``C`était lui ou moi``... Une victime de violences conjugales témoigne

Les faits se sont déroulés il y a 14 ans, et c’est seulement aujourd’hui que Julie Dénès, 37 ans, parvient à en parler. Dans son livre autobiographique, Une poule sur une mur, elle nous raconte comment elle a vécu sous l’emprise totale d'un homme, sous ses coups, ses violences sexuelles et comment elle a réussi à s’en échapper.

Julie Dénès fait partie de ces femmes fortes qui ont vécu un épisode traumatisant dans leur vie et qui ont su se relever. Lorsqu’elle était étudiante, elle fait la rencontre d’un homme - qui avait tout du prince charmant - et qui s’est révélé être la personne la plus toxique qu’elle n’ait jamais rencontrée.
Cet homme qu’elle n’arrivait pas à quitter a eu une emprise totale sur elle et lui a fait vivre des souffrances physiques et psychologiques. Jusqu’à ce qu’elle “planifie sa fuite”. Cet épisode, elle le raconte dans son livre Une poule sur un mur. Et nous, on ne peut s’empêcher en écoutant son histoire de penser “Qu’est ce que j’aurais fait à sa place ?”.

Tout commence en 2002. A l’époque Julie a 22 ans et débarque de sa Bretagne natale à Bordeaux pour faire sa maîtrise de droit. Un jour, il la voit, traverse, l’aborde, elle est sous le charme, il lui sort le grand jeu. Ensuite, c’est l’attente qui s'installe, il ne donne jamais beaucoup de nouvelles. L'attente va s'imposer à Julie et finit par la conditionner.

Leur première relation sexuelle marque le début de la fin. Une relation forcée, qui lui tire les larmes et qui se conclut par un “mais tu sais quand une femme pleure, ça veut dire qu’elle a beaucoup aimé”.
Pour chaque réaction, chaque situation, cet homme lui fait comprendre qu’elle a tort. Il arrive toujours à tout retourner à son avantage et obtenir ce qu’il veut d’elle. Et surtout, il lui impose une vision du couple à sens unique.Des crises de jalousie pour des motifs infondés. Cette fois où Il lui impose un autre partenaire sexuel. Le jour où elle tombe enceinte de lui. Son absence lors de l’IVG. Lorsqu'elle déménage, il réussit à obtenir un double des clés : “j’étais déjà séquestrée. Là je l’étais psychologiquement et physiquement”.

Le coup de grâce arrive le soir du nouvel an. La soirée parfaite qu'il lui avait promise se retrouve être le déclencheur qui va amorcer la rupture. Il la rejoint à 23h45, elle l’a attendu, seule, toute la soirée. Tout est fichu. Il finit par débarquer, se dédouane comme d’habitude. Elle ose les reproches. Puis s’ensuit une séquence de violences physiques, des insultes, un viol. "C'est le déclic" nous dit Julie, “c’est à ce moment là que je commence à chanter dans ma tête, parce que c’est soit le moment où je sombre complètement dans la folie, soit je maintiens ce qu’il me reste d’humanité et de discernement”. Un “mécanisme de survie”.
C'est à la date de cette soirée cauchemardesque que Julie commence à réfléchir à un plan de fuite, mais .cela lui prendra 8 mois pour le quitter définitivement parce qu'il la menace de montrer une sexe tape à ses parents.

“Lui ou moi. comment organiser ma fuite ?”

La seule solution que trouve Julie, c'est de le confronter aux membres de sa famille : “il fallait qu’il voit mes parents que je n’étais pas une chose, que j’avais une vraie vie à côté”. Après lui avoir demandé mainte fois son double des clés, elle finit par lui écrire : “mon père vient me chercher, mets les clés dans la boîte aux lettres, c’est fini”. Quelques jours plus tard, les clés étaient dans la boîte aux lettres.

Julie décide de mettre toute cette histoire dans un coin de sa tête. Elle continue sa vie sans jamais rien dire à personne, jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à l’écriture du livre : “parfois il faut dépasser sa propre histoire pour délivrer un message”. ‘l’empreinte reste, il m’a marquée au fer rouge”.

Porter plainte

Avant de rencontrer cet homme, Julie a subi un viol en 1999, durant une soirée qu’elle organisait chez elle. La police retrouve une personne présente le soir du viol. Puis Julie va porter plainte mais cela se passe “très mal”. Obligée de raconter trois fois à trois personnes différentes ce crime, et s'entendre dire par le dernier policier que c'est elle la coupable. Bref : “Le système n’est pas adapté” nous dit-elle.
Mais pour l’homme qui l’a manipulée lorsqu'elle avait 22 ans, aucune preuve, aucun témoignage puisque personne ne savait et qu’il n’y avait pas de preuves physiques.

“14 ans après, je suis assez forte”

Le délai de prescription Julie insiste sur le délais de prescription trop court en France. C’est seulement aujourd’hui, 14 ans après, qu’elle serait prête à porter plainte.
En France, actuellement, le délai de prescription pour les viols commis sur mineurs est de 20 ans, il pourrait être rallongé de 10 ans.


Pour les victimes majeures, la loi a récemment changé. Depuis février 2017, le délai de prescription a doublé, passant de dix à vingt ans à partir de la date des faits. 

A l'occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, on espère que des propositions de loi concrète vont être exprimées, et notamment en ce qui concerne “l'allongement du délai de prescription des viols sur mineur.e.s et la création d'une présomption de non-consentement pour les mineur.e.s.” comme le rappelle le collectif Les Glorieuses.

 

Photo d'illustration

Source: aufeminin.com