C`est mon histoire : A 18 ans, j`ai subi 3 avortements

Marina, 18 ans, jeune bachelière ne laisse rien paraître de son passé dans une société conservatrice. Pourtant à son jeune âge, elle cache un lourd secret qu’elle nous partage.

« Ceux avec qui je traînais d’habitude se sont mis à agir différemment avec moi. »

Jusqu’en classe de seconde, je n’avais aucun succès avec les garçons. Aucun. J’étais presque l’un des leurs. Il faut dire que je n’avais pas de formes et ne correspondait pas aux standards de beauté ivoiriens. Après les grandes vacances scolaires, j’étais une autre. J’ai vraiment pris conscience du changement dans le regard de mes amis de toujours. Ceux avec qui je traînais d’habitude se sont mis à agir différemment avec moi. C’est très primaire les garçons à cet âge. Puis sont venus les premiers flirts. J’étais enfin vue comme toutes mes copines.

« Je ne peux pas dire qu’il m’a forcé. J’étais là. Je ne le voulais pas vraiment, mais je n’ai rien dit. »

Mon premier vrai petit-ami s’appelait Éric. Il était gentil et c’était suffisant. Eric était le frère de ma meilleure amie. Notre relation était platonique ponctuée de bisous entre des regards d’amoureux transis jusqu’au soir de son bal de fin d’année. Ma mère avait accepté après que je l’ai supplié pendant un mois. Il n’y a jamais eu de sortie. Éric avait prévu qu’on se retrouve dans une petite chambre d’un motel de quartier. Je ne peux pas dire qu’il m’a forcé. J’étais là. Je ne le voulais pas vraiment, mais je n’ai rien dit.

« Après une heure d’attente et sans anesthésie c’était plié. »

Je l’ai évité après cette nuit mais hélas, ils avaient raison : une fois suffit. Après les deux premières semaines de retard, j’ai fait un test. Positif. Claque ! Qu’est-ce que je fais ? J’allais en classe de terminale. Je ne pouvais pas me permettre d’avoir un bébé maintenant. Ma maman ? Il était hors de question qu’elle l’apprenne. Je la voyais et j’entendais ses commentaires quand on croisait le chemin de ces jeunes filles mères. Je n’ai trouvé la force de le dire à Eric qu’une semaine plus tard. Le jour même, il m’envoyait dans une « clinique ». Après une heure d’attente et sans anesthésie c’était plié.

« Quand on est jeune et stupide, on pense que les mêmes causes produiront des résultats différents. »

Quand je suis sortie de cet endroit, je me suis jurée de ne plus jamais y retourner. Je le pensais. Arrivée à la maison, je me sentais honteuse. Je suis restée à genoux pendant des heures, pleurant, et me promettant que plus jamais je ne le ferai. Après cette première fois, je ne voulais plus revoir Éric. Mais il m’a tellement demandé pardon que nous avons repris notre histoire. Ce qui aurait dû être un coup d’une fois est devenu une habitude. Quand on est jeune et stupide, on pense que les mêmes causes produiront des résultats différents.

Je suis retournée deux fois de plus à la « clinique ». Un endroit sordide situé dans une arrière-cour à l’abri des regards indiscrets. Un endroit à l’atmosphère particulière parce qu’on sent qu’il est un peu trop calme pour le monde qui y passe. La deuxième fois, le médecin m’a expliqué que ce n’était pas un moyen de contraception et m’a orienté vers des structures qui pouvaient m’aider si je n’avais pas d’écoute chez moi. J’ai pensé que j’aurais dû donner un faux nom. La troisième fois, j’ai donné un faux nom mais il m’a reconnu alors il a refusé. Même lui avait des principes.

« J’aimerais blâmer Éric mais ce n’est pas le seul fautif. »

Totalement paniquée, je me suis alors tournée vers des mixtures traditionnelles. J’ai bien failli y laisser la vie. J’absorbai tout et n’importe quoi pourvu que la grossesse passe. Cette fois-là, ma mère a remarqué quelque chose. Elle me questionnait sans arrêt et le jour où elle m’a retrouvé en sang dans la douche, elle a compris. Je n’avais jamais été dans cet état. Elle était dévastée. Comment avais-je pu ainsi mettre ma vie en danger ? Elle n’a jamais imaginé que ce n’était pas la première fois. Je lui ai promis de ne plus recommencer. J’aimerais blâmer Éric mais ce n’est pas le seul fautif. Il faut être deux. J’ai coupé les ponts avec lui. Il ne m’a pas vraiment cherché. J’ai eu mon bac de justesse. Je continue de vivre même si je suis inquiète quand je pense aux conséquences que peuvent avoir mes actes pour ma vie future.

 

 

Source : autre presse

Photo d’illustration