je n'ai pas envie de passer à côté de quelqu'un sous prétexte qu'il est trop comme ci, ou trop comme ça."

 

Source: lexpress.fr